Est-ce bientôt la fin de Huawei en Belgique?

Le Centre pour la Cybersécurité belge a commandé des études dans la perspective de peut-être bannir Huawei de notre territoire. Après les États-Unis, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, c’est en Europe que le géant chinois des smartphones commence à être sous le feu des critiques.

Tu possèdes sans doute un smartphone de cette marque, Huawei fait un carton en Belgique. Au deuxième trimestre de cette année, le géant chinois est d’ailleurs passé deuxième plus gros vendeur de téléphones, juste derrière Samsung, ravissant ainsi la deuxième place du podium à Apple. Grâce à ses smartphones de qualité à prix mini. Sur le plan du réseau mobile aussi, Huawei fournit depuis dix ans les stations de base des réseaux de Proximus et Orange Belgium et est considéré, en Belgique et dans une bonne partie de l’Europe, comme le principal acteur pour le déploiement de la 5G.

Mais peut-être plus pour longtemps. Le Centre pour la Cybersécurité Belgique (CCB) envisage de bannir Huawei et donc de lui interdire toute activité future dans notre pays. L’élément qui a mis le feu aux poudres est l’arrestation le 1er décembre dernier au Canada de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou. Cette dernière a été arrêtée à la demande des États-Unis, qui la soupçonnent d’avoir violé les sanctions commerciales contre l’Iran.

Des « études objectives » sur les risques de Huawei

« Nous avons récemment demandé, via des canaux nationaux et internationaux, des études objectives qui démontrent que l’utilisation de la technologie de Huawei comporte des risques », explique Miguel De Bruycker, patron du CCB, à L’Écho. « Nous avons pris des contacts au niveau académique, civil et officiel ». Cette analyse des risques aura pour but « d’émettre pour notre pays un avis étayé à propos de Huawei », ajoute-t-il. Et une fois que le CCB disposera des conclusions, il pourra alors se prononcer pour ou contre Huawei et émettre des recommandations.

En-dehors de l’Europe, de plus en plus de pays nourrissent de vives critiques à l’égard de Huawei. Les États-Unis ont été les premiers à bannir Huawei, il y a sept ans sous la présidence de Barack Obama, accusant la marque d’espionnage et de menace pour leur sécurité nationale. Les soupçons américains visent notamment le fondateur du groupe, Ren Zhengfei, qui était par le passé officier à l’Armée populaire de libération de la Chine, où il bossait dans une unité de technologie militaire. L’affaire va loin puisque le FBI, la NSA et la CIA ont défendu les citoyens américains d’utiliser tout produit ou service venant de Huawei, lors d’une audition au Sénat en février dernier. Les agences de renseignement américaines soupçonnent les appareils de la marque d’être équipés de « technologies d’espionnage » pilotées par le gouvernement chinois. Sans toutefois avancer aucune preuve concrète de leurs allégations.

La 5G, porte ouverte à l’espionnage

Face à ces risques, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande leur ont emboîté le pas et ont pris leurs distances également avec le fournisseur de télécom chinois. Et maintenant, c’est donc la Belgique qui émet de sérieux doutes quant à la sécurité de Huawei.

Il vaut mieux en tout cas se poser la question maintenant, puisque le déploiement de la 5G risque d’être une porte ouverte pour l’espionnage dans la mesure où cette infrastructure permettra de relier des milliards d’objets connectés, caméras intelligentes, voitures… En plus des craintes de « pollution électromagnétique » (liées à une norme d’émission plus élevée), la protection des données privées pose donc de grosses questions.

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