Les midterms aux États-Unis se déroulent ce mardi: voici 5 choses à savoir avant les résultats des élections

Ce mardi, plus de 250 millions d’Américains sont appelés à se rendre aux urnes pour les midterms, des élections de mi-mandat très importantes pour l’avenir du président et son équipe. Car il s’agit entre autres d’élire les prochaines têtes du Congrès, qui voteront les lois du pays. Petit guide pour tout comprendre en 5 questions.

1. Quand ouvrent les bureaux de vote et quand les résultats tomberont?

Deux ans après les élections présidentielles, qui ont projeté à la surprise de beaucoup Donald Trump à la Maison-Blanche, les Américains se rendent à nouveau aux urnes ce mardi. Mais attention, la place de Trump n’est pas en jeu, puisqu’il s’agit de renouveler le Congrès, soit l’entièreté de la Chambre des représentants et une partie du Sénat.

Les premiers bureaux de vote ouvrent ce mardi à 6 heures du matin dans plusieurs États de la côte est américaine, soit midi heure belge. Le vote se déroulera toute la journée, et les premiers résultats ne sont pas attendus avant la fermeture de tous les bureaux de vote, en soirée. En Belgique, ce sera donc au plus tôt mercredi matin, que l’on connaîtra l’issue des votes.

2. Quels sont les enjeux de ces élections? Pourquoi les Américains votent-ils?

Les élections de mi-mandat aux États-Unis sont des élections législatives, ce qui signifie que les Américains voteront pour élire leurs représentants au Congrès. Sont en jeu les 435 sièges de la Chambre des représentants, soit la totalité des sièges, et 35 sièges au Sénat, soit le tiers des sièges. Aux États-Unis, le Sénat est la chambre haute du Congrès tandis que la Chambre des représentants est la chambre basse, qui est donc considérée comme moins puissante.

Le Sénat

Le Sénat est composé de 100 membres, deux par État, qui représentent les États fédérés, chacun à poids égal. Cela signifie que le Wyoming, État le moins peuplé des États-Unis, possède deux sénateurs au même titre que la Californie, État le plus peuplé des États-Unis. Les sénateurs sont élus au suffrage universel direct pour 6 ans (renouvelable), mais le renouvellement du Sénat se fait par tiers tous les deux ans, et donc jamais tout en en une fois.

Son rôle principal est de voter les lois fédérales, puisque la Constitution américaine stipule qu’une loi ne peut être ratifiée qu’à l’approbation des deux chambres. Mais sa mission ne s’arrête pas là, le Sénat donne aussi son feu vert aux nominations faites par le président pour certains postes clés du gouvernement (les membres du cabinet présidentiel, les juges de la Cour suprême, les ambassadeurs, certains hauts fonctionnaires fédéraux, etc.). Il a également le pouvoir de bloquer certains traités pris par le président et de voter, à la majorité qualifiée des deux tiers, la procédure d’impeachment à l’encontre du vice-président voire du président des États-Unis, même si dans les faits, cela n’est jamais arrivé. Autrement dit, le président ne peut pas prendre de décisions importantes sans l’aval du Sénat.

La Chambre des représentants

Au contraire, la Chambre des représentants se compose d’élus représentant les citoyens, et dont les mandats sont renouvelés tous les deux ans. Le nombre de sièges attribués à chaque État se fait en fonction de la population de l’État (la Californie envoyant le plus de représentants tandis que le Wyoming en envoyant le moins). En plus de voter les lois fédérales, tout comme le Sénat, la Chambre des représentants a seule le pouvoir d’initier le vote du budget et les lois de financement, le Sénat pouvant seulement amender ou rejeter ses propositions. Elle peut également élire le président des États-Unis, si aucune majorité n’est trouvée au sein des grands électeurs. Elle peut aussi voter la mise en accusation d’un haut fonctionnaire du gouvernement, mais le procès se tient ensuite devant le Sénat, qui joue alors un rôle de pouvoir judiciaire. Le Sénat, comme la Chambre des représentants, a en outre le pouvoir de mettre en place des commissions d’enquête, comme c’est le cas dans l’affaire des ingérences russes dans les élections américaines de 2016.

Et d’autres élections locales

Mais ce n’est pas tout, outre les deux chambres du gouvernement fédéral, des élections locales sont organisées ce même mardi. La grande majorité des parlements locaux (87 sur 99) doivent être renouvelés (87 sur 99) et près de 150 référendums se tiennent un peu partout.

Dans 36 États, ainsi que dans trois territoires américains (l’île de Guam, les îles Vierges et les îles Mariannes du Nord), les Américains devront également élire leur gouverneur, qui est en quelque sorte le chef de l’État en question. Pour l’instant, les gouverneurs sont majoritairement républicains : dans 33 États sur les 50. Dans bon nombre d’État où le poste de gouverneur est en jeu, l’issue du vote s’annonce déjà très serré.

3. Des élections aux allures de référendum pour ou contre Donald Trump

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À l’heure actuelle, les républicains occupent 237 des 435 sièges de la Chambre des représentants et 51 des 100 sièges du Sénat. Ce qui veut dire que le parti de Donald Trump dispose d’une « super-majorité » au Congrès. Mais, bien souvent, le président ressort affaibli des élections de mi-mandat. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé pour Barack Obama en 2010 : les démocrates avaient perdu à l’issue de ces midterms 63 sièges à la Chambre des représentants et 6 au Sénat. Ajoutons à cela que les résultats sont également dépendants de la popularité du président en place, or celle de Donald Trump n’est pas au beau fixe : actuellement, seuls 43,6 % des Américains approuvent la politique de Trump tandis que 53,2 % la désapprouvent complètement, selon les dernières données du site Realclear Politics.

Trump, lui-même, a fait de ces élections un combat politique personnel pour tester sa popularité. Il s’est impliqué personnellement en enchaînant les rassemblements ces deux derniers mois. Hier encore, il était en déplacement à Cleveland, dans l’Ohio, pour vanter les bonnes retombées économiques de sa politique. Il a continué également à mettre l’accent sur les thèmes qui le tiennent à coeur et que chérissent une bonne partie de l’électorat républicain: l’immigration illégale. Les démocrates, eux, ont plutôt misé sur la réforme des soins de santé mise en place par Barack Obama, et que les républicains ont maintes fois tenté d’abroger, sans succès.

Et le milliardaire n’est pas le seul à le penser, selon un sondage du Pew Research Center, plus de 60% des électeurs estiment que l’opinion qu’ils ont de Trump influencera leur vote. Parmi eux, 34% pensent voter contre lui et seulement 26% pour lui.

Dans le scénario où les républicains perdraient leur majorité à l’une des chambres du Congrès, l’équilibre politique se trouverait bouleversé et l’agenda législatif dans bon nombre de dossiers sensibles (l’Obamacare, l’immigration, etc.) paralysé. Trump pourrait toutefois continuer à prendre des décrets présidentiels, mais il aurait de toute façon besoin au moins de l’aval du Sénat. Le pire des scénarios pour Trump étant bien sûr de perdre la majorité républicaine dans les deux chambres du Congrès, mais c’est aussi le moins plausible.

Tu l’auras compris, même si le nom de Donald Trump ne figure sur aucun bulletin de vote, il en subira inévitablement les retombées.

4. Que disent les derniers sondages?

Dans la majorité des derniers sondages, les démocrates partent favoris pour remporter la majorité à la Chambre des représentants, tandis que les républicains pourraient conserver le contrôle du Sénat. Même si on est désormais loin de la vague bleue prédite cet été.

Ainsi, selon le site FiveThirtyEight, qui regroupe les différents sondages, les démocrates ont actuellement 7 chances sur 8 (88,1 %) de gagner la majorité à la Chambre des représentants, contre 1 chance sur 8 (11,9 %) pour les républicains. Par contre, pour le Sénat, c’est clairement le camp républicain qui devrait l’emporter, avec 4 chances sur 5 (81 %) contre 1 chance sur 5 (19 %) pour les démocrates.

D’après le site d’informations politiques RealClearPolitics, les démocrates seraient sûrs de décrocher 203 sièges et les républicains 196. Mais il reste 36 sièges où les sondages sont trop serrés pour se prononcer, et qui pourraient donc tout faire basculer.

L’incertitude demeurera jusqu’à la fermeture des bureaux de vote ce soir. Et de toute façon, les sondages ne restent qu’une photographie à un moment donné d’une partie de l’opinion. À prendre donc avec des pincettes, surtout depuis la victoire de Donald Trump en novembre 2016, que très peu de sondages n’avaient pourtant prédite…

5. Quelle participation?

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Pour rappel, aux États-Unis, le vote n’est pas obligatoire. Et généralement, les élections de mi-mandat mobilisent peu d’électeurs (seulement 37 % de taux de participation aux élections de 2014). Mais cette année, tout indique que ces midterms pourraient être une exception. Ainsi, ce lundi, plus de 30 millions de bulletins ont déjà été glissés dans les urnes dans les États qui permettent le vote anticipé ou par procuration, affirme la presse américaine. Ce qui est de loin supérieur aux quelque 22 millions de bulletins comptabilisés la veille des midterms de 2014.

De même, certaines catégories de la population pourraient se mobiliser en masse pour aller voter. C’est notamment le cas des femmes (poussées par les déclarations misogynes du président Trump et par l’affaire Kavanaugh qui a finalement été nommé juge à la Cour suprême) ainsi que des jeunes. Deux types d’électeurs qui sont plus penchés démocrates que républicains.

Mais on n’en saura pas plus avant demain matin, patience donc.

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