Convaincre l’Open Vld et le CD&V en 13 jours: mission impossible pour Paul Magnette (PS)

C’est donc acté. Le roi a confié à Paul Magnette, le président du parti socialiste, la bombe fédérale. Il sera chargé de tenter l’autre option, la formule arc-en-ciel qui regroupe socialistes, libéraux et écologistes du nord et du sud, peut-être agrémentés des démocrates-chrétiens.

Qui de la N-VA ou du PS a remporté la première manche? C’est la question que se pose la plupart des éditorialistes ce mercredi matin, suite à l’échec des pourparlers entre les deux plus grandes formations politiques de leur Communauté.

La réponse est divisée. « C’est 1-0 pour la N-VA », écrit Peter Mijlemans dans Het Nieuwsblad. Le parti de Bart De Wever va pouvoir observer le PS se casser les dents devant les refus de l’Open Vld et du CD&V, les deux partis clés au nord du pays. Au sud du pays, dans La Libre, Francis Van de Woestyne salue « le choix du roi ». Si la bourguignonne (PS/sp.a/N-VA/MR/Open Vld) ne fonctionne pas, il faut bien tenter une autre formule. Après tout, si on exclut le VB, le PS est indispensable dans la coalition fédérale, au contraire de la N-VA.

Tic tac

La réponse la plus convaincante vient sans doute du PS lui-même. A La DH, une source socialiste confie que la « stratégie du PS est contrariée ». Il se dit que Paul Magnette aurait préféré gagner du temps et ne pas jeter son dernier va-tout dans la bataille. En effet, tant le CD&V que le sp.a et le MR doivent changer de président de parti. Il y a 7 candidats rien que pour la présidence du CD&V, avec des orientations politiques différentes à la clé. Ces partis ne pourront pas bouger politiquement avant plusieurs semaines et le résultat des élections internes.

Autant l’écrire tout de suite: mettre en place un arc-en-ciel en 13 jours – Paul Magnette devra faire rapport au roi le 18 novembre – est une mission impossible. Même si le président des socialistes dispose d’un petit coup de pouce du cdH qui sort du bois et se dit prêt « à être du côté de la solution ». On peut déjà s’attendre à voir la mission de Paul Magnette prolongée.

La N-VA dans un fauteuil?

Cette situation pousse une autre source à dire que le PS est (de nouveau) tombé dans le piège de la N-VA. Il semble que la volonté de Bart De Wever depuis le début était de donner la main au PS. Pour qu’il tente son arc-en-ciel et échoue à convaincre les libéraux flamands et le CD&V, en coalition avec la N-VA au nord du pays.

epa

On peut supposer que si l’arc-en-ciel échoue, la piste privilégiée sera de nouveau la bourguignonne. Avec une N-VA en position de force suite à l’échec précédent. On pourrait imaginer une sorte de deal socio-institutionnel. Des avancées sociales en contrepartie de réformes communautaires. Dans le meilleur des cas.

Tout autre chemin nous mènera vers des élections anticipées. Avec les risques que cela comporte pour les partis traditionnels et l’avenir de la Belgique.

Mais comme on l’écrivait, le PS est indispensable. Et on rappelle qu’un gouvernement fédéral arc-en-ciel a déjà existé (1999-2003) et qu’enfin, tant l’Open Vld que le CD&V sont ressortis vainqueurs en voix et en siège lors d’une précédente union avec les socialistes, qui plus est en minorité. C’était sous Di Rupo. Ils n’ont pas connu la même fortune sous le gouvernement Michel I, a priori idyllique.

La politique n’est pas une science exacte.

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