S’il arrive si facilement dans ta garde-robes, le jean n’est toutefois pas si facile à produire. Tu ne t’en rends pas compte lorsque tu l’enfiles chaque matin, mais l’industrie du jean est l’une des plus polluantes et plus gourmandes en eau du monde. On t’explique tout cela en détail.
Qu’importe la saison, tout le monde a toujours au moins un jean dans sa garde-robes: plus épais et plus foncé pour l’hiver, plus clair et plus léger pour l’été. Taille haute, taille basse, slim, skinny, coupe large, boyfriend, avec plus ou moins de trous… Le jean traverse les époques sans être jamais démodé.
Mais dans le contexte actuel de la « fast fashion » (on prend, on consomme, on jette, on rachète aussi vite que l’éclair), porter un jean différent chaque semaine n’est pas sans conséquence. Les chiffres sont assez parlants : on achète aujourd’hui en moyenne 400 % de vêtements de plus qu’il y a 20 ans. Selon une étude de Visual Meta GmbH, maison-mère de la plateforme de shopping en ligne Shopalike, réalisée sur un panel de 125 personnes, 95 % des gens portent un jean au moins une fois par semaine, mais 79 % n’achètent jamais de jeans de seconde main. 21 % des sondés ont également déclaré laver leurs jeans au moins une fois par semaine, ce qui est bien trop pour la matière. Du coup, 7,3 % seulement des personnes gardent un jean plus de 8 ans. Ce qui indique que le jean n’échappe pas aux diktats de la société de consommation.
10.000 litres d’eau pour un kilo de coton
Or, cette surconsommation de jeans met à mal la planète. Car pour produire un jean, il faut d’abord produire du coton, et rien que pour faire pousser un kilo de fibres de coton, il faut 10.000 litres d’eau. En Inde et en Chine, ce sont quelque 120 billions de litres d’eau (soit 120 mille milliards !) qui partent chaque année rien que dans cette culture. Avec plus de 23.000 tonnes de coton produites chaque année, l’industrie du coton pèse lourd sur l’économie. Mais aussi sur l’environnement et la santé des travailleurs locaux. Puisque face à cette pression de production de masse, ceux-ci sont contraints d’utiliser des pesticides et autres substances toxiques de manière à maximiser les récoltes.
Une fois le coton obtenu, l’étape suivante est de le transformer en denim. Et cette étape est très fréquente puisque 35 % de la production mondiale de coton est utilisée pour le denim, faisant de lui le tissu le plus utilisé dans le monde. Pour ce faire, le coton doit passer par plusieurs étapes, dont une étape de coloration des fibres en indigo qui nécessite là encore énormément d’eau et de produits chimiques.
Des produits toxiques qui provoquent la silicose
La dernière étape est enfin la transformation du denim en jeans. Comme la teinture indigo n’est pas naturellement soluble dans l’eau, les jeans doivent être lessivés 3 à 9 fois dans un mélange d’eau, de produits chimiques toxiques (tels que le permanganate de potassium ou PP) et de métaux lourds, jusqu’à ce qu’ils se parent des couleurs désirées par l’usine. Et ce n’est pas tout, les jeans passent également par l’étape du « stone wash » (lavage aux pierres ponces), de « l’effet moustache » (qui consiste à créer des marques de délavage sous forme de traits horizontaux comme sur cette image ici) et du « sablage ». Cette dernière technique, qui consiste à propulser à forte pression un jet de sable pour éliminer la pigmentation du tissu, nécessite de la silice cristalline, un produit toxique qui peut provoquer une silicose, maladie pulmonaire mortelle.
Et plus le jean a un effet usé ou délavé, plus il a nécessité de répétitions de toutes ces étapes, et donc d’eau et de produits chimiques, qui sont tant néfastes pour l’environnement que pour la santé des travailleurs.
Comment agir de ton côté ?
Mais à part ne plus acheter de jeans, que peux-tu faire pour ne plus rentrer dans le jeu de cette industrie de masse ? La première possibilité est d’acheter des jeans éco-responsables, qui sont produits avec moins d’eau, moins de pesticides et selon des méthodes plus naturelles et moins nocives pour la santé et la planète. Tu peux par exemple en trouver sur Zalando ici ou dans des boutiques spécialisées. Mais le souci est que suivre la mode éco-responsable nécessite un certain budget : en moyenne, un jean éco-responsable coûte entre 70 et 150 euros…
On est d’accord, tout le monde ne peut pas se le permettre. Ce que tu peux donc faire à la place, c’est adopter une attitude plus responsable au quotidien, en prenant soin de tes jeans. Ne les lave pas trop régulièrement, car en réalité le denim brut ne nécessite d’être nettoyé que quelques fois par an ! Mais si tu trouves ça pas frais, tu peux le passer à la machine tous les 6 jours (minimum), en le retournant et en utilisant toujours un programme cours et une température de 30 degrés maximum. Évite également le séchoir et privilégie le séchage à l’air libre. Tu devrais ainsi pouvoir garder ton jean plus longtemps.
Si tu veux vraiment t’en séparer, donne-lui une seconde chance en le déposant soit dans une friperie (voilà quelques adresses par exemple où tu peux déposer les vêtements que tu ne mets plus : ici) soit aux Petits Riens.