Dans le calme de l’été, une triste histoire a pris le devant de la scène: le décès d’un jeune Belge d’origine marocaine au Maroc et les réactions racistes qui ont fleuri sur une page Facebook, celle de la « Vlaams Verdedigings Liga ». Politiciens et journaux ont relevé l’affaire. Mais en fait, le Centre interfédéral pour l’égalité des chances (Unia) a déposé une plainte contre cette page Facebook il y a plus d’un an et le parquet n’est pas resté inactif, nous a confié Patrick Charlier, à la tête de l’Unia.
En plein été, alors que chacun reprend son souffle, une triste affaire vient à la lumière: le décès d’un jeune adolescent et les commentaires racistes qui ont fusé sur une page Facebook.
Dans le creux entre juillet et août, ce récit prend sa pleine visibilité. Un jeune garçon de 15 ans, donc, perd la vie dans un accident de quad au Maroc. Le jeune homme, Ramzi Kaddouri, est flamand mais d’origine marocaine. L’annonce du décès est repris sur la page Facebook de la « Vlaamse Verdedigings Liga ». Et là, les commentaires sont juste à gerber.
Youssef Kobo (du cabinet de Bianca Debaets, CD&V) en a fait un screenshot, et l’a tweeté. Dans la suite de la journée, les politiciens flamands surtout et la presse, des deux côtés de la frontière linguistique, se sont emparés de l’affaire. Pourtant, ce n’est pas le premier débordement du genre sur cette page Facebook de la « Vlaams Verdedigings Liga ». Elle est en fait dans le collimateur de la justice depuis plus d’un an.
Comment se fait-il que cette page ait encore nourri de tels commentaires, plus d’un an après cette plainte?
« Il est exceptionnel que l’on saisisse la justice pour de l’incitation [à la haine] sur internet » reconnaît Patrick Charlier, le directeur de l’Unia, que nous avons contacté. Ici, pourtant, l’Unia l’a fait: en 2015, une plainte simple a été déposée contre l’éditeur de cette page. Le parquet a auditionné les personnes qui se trouvent derrière cette page Facebook. Et le dossier est toujours ouvert. « Il n’a pas été classé sans suite » précise Patrick Charlier. Cette affaire-ci viendra le nourrir.
« De moins en moins d’anonymat »
Il semblerait que les gens assument, sur Facebook, des propos comme ceux qui ont entouré le décès de Ramzi Kaddouri. Au fil de la dernière décennie, Patrick Charlier reconnaît qu' »on a observé, mais on n’est pas les seuls, de moins en moins d’anonymat ».
Par ailleurs, Patrick Charlier relève également une évolution dans le temps du côté de Facebook et Twitter: « Avant, c’était beaucoup plus difficile de faire disparaître des groupes ». En fait, ces grandes entreprises ont affaire en Europe à un cadre législatif et culturel différent de celui des États-Unis. Les entreprises ont peu à peu pris conscience de cette différence.
Reacties op de dood van de 15-jarige Ramzi Mohamed uit Limburg.
— Youssef Kobo (@Youssef_Kobo) August 2, 2016
That's it, I give up. pic.twitter.com/S25XiX1y5J