Le gouvernement Jambon (N-VA), composé de la N-VA, l’Open VLD et le CD&V vient d’annoncer ses mesures majeures durant leur conférence de presse. On t’en présente cinq des plus controversées.
Jamais on n’aura autant ressenti la scission idéologique entre Flandre et Wallonie qu’en ce 30 septembre. Entre la conférence de presse du gouvernement di Rupo et celui de Jambon, c’est un monde de différence. Quand le Sud axait toute sa politique vers l’environnemental et la modernisation des infrastructures, on a ici droit à un programme ferme fait de mesures controversées et un cap sur l’immigration.
Parmi toutes les annonces faites durant la conférence de presse, cinq ont retenu notre attention: la séparation d’UNIA, l’instance belge créée afin de lutter pour l’égalité des chances et contre les discriminations, des TIG pour les chômeurs de plus de 2 ans, la création d’un ministère de la justice et de la répression, l’accès aux aides sociales pour les primo arrivants ainsi que la suppression du droit de vote obligatoire aux élections communales.
Unia, un signal fort pour la Flandre
Se séparer d’Unia est sans doute l’une des mesures les plus emblématiques de la scission idéologique entre Nord et Sud. Ex-Centre pour l’égalité des chances et contre les discriminations, Unia a fait parler d’elle à plusieurs reprises ces derniers mois. Notamment en s’opposant à l’entrée à leur Conseil d’Administration du Vlaams Belang (ils avaient d’ailleurs été à l’origine de la condamnation du Vlaams Blok pour racisme en 2003).
Avec une Flandre de plus en plus à droite et un cinquième des électeurs VB, on pourrait penser à une mesure faite pour aller dans le sens de la visée flamande exprimée durant les élections fédérales et régionales. Pour bien des francophones, cette nouvelle est fatidique pour Unia. Une entité fédérale, qui travaille sur des thématiques systémiques et idéologiques ne peut se permettre de perdre la moitié du pays. Pourtant, on dirait bien que c’est chose faite.
Création d’un « ministère de la justice et de la répression »
Un ministère de la répression. Et de la justice. On n’a pas peur des mots dans le gouvernement Jambon. Le rôle de ce nouveau ministère sera « d’élaborer une politique de répression efficace et rentable ». Jusqu’ici, pas plus d’infos.
Même si le fait d’insister sur le terme « répression » peut être troublant, si on s’en tient au terme juridique, il ne devrait pas y avoir (trop) d’inquiétudes: la juridiction répressive est simplement la justice qui s’applique dans tous les cas de contraventions, délits et crimes et va décider de la peine ou amende encourue. C’est un peu un pléonasme de parler de ministère de la justice et de la répression dans ce cas. Mettre l’emphase sur le terme est un signe de peines plus dures.
L’obligation de vote oubliée au niveau communal
C’est sans doute la mesure qui fait le plus parler d’elle : le gouvernement flamand ne veut plus obliger les Flamands à se rendre aux urnes lors des élections communales mais aussi provinciales, deux scrutins qui ont lieu en même temps, une mesure réclamée depuis 2009 par l’Open VLD. On le sentait venir, c’est donc officiel depuis ce lundi. La Flandre se distingue ainsi du reste du pays puisqu’en Wallonie et à Bruxelles, ce vote restera obligatoire. Autre point important : la Flandre va mettre en place l’élection directe des bourgmestres comme c’est le cas en Wallonie et à Bruxelles. Et en parlant de bourgmestre, l’écharpe mayorale va aussi changer de look : fini l’écharpe tricolore noir-jaune-rouge, place au jaune et au noir, couleurs de la Flandre.
Il est difficile de prévoir ce que cette mesure provoquera lors des prochaines élections communales. On pourrait imaginer que cela favoriserait les partis d’extrême droite comme le Vlaams Belang puisque les militants et électeurs du parti pourraient être plus mobilisés et motivés à faire entendre leur voix et faire gagner leur parti. Mais selon le politologue Dave Sinardet interrogé par la RTBF, l’inverse pourrait se produire : « Le VB pourrait quand même perdre si le vote obligatoire disparaît, dans le sens ou il attire plus d’électeurs peu éduqués et avec un bas salaire qui vont généralement moins voter ».
Difficile donc de tirer des plans sur la comète pour le moment. Les prochaines élections communales et provinciales auront lieu en 2024 et permettront de mesurer l’ampleur de cette nouvelle mesure du gouvernement flamand.
Les aides sociales, inaccessibles aux primo-arrivants
Jan Jambon (N-VA) veut « exiger plus d’efforts de ceux qui rejoignent notre société. Les nouveaux arrivants qui s’intègrent avec succès ont alors toutes les chances ». Autrement dit, la Flandre vire à droite toute en matière d’immigration. Les primo-arrivants devront à présent vivre 10 ans sur le territoire belge, dont 5 sans interruption pour accéder aux aides sociales.
Parmi les aides sociales gérées au régional, on comprend par exemple les logements sociaux et la caisse de protection sociale.
De chômeur à TIG, il n’y a qu’un pas
L’accord de gouvernement prévoit bien sûr plusieurs mesures sur l’emploi, on n’oublie pas le fameux « jobs, jobs jobs » de Charles Michel. Le plan est ambitieux : aider 120.000 flamands à trouver un job pour ainsi atteindre les 80% de taux d’emploi. Pour y arriver, 350 millions d’euros vont être débloqués pour la mise en place d’un bonus à l’emploi en faveur des bas salaires.
Mais qui dit emploi dit demandeur d’emploi et le nouveau gouvernement flamand a une petite surprise pour eux. Désormais, ils devront suivre un parcours d’accompagnement obligatoire dans les 3 mois. Et après 2 ans d’inactivité, les chômeurs flamands devront effectuer un “service obligatoire à la communauté“. Autrement dit, des travaux d’intérêt général. Le but étant de se réintégrer au marché de l’emploi mais tout cela ne sera pas rémunéré.