Depuis le 21 décembre, l’hiver s’est installé et les jours ont rapidement décliné. À tel point qu’en deux mois, on a réussi à battre le record de la période la plus sombre jamais enregistrée depuis 1934. Du coup pas étonnant que notre métabolisme en a pris un coup. Alors si tu te tapes des insomnies à tout va en ce moment, rassure-toi, c’est pour tout le monde pareil!
Tu as peut-être senti le gros coup de mou qui s’est abattu sur toi ces dernières semaines? Insomnies, réveil nocturnes, fatigue extrême: le manque de luminosité affecte ton organisme bien plus que tu ne pourrais le penser.
En effet, si tu es raplapla ces temps-ci, ce n’est pas seulement parce qu’il fait un brin trop frisquet, c’est surtout à cause d’un facteur: le soleil ou plutôt, l’absence de soleil. Du coup forcément, quand il fait nuit tout le temps (ou du moins gris), ça ne donne pas envie de se bouger et on finit par hiberner.
Une baisse de mélatonine
Comme nous l’explique le docteur Alfred Flemale, spécialisé en troubles du sommeil au Centre médical du Parc Léopold, « notre sommeil est dirigé par différentes choses, en particulier la lumière que l’on reçoit pendant la journée. » Concrètement, la lumière va en fait toucher des capteurs situés en dessous des yeux et qui eux-même vont aller stimuler certaines régions cérébrales.
Une production d’hormones, qu’on appelle mélatonine, va alors jouer directement sur notre sommeil. Sauf que quand on manque de lumière, c’est « cette production de mélatonine qui va diminuer », le rappelle encore le docteur Flemale. Bref, tu l’auras compris, la lumière a une influence forte sur ton sommeil. Elle régule ton horloge biologique, et du même coup, ton humeur et ton énergie! Enfin, elle permet à la fois l’endormissement et le maintien du sommeil.
Adieu bonne nuit, bonjour nuit pourrie
Si tu ne secrètes pas de mélotanine, c’est bien simple, ton cerveau ne capte plus que c’est le moment de pioncer. Résultat: ton cycle de sommeil se voit rompu, ta nuit n’en est plus vraiment une car entrecoupée de micro-réveils, ou carrément par des interruptions de sommeil qui se traduiront par des insomnies. Bref, le lendemain, t’es juste HS et en plus, c’est le bordel dans ta tête.
Alors forcément, quand en l’espace de deux mois, en Belgique, tu n’as eu droit qu’à une petite trentaine d’heures d’ensoleillement, c’est tout à fait normal que ton sommeil ne soit pas au top. Tu n’es d’ailleurs pas le seul. S’il est impossible de chiffrer précisément le nombre de personnes qui pourraient connaitre des troubles du sommeil en lien direct avec ce manque de lumière exceptionnelle, les consultations à ce sujet ont néanmoins augmenté: « Le manque de luminosité a participé à une augmentation du nombre de consultations pour déprimes et dépressions saisonnières. Il n’y a sûrement pas que cela comme cause mais il est tout à fait certain que ça a dû jouer », nous explique le médecin généraliste Camille Culot, de la maison médicale de Habay.
Elle ajoute également: « Les gens dorment moins bien, ont des réveils nocturnes et consultent pour cela. Étant donné que la dépression se manifeste souvent pas des troubles du sommeil, il y a certainement un lien avec ce manque de lumière ».
Un moral en berne
Ce manque de lumière va aussi agir directement sur ton humeur. Chez certaines personnes, lorsque le thermomètre commence à baisser, le moral aussi dégringole… jusqu’à ce qu’il atteigne un niveau de dépression saisonnière, qu’on appelle, la déprime hivernale.
« Ceci est un phénomène courant qui en général ne touche qu’un petit pourcentage de la population mais qui pourrait évidemment être accentué vu l’hiver qu’on a eu », affirme le docteur Flemale. Pour le médecin généraliste Culot, il est indéniable qu’il y a eu plus de cas de dépression saisonnière cette année: « En papotant avec les gens, on se rend compte que le manque de lumière affecte une personne sur trois environ. Quasiment à chaque consultation, les gens parlent du manque de luminosité. »
Sortir de la dépression
« Plus de dépressions, oui, mais pas plus d’antidépresseurs », nous assure encore le docteur Culot. En effet, avant toute chose, le médecin préconise du repos, et si c’est nécessaire, il les redirige vers un psychologue. Pour le docteur Flemale, il existe une solution relativement simple: se traiter par la lumière. Ok, mais alors, quand le ciel pèse bas et lourd comme un couvercle, on fait comment?
Il propose d’avoir recours à la luminothérapie. En fait, il s’agit de s’exposer à une lumière artificielle qui reproduit les effets énergisants et régulateurs de la lumière du soleil sur l’organisme. Et pour cela, les magasins regorgent désormais de ces lampes magiques, censées t’aider à retrouver le sommeil.
Oublie la grasse mat’!
Attention cependant, le manque de lumière n’est pas la seule chose qui vient perturber notre sommeil. Le « jet lag social », ou le fait de vouloir récupérer ses heures de sommeil le week-end et ainsi de dormir beaucoup plus tard qu’à son habitude, va également dérégler ton horloge biologique. Si tu dors plus tard le week-end, tu auras tendance à vouloir te lever plus tard le lundi matin et tu seras finalement déréglé toute la semaine. Le docteur Flemale insiste: « La régularité du sommeil est importante. SI on veut récupérer, il faut faire attention et ne pas dormir plus de 1 à 2h en plus que d’habitude ».
Mais rassure-toi, si ton sommeil a vraiment pris cher ces derniers temps à cause de cette météo pourrie, le retour des beaux jours n’est plus bien loin! Et malgré le froid et la neige, il devrait faire un peu moins gris. Alors tu peux déjà dire ciao à tes nuits blanches car l’apocalypse précoce, ce n’est pas pour maintenant! May the force be with you!