La réponse d’Elio Di Rupo à Bart De Wever: « S’imaginer que le PS fera l’appoint est une illusion »

Les deux présidents des deux plus grands partis de chaque région débutent leur jeu d’influence. Bart De Wever a rédigé une note qui doit mettre en place une suédoise dans le nord du pays. Elio Di Rupo a déjà averti qu’il ne favoriserait pas cette coalition au fédéral. La Belgique s’enfonce dans la crise.

Peut-on déjà parler de crise d’ailleurs? Après de longues tergiversations au nord du pays, Bart De Wever a finalement choisi son attelage. La suédoise (N-VA, Open vld, CD&V) sera reconduite comme en 2014, formant par là « une coalition de perdants », a directement fustigé Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang.

Un temps, les discussions ont porté sur une coalition bourguignonne (sp.a, N-VA, CD&V/Open vld) qui aurait sans doute facilité d’éventuelles négociations entre les socialistes francophones et les nationalistes. Mais Bart De Wever a changé de stratégie et compte présenter sa coalition suédoise en bloc au fédéral.

Il n’y a plus dix mille possibilités. Soit le PS accepte de participer à un gouvernement contre nature, soit la crise sera sans fin. La possibilité d’aller vers de nouvelles élections est aussi bien réelle, surtout depuis la réponse envoyée par le leader des socialistes. Deux tweets d’une grande clarté:

Nous respectons le choix de Bart De Wever en Flandre. Mais je veux être clair. Le PS veut une politique plus sociale et plus juste aussi au niveau fédéral.

Di Rupo sur Twitter

S’imaginer que le PS pourrait faire l’appoint et dépanner les anciens partenaires de la coalition suédoise pour former un gouvernement fédéral, relève de l’illusion.

Di Rupo sur Twitter

Le bras de fer commence. Le but des prochaines semaines sera d’éviter le poids de la crise. On peut compter sur les deux leaders expérimentés pour se rendre coup pour coup.

La note de Bart De Wever

En attendant, Bart De Wever a rédigé une note quant à sa future majorité en Flandre. On peut y lire les priorités de la suédoise: la sécurité (coucou le VB), l’emploi et l’enseignement.

La priorité est donnée à la Flandre. Un signal envoyé par Bart De Wever alors qu’il a longtemps réfléchi à comment trouver une place au niveau fédéral. Un niveau de pouvoir dont les matières ont encore une influence sur les Régions, raison pour laquelle la N-VA ne comptait et ne compte pas lâcher le morceau si facilement.

A l’image des questions climatiques, matière diluée dans plusieurs niveaux de pouvoir, Bart De Wever compte appliquer sa propre recette avec son fameux « écoréalisme », méthode qui privilégie une transition énergétique sans affecter l’économique.

541 jours

Bart De Wever n’aura donc ni choisi le VB ni le sp.a. Le premier choix s’explique par l’impossibilité de former une majorité avec le parti d’extrême droite, d’ailleurs déplorée par Theo Francken sur les réseaux sociaux. Le deuxième mène sans doute à une crise dont on ne connait pas la fin.

La possibilité de battre le record de 541 jours sans gouvernement fédéral est bel et bien réelle.

Plus tard en début d’après-midi, Bart De Wever a donné une conférence de presse. Il a expliqué que la suédoise était « la seule formule cohérente » en Flandre. Tout en constatant à nouveau la victoire du Vlaams Belang mis à l’écart. « Une victoire de l’extrême droite est toujours un problème où que ce soit en Europe », a-t-il expliqué. Craint-il que le VB soit encore plus puissant dans le futur ? « On verra, cinq ans, c’est long. »

Le président de la N-VA a egalement fait savoir qu’il n’abandonnait pas le fédéral. « J’attends toujours une première vraie discussion avec le PS. Cela fait 100 jours que les elections ont eu lieu. À une autre époque, on aurait déjà parlé de crise. »

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