Dans 8 ans, la Station spatiale internationale s’écrasera sur Terre telle une météorite de 400 tonnes

La Station spatiale internationale (ISS) sera mise hors service en 2031 pour des raisons de sécurité : il faudra alors l’aider à quitter son orbite et surtout à descendre prudemment sur Terre pour plonger dans l’océan, une opération délicate et éventuellement coûteuse.

L’essentiel : Après 33 ans de bons et loyaux services (un peu comme Jésus-Christ), l’ISS fera ses adieux à l’espace en 2031, année de son dernier voyage.

  • L’ISS est en orbite autour de la Terre depuis 1998 et a accueilli pas moins de 250 astronautes provenant de 20 pays.
  • Elle a donc été une bénédiction pour la coopération mondiale, spécialement entre les États-Unis et la Russie, qui ont formé une alliance peu de temps après la chute de l’Union soviétique (une époque qui semble désormais bien lointaine). « C’est vraiment l’une des grandes victoires internationales », commente Thomas Zurbuchen, ancien directeur scientifique de la NASA.
  • Pourquoi donc lui dire au revoir après de si beaux souvenirs ? Une question de sécurité avant tout.
    • La durée de vie de l’ISS a été étendue à plusieurs reprises, mais aller au-delà de 2030 serait jouer avec le feu. Une grande partie de son matériel date de plusieurs dizaines d’années, ce qui pourrait rendre la station en orbite dangereuse, voire incontrôlable.
    • Un funeste destin qu’a failli suivre la station spatiale Salyut 7 de l’Union soviétique en 1985, lorsque deux cosmonautes ont dû la remettre à flot en urgence alors qu’elle basculait dans le vide. « Nous ne voulons vraiment pas revivre cela », déclare Cathy Lewis, historienne de l’espace au Musée national de l’air et de l’espace des États-Unis.
    • Et ça ne s’est pas arrêté là pour Salyut 7 : En 1991, la station spatiale soviétique a subi une rentrée incontrôlée et a violemment percuté une région montagneuse en Argentine. Initialement prévue pour rester en orbite jusqu’en 1994, la station spatiale a été soumise à une traînée atmosphérique accrue en raison d’une activité solaire intense, ce qui a accéléré sa désintégration orbitale.
    • D’autres mauvaises expériences hantent les scientifiques : la station spatiale Skylab a subi une panne d’électricité et s’est retrouvée dans une chute incontrôlée dans l’atmosphère terrestre le 11 juillet 1979. Il était prévu qu’elle se fragmente au-dessus de la pointe méridionale de l’Afrique et qu’elle plonge dans les eaux de l’océan Indien. Sauf que des fragments se sont également dispersés dans le sud-ouest de l’Australie, couvrant une vaste zone d’environ 1 000 km de long et 200 km de large. Des régions heureusement peu habitées.

Un terrain de foot de 400 tonnes

Le détail : Une mission délicate à mettre en œuvre, et encore incertaine.

  • Faire rentrer dans l’atmosphère une structure de 400 tonnes et d’une centaine de mètres de long, ce n’est pas sans risque, on l’a compris. Si elle venait à s’écraser sur la terre ferme, ce serait une catastrophe pour toute vie aux alentours.
  • Pour éviter un remake de l’extinction des dinosaures (ou presque, puisqu’il s’agissait plutôt à l’époque d’une météorite de 10 km de diamètre), un plan précis a été imaginé :
    • Tout commencera dans 3 ans, en 2026, lorsqu’on laissera l’orbite de l’ISS décroître naturellement sous l’effet de la traînée atmosphérique, pour passer de 400 km au-dessus de nos têtes à environ 320 km.
    • Un dernier équipage sera alors envoyé à bord de la station pour retirer tous les équipements et produits superflus, réduisant au maximum son poids.
    • Ensuite, la station descendra encore jusqu’à 280 km, le point le plus bas qu’elle peut atteindre « toute seule ». Des vaisseaux spatiaux russes Progress viendront lui donner un coup de pouce pour la pousser dans l’atmosphère de la Terre.
      • Dans l’éventualité où ses vaisseaux échouent, la Nasa tente de mettre sur pied un plan d’urgence : développer un « remorqueur spatial » qui coûterait un peu moins d’un milliard de dollars. Elle a sollicité des fonds auprès du Congrès américain en mars dernier pour fabriquer cet engin faramineux (plutôt que de créer un gros trou dans son propre portefeuille).
    • C’est là que les choses se compliquent. La station atteindra alors une altitude de 120 km, où elle percutera l’atmosphère à quelque 29 000 km/h, entamant ainsi la plus grande rentrée en atmosphère d’un élément construit par l’humain.
    • À environ 80 km au-dessus de la surface de la Terre, les modules de l’ISS commenceront à être arrachés avant de prendre feu et de se désintégrer. Lorsque les débris traverseront le ciel, on devrait pouvoir entendre plusieurs bangs soniques.
    • Ce qui reste de l’ISS tombera alors dans l’Océan Pacifique, une étendue située entre la Nouvelle-Zélande et l’Amérique du Sud, qui sert de cimetière d’appareils spatiaux.
      • Néanmoins, les débris de l’ISS suivront une trajectoire immense et sans précédent, s’étalant sur des kilomètres de largeur et pouvant s’étendre sur une distance allant jusqu’à 6 000 km.
      • Par conséquent, des restrictions d’accès devront être mises en place dans cette zone de l’océan Pacifique pour éviter tout risque pour la vie humaine.
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