Une entreprise australienne ressuscite le mammouth, directement du labo à l’assiette

Manger du mammouth, nos ancêtres l’ont fait ; Un peu trop sans doute, car la chasse a probablement eu un rôle à jouer dans l’extinction de cet animal des âges farouches. Mais là où certains nous promettent qu’ils ramèneront le mammouth à la vie, d’autres nous proposent de d’abord goûter sa viande, cultivée en laboratoire.

On nous promet le clonage du mammouth depuis la découverte et l’excavation – très médiatique – de Jarkov, un animal congelé retrouvé en Sibérie. C’était en 1999, et on attend toujours que la génétique fasse sa part du boulot pour ressusciter le pachyderme, malgré des initiatives récentes qui nous le promettent dans les années à venir. Mais à défaut de voir ces animaux de 4 à 6 tonnes baguenauder à nouveau dans la steppe, on pourra bientôt en avoir dans notre assiette.

Pachyderme en éprouvette

  • La société australienne Vow Food, qui se consacre aux protéines générées en laboratoire, s’est lancée dans la « culture » d’une boulette de viande de mammouth, rapporte The Guardian.
  • Cette viande a été élaborée à partir de la séquence d’ADN de la myoglobine du mammouth, une protéine musculaire qui donne son goût à la viande – avec l’aide de l’Institut australien de bio-ingénierie de l’université du Queensland. Les quelques lacunes dans le génome ont été comblées en utilisant de l’ADN d’éléphant.
  • Cette boulette de mammouth ne sera pas commercialisée de si tôt ; à l’heure où sont écrites ces lignes, Singapour est le seul pays à autoriser la commercialisation de viande de synthèse, avec le poulet de laboratoire de Good Meat. C’est également dans ce pays que Vow Food compte commercialiser son premier produit, de la caille japonaise. Mais le processus d’approbation est en cours aux États-Unis pour certaines entreprises du secteur, ce qui devrait créer un précédent.

Le contexte : un produit hautement symbolique. Si Vow Food a choisi de recréer le goût du mammouth, c’est parce que cet animal est un symbole de la fragilité de la faune à notre appétit insatiable pour le carné, mais aussi des risques du changement climatique pour la biodiversité.

  • « Nous avons choisi le mammouth laineux parce qu’il est un symbole de la perte de diversité et du changement climatique » explicite Tim Noakesmith, l’un des cofondateurs de Vow Food. « On pense que cette créature a été poussée à l’extinction par la chasse de l’homme et le réchauffement de la planète après la dernière période glaciaire. »
  • On peut aussi appeler ça du marketing. D’ailleurs Vow Food étudie le potentiel de nombreuses protéines animales pour une croissance en laboratoire, du crocodile à l’alpaga en passant par le kangourou. Car c’est là un autre argument des viandes synthétiques : elles peuvent nous faire découvrir le goût de nombreux animaux qu’on n’aurait pas forcément l’occasion de consommer autrement. Dans le cas du mammouth, de toute façon, on n’est pas près de pouvoir comparer avec un vrai steak élevé en plein air.

Changer les mentalités

« Nous avons un problème de changement de comportement en ce qui concerne la consommation de viande. L’objectif est de faire passer quelques milliards de mangeurs de viande de la consommation de protéines animales à la consommation d’aliments pouvant être produits dans des systèmes électrifiés. Nous pensons que le meilleur moyen d’y parvenir est d’inventer la viande. Nous recherchons des cellules faciles à cultiver, vraiment savoureuses et nutritives, puis nous les mélangeons pour créer une viande vraiment savoureuse. »

George Peppou, PDG de Vow Food, cité par The Guardian
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