Formation de gouvernements: ça redémarre à Bruxelles, ça temporise en Flandre, c’est l’inconnue au fédéral et en Wallonie

Petit état des lieux sur l’avancement des négociations.

Nous sommes plus d’un mois après le scrutin. Si personne ne panique encore, force est de constater qu’aucune majorité ne coule de source. Chaque niveau de pouvoir s’entrechoque et s’influence. Toutes les pièces du puzzle institutionnel doivent se mettre en place.

C’est à Bruxelles que la future majorité était le plus évidente. Avec les résultats du scrutin, très vite, une majorité PS-Ecolo-DéFI s’est dégagée. Le souci venait plutôt des partis flamands de Bruxelles composés du sp.a, de Groen et de l’Open vld.

Guy Vanhengel (Open VLD) va pouvoir se rasseoir à la table des négociations.

Ces derniers, dans une ultime tentative d’emmener avec eux les libéraux francophones, ont d’abord pratiqué la politique de la chaise vide. Ils ne voulaient pas entamer les négociations. Un coup de pression qui n’aura finalement duré que quelques jours. Le Bureau de parti du lundi a autorisé Guy Vanhengel et Sven Gatz (Open vld) à négocier. Les travaux ont déjà redémarré hier après-midi et c’est le seul gouvernement qui pourrait se mettre en place d’ici les vacances parlementaires et le probable ralentissement des négociations durant l’été.

Bart De Wever change de stratégie

En Flandre, Bart De Wever déclarait la semaine dernière vouloir enclencher la 2e vitesse après ses consultations avec le Vlaams Belang. Ce week-end, le parti d’extrême droite ne faisait pas partie des hôtes du bourgmestre d’Anvers. Le VB a été tenu à l’écart comme Groen ou le PVDA d’ailleurs. Le signal semblait clair: la suédoise allait pouvoir reprendre ses droits au nord du pays. On voyait déjà l’attelage N-VA-CD&V-Open VLD reparti pour cinq ans.

epa/ Bart De Wever ne veut pas laisser le duo Di Rupo/Magnette contrôler le jeu.

Mais les négociations au fédéral et la volonté du PS d’exclure les nationalistes ont obligé à Bart De Wever, toujours aussi fin stratège, à revoir ses plans. Pour plusieurs raisons: il ne veut pas abandonner aussi facilement l’échelon fédéral, il veut mettre la pression sur l’Open VLD et le CD&V qui seraient tentés par un gouvernement minoritaire, et enfin, cette méthode fonctionne assez bien avec la stratégie du pourrissement de l’État belge voulue par la N-VA. Autrement dit: montrer que la Belgique ne fonctionne pas et que le confédéralisme est la seule issue. Un confédéralisme qui ne peut avoir lieu qu’en cas de nouvelles élections et la mise en révision d’articles clés.

Le région en attendant le fédéral, ou l’inverse?

De leur côté, les informateurs royaux ont reçu une nouvelle mission d’un mois. La méthode change: plutôt que de trouver des partis qui veulent se mettre ensemble, Didier Reynders (MR) et Johan Vande Lanotte (sp.a) s’évertuent à trouver des thématiques communes, histoire de tomber sur dénominateur commun, fut-il le plus petit possible. Ils ont également dit vouloir observer ce qui se passe d’abord dans les Régions. On n’est pas avancés.

Jean-Marc Nollet

D’autant qu’Ecolo et le PS comptent toujours partir sur une base d’un gouvernement minoritaire en Wallonie, élargi à la société civile, mais qui doit encore se dessiner dans le parlement. Si le duo ne veut pas voir sa politique bloquée à chaque désaccord, elle doit compter sur la bonne volonté de députés de l’opposition. Or pour l’instant, tant au MR qu’au cdH ou au PTB, on sert les rangs et on fustige l’attitude « peu démocratique » du duo.

On en est là. Ça bouge à Bruxelles, ça joue stratégie en Flandre, ça avance à l’aveugle au fédéral et ça s’obstine en Wallonie. Bonnes vacances!

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