Mais où en est la formation du gouvernement fédéral?

Cela fait cinq mois que nous avons voté. Et cela fera bientôt un an que nous n’avons pas de gouvernement fédéral de plein pouvoir. Tout le monde a le record de 541 jours en tête, mais personne ne veut en arriver là. A quelques heures de la remise du rapport des deux pré-formateurs, prend-on le chemin d’un accord?

Rudy Demotte (PS) et Geert Bourgeois (N-VA) ont pris la succession de Didier Reynders (MR) et Johan Vande Lanotte (sp.a). D’informateurs, on est passé à préformateurs. Un signal? Pas vraiment. Si le socialiste et le nationaliste ont poursuivi le tour de table, accueillant également les écologistes, aucun accord concret n’a pu s’en dégager à ce jour.

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La piste privilégiée, en rapport avec les résultats électoraux, est toujours la bourguignonne: soit le PS, allié à son pire ennemi, la N-VA, à laquelle viendraient se greffer le MR, le sp.a et/ou l’Open VLD et le CD&V.

On se montre toutefois prudent du côté socialiste. La position officielle reste inchangée: « On voit peu ou pas de points de convergence avec la N-VA. » Ce qui n’empêche pas un dialogue, poli, entre les deux partis. « Mais pourquoi serait-ce toujours au PS à faire des concessions? » nous glisse-t-on en interne.

Les quelques points qui peuvent converger sont connus: la pension minimum à 1.500 euros, la fin de l’austérité, une TVA sur l’électricité rabaissée à 6%, en plus de quelques fonctions régaliennes comme la sécurité. Le PS, comme la N-VA, n’a pas envie de passer pour un parti laxiste.

Le choix de l’Open VLD et du CD&V

L’autre option, c’est l’arc-en-ciel: soit les socialistes mélangés aux écologistes en plus des libéraux et éventuellement des démocrates-chrétiens. Là encore, tout repose sur le choix de l’Open VLD et du CD&V. L’un des deux est indispensable mais pas les deux, comme pour la bourguignonne. Ce qui les place un peu en position de faiblesse.

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Reste que plusieurs personnalités au sein de l’Open VLD et du CD&V se sont prononcées en défaveur de l’arc-en-ciel, qui laisserait la N-VA et le VB dans l’opposition. Ce qui peut être mortel dans cinq ans.

Dans le même temps, la N-VA leur laisserait bien la main. Après tout, c’est à eux de faire un choix et de prendre leurs responsabilités. Les dés sont lancés, les jeux de chacun sont connus, place au choix. Le but de chaque parti est d’éviter le poids de la crise. En mettant plus de responsabilités sur les épaules de l’Open VLD et du CD&V, la N-VA peut en ressortir vainqueur aux yeux de l’opinion publique flamande. Plutôt que d’être vu comme le point de blocage d’une coalition avec les socialistes..

Pressions

Dans les couloirs, on entend que PS et N-VA travailleraient sur une note commune. Pour affirmer qu’ils ne sont d’accord sur rien? C’est toute la question. Si le PS privilégie toujours l’arc-en-ciel, il doit montrer qu’il aura tout essayé avec la N-VA, mais que force est de constater que les deux programmes sont incompatibles.

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Des programmes que le Premier ministre sortant, Charles Michel (MR), suggère de mettre de côté. Sur La Première ce matin, le bientôt président du Conseil européen a mis un coup de pression sur les deux plus grands partis de chaque communauté: « Il est urgent de prendre ses responsabilités (…). S’accrocher à son programme électoral, c’est faire preuve d’un manque de courage », a-t-il asséné, non sans avoir en arrière pensée sa décision d’embarquer seul avec la N-VA en 2014, lors de la précédente législature. D’autres planchent sur un gouvernement d’urgence pour limiter la casse budgétaire dont le déficit s’envole à 11 milliards d’euros.

En Flandre, Joachim Coens (CD&V), a carrément proposé un gouvernement de technocrates « si les politiques ne savent plus prendre leurs responsabilités ». Après la tentative de gouvernement-citoyen en Wallonie, nous voilà avec une proposition de gouvernement d’experts. Si même les politiques ne croient plus en la politique…

Il est clair que notre système politique ne facilite pas la cohérence, avec des coalitions peu lisibles pour les citoyens et qui ne rencontrent pas souvent leur vote. Mais ces tentatives sont vues par les observateurs comme des leurres, des solutions pas vraiment crédibles et finalement peu démocratiques.

En attendant, le roi doit recevoir Rudy Demotte (PS) et Geert Bourgeois (N-VA) cet après-midi, avec peut-être l’idée de prolonger leur mission. Il pourrait convaincre aussi l’Open VLD et le CD&V de prendre leur responsabilité, malgré leur statut de « petits » partis. La seule certitude, c’est le PS, qui est mathématiquement indispensable.

Et si personne ne parvient à se mettre d’accord, on se dirigera vers des élections anticipées. Mais aucun parti – hormis le VB et le PTB – n’y a vraiment intérêt.

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