Le big data, c’est à la fois le pire et le meilleur de notre futur. Si cette technologie a un potentiel énorme, elle s’accompagne de pas mal de craintes dont la protection des données en fait clairement partie. Mais l’actualité récente nous fait craindre le pire: après Facebook, c’est au tour de l’application gay de rencontre Grindr de dépasser les limites. Explications.
Grindr, c’est 3,6 millions d’utilisateurs actifs quotidiens. Créée en 2009, cette application se vantait d’être « le plus grand réseau mondial de rencontres pour hommes gays ». Aujourd’hui, elle a élargi son public à toute la communauté LGBT.À l’instar de Facebook ces dernières semaines, Grindr est dans l’œil du cyclone. L’application aurait laissé des entreprises tierces accéder aux données privées de ses utilisateurs, dont leur statut VIH.
Ces entreprises sont au nombre de deux: Apptimize et Localytics. Elles sont chargées de tester l’application. C’est dans ce contexte qu’elles ont reçu les données de Grindr. Mais le bad buzz est lancé, le tollé est général, Grindr est obligé de s’expliquer.
Grindr s’explique
Et c’est sur le réseau social Tumblr qu’un des responsables de l’application a choisi de s’exprimer. Pour Scott Chen, leur but « a toujours été de promouvoir la santé et la sécurité de ses utilisateurs ». Il confirme que Grindr travaille effectivement avec Apptimize et Localytics, mais que ces deux entreprises « sont soumises à des clauses contractuelles strictes ».
D’ailleurs, les usagers ont le choix ou pas de partager leur statut HIV, « c’est donc à eux d’être vigilants », assure Scott Chen. Reste qu’il reconnaît que « parfois, ces données peuvent inclure des infos relatives à la localisation et au statut VIH car ce sont des informations qui sont dans l’application ». Grindr est en effet la première application au monde à avoir utilisé la géolocalisation des smartphones.
Le site d’information Axios a pu interroger le directeur de la sécurité chez Grindr et il assure que l’application a cessé de partager le statut VIH des usagers avec d’autres entreprises. Il reconnaît en quelque sorte la faute commise. Scott Chen affirme toutefois que « Grindr n’a jamais vendu et ne vendra jamais d’informations personnelles identifiables -en particulier les données relatives au statut VIH ou à la dernière date de test- à des tierces parties ou à des annonceurs », dans des propos rapportés par le Huffington Post.
C’est aussi ce que nous promettait un certain Mark Zuckerberg en 2009. La encore la protection des données des utilisateurs était considérée comme primordiale.
Pas convaincus
Toujours est-il que des chercheurs norvégiens de chez SINTEF révélé via BuzzFeed que les données partagées des utilisateurs Grindr permettaient de les identifier. Depuis, le monde politique s’est saisi du dossier outre-Atlantique. Le sénateur américain Ed Markey a notamment affirmé que la protection des données « ne se limitait pas aux données bancaires ou aux mots de passe ». Pour lui, « ces données peuvent mettre en danger les Américains LGBT ».
Du côté du secteur associatif, on est au mieux atterrés. La réponse de Grindr ne les a en tout cas pas convaincus. « Vous avez trahi la communauté LGBT », a par exemple écrit un internaute en dessous de la défense de Grindr.
Voilà en tout cas un nouvel exemple qui illustre parfaitement le double potentiel du big data. Le côté pile et le côté face.