Netflix rêve d’Oscars: la plateforme change de stratégie et va céder trois films qui seront d’abord diffusés en salle

On le sait, Netflix et le 7e Art, ce n’est pas une histoire facile. Privé de potentielles récompenses tant aux Oscars qu’au Festival de Cannes, Netflix tente de changer sa stratégie. Trois de ses productions passeront par la case cinéma avant leur lancement sur la plateforme. C’est une première.

La Ballade de Busters Scruggs par les frères Coen, Roma par Alfonso Cuaron et Bird Box vont tous les trois connaître une première en salle, a annoncé Reuters le 1er novembre dernier. Et c’est une surprise: jamais une production Netflix n’avait fait l’objet d’une sortie dans les salles obscures avant sa diffusion dans le catalogue.

Depuis cette annonce, une seule et unique question: pourquoi? On sait le mariage difficile entre Netflix et le 7e Art. On se souvient que le Festival de Cannes, en décidant d’intégrer dans sa sélection 2017 Ojka et Meyerowitz Stories, avait secoué le monde du cinéma. Devant la polémique qui enflait, les organisateurs s’étaient finalement résolus à exclure les films du concours.

Si bien que lors de l’édition 2018, une nouvelle règle était de mise: toute oeuvre qui veut se présenter en compétition doit connaître une sortie en salle, en France dans ce cas-ci. Si les films sous la houlette de Netflix, Amazon ou autre Hulu ne sont pas totalement exclus du festival – ils peuvent être projetés dans des séances spéciales – ils n’ont plus la possibilité de glaner un prix.

Splielberg a une dent contre Netflix

Fâcheux pour Netflix qui recrute les plus grands noms du cinéma et qui veut continuer à le faire. D’autant qu’outre-Atlantique, les choses ne sont pas simples non plus. Là aussi, de grands noms s’opposent à voir un film Netflix figurer au palmarès de la statuette dorée. Parmi eux, l’immense Steven Spielberg qui a un avis très tranché sur la question.

En mars denier lors d’une interview accordée à ITV News, le réalisateur de E.T. et Jurassic Park n’y allait pas par quatre chemins: « La montée en puissance des services de streaming est clairement un danger très actuel pour tous ceux qui font des films. De moins en moins de réalisateurs vont se battre pour monter un budget, ou pour entrer en compétition à Sundance afin d’obtenir un de ces labels qui leur permettra une sortie en salles. La plupart vont laisser le business de la SVoD financer leurs films avec la promesse d’une toute petite sortie en salles d’une semaine pour les qualifier pour les Oscars. »

Ce que voulait dire Steven Splieberg, c’est qu’un film prévu pour la TV (via Netflix ou autre) n’est, par définition, pas un film de cinéma mais un téléfilm. Les budgets ne sont pas les mêmes et l’expérience n’est pas la même, peu importe la qualité du film diffusé en streaming: « Certains de ces films méritent des récompenses, oui, mais un Emmy. Pas un Oscar », a ajouté le réalisateur américain. Pour lui, une simple sortie en salles qui a pour seul objectif de répondre aux critères des Oscars est un non-sens.

Changement de stratégie

Entre-temps, Netflix, vexé, avait déjà décidé de boycotter le Festival de Cannes pour le durcissement de son règlement. L’entreprise s’apprêtait à utiliser la même tactique pour les Oscars. Mais le service vidéo semble avoir changé son fusil d’épaule avec la mise en salles de ses trois films, tout en ayant écouté les critiques.

Car oui, ce n’est pas la première fois que des films Netfix sont joués en salles. Mais jusque-là, Netflix les proposait le jour même sur sa plateforme, refusant de suivre la sacro-sainte chronologie des médias. L’exclusivité en salle de 90 jours était mise à mal, ce qui en avait froissé plus d’un.

En acceptant de céder trois de ses œuvres originales aux salles de cinéma, le SVoD sait qu’il se rapprocherait d’une nomination aux Oscars. Ce qui n’est encore jamais arrivé. Mieux, avec Roma, Netlifx peut même espérer recevoir un prix.

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