Le Vlaams Belang la joue sur le long terme: faire rompre le cordon en 2024 aux élections communales

Les discussions entre la N-VA et le Vlaams Belang vont bon train en vue de former une coalition en Flandre. Mais les chances du parti d’extrême droite restent réduites. Le but du VB est plutôt de briser le cordon sanitaire pour les élections communales, en 2024.

Depuis 5 ans maintenant, le président du Vlaams Belang Tom Van Grieken a amené silencieusement son parti de 5% à la deuxième force politique au Nord du pays. Il s’est maintenant fixé un nouvel objectif pour les 5 ans à venir: inscrire son parti dans les chambres du pouvoir une bonne fois pour toute.

5 ans en politique, c’est une éternité. La plupart des politiciens sont plutôt concentrés sur le lendemain ou, au mieux, sur la semaine à venir. Mais ce qui s’est passé ce 26 mai devrait se répéter en 2024 lors des prochaines élections. Plus que jamais auparavant, la question du cordon sanitaire et de son maintien se pose dans le Nord du pays.

Bart De Wever (N-VA), le formateur au niveau flamand, en est au 3e tour des consultations: officiellement, tous les partis sont invités à participer, à l’exception du PVDA qui s’est exclu. Même Groen, pas très emballé par une alliance avec la N-VA, se montre discret et boit le café avec le président des nationalistes.

Le plus surprenant est de voir le Vlaams Belang toujours dans la course. Ce qui ravit bien sûr le parti de Tom Van Grieken: ils ne manquent aucune occasion pour souligner à quel point les discussions sont sérieuses. Le président du VB et Chris Janssens, le chef de groupe flamand, sont presque les seuls à donner des interviews: « regardez, nous sommes toujours là », répètent-ils. Pour le reste, c’est le silence radio ou presque.

« Les chances ne sont pas grandes, mais elles ne sont pas de zéro »

Ce n’est pas une coincidence. Parce qu’au Vlaams Belang, ils sont eux-mêmes conscients de leurs chances: « Je ne peux pas chiffrer nos chances d’être dans un gouvernement. Elles ne sont pas grandes, mais elles ne sont pas de zéro. Et s’il y a une petite chance, nous en tirerons le meilleur », a déclaré Tom Van Grieken à VTM ce dimanche.

Mais le Vlaams Belang voit déjà plus loin. Parce que la génération des Tom Van Grieken, Janssens et Barbara Pas, ses fidèles lieutenants, veut absolument briser ce cordon sanitaire et faire entrer le parti aux responsabilités. Mais dans le même temps, ils sont réalistes et savent que le niveau communal est sans doute le meilleur niveau de pouvoir pour y parvenir. Plus que le gouvernement flamand, sans parler du gouvernement fédéral.

Pas tout de suite: « Nous n’avons pas l’ambition de casser le cordon sanitaire dès maintenant, comme certains l’ont suggéré à Anvers lors des communales. Cela a mené au chaos et à des constructions instables. Nous attendrons 2024 », peut-on entendre au sein du Vlaams Belang.

La combinaison avec la N-VA pourrait garantir au VB une grande participation: les deux partis possèdent une majorité potentielle dans beaucoup de communes flamandes, notamment à Anvers et dans ses alentours. Maintenant que Bart De Wever se montre plus conciliant à négocier avec le VB, cela deviendra de plus en plus difficile pour la N-VA de dire non en 2024. Continuellement envoyer le VB sur les roses à un prix. « Nous sommes très au courant de cette opportunité », fait savoir le VB.

Reste qu’en 2018, le cordon sanitaire n’a pas été rompu. La N-VA n’a jamais été en faveur de ce dernier, mais en pratique, ils n’ont jamais voulu le briser. La consigne venait d’en haut: on n’a pas d’intérêt à s’allier avec l’extrême droite au niveau communal.

Ninove, le symbole

En 2018, cet échec de rupture du cordon s’est cristalisé à Ninove, où Guy D’Haeseleer remporta une victoire électorale écrasante avec sa formation Forza Ninove. Les deux conseillers communaux de la N-VA auraient pu aider D’Haeleseer à obtenir une majorité. C’était soit s’allier à l’extrême droite, soit rejoindre une coalition colorée dirigée par le bourgmestre sortant. Finalement l’un des deux conseillers communaux a rejoint cette coalition, officiellement contre son parti, dans l’opposition. Une circonstance bienvenue pour la N-VA qui n’a du coup pas du choisir entre aider le VB à prendre le pouvoir ou l’envoyer balader.

Cela devrait être différent en 2024 si le VB se montre patient. Et cela a d’autant plus de chances d’arriver là où la N-VA se sent forte. À ce moment-là, d’autres partis pourraient être tentés de briser à leur tour le cordon sanitaire pour ne pas être exclus du pouvoir sur le long terme.

C’est aussi le but de la manœuvre qui se joue en ce moment dans les négociations au Nord du pays. Le fait que la N-VA et le Vlaams Belang discutent de textes concrets montre que les choses évoluent. Au CD&V et à l’Open VLD, il pourra être fait la démonstration noir sur blanc que les plans des deux formations politiques n’a rien d’extrême. Et ce n’est qu’en s’ouvrant à ces deux partis que le VB pourra véritablement briser le cordon sanitaire.

Mais cela semble encore trop tôt. N’en déplaise à Sigfried Bracke, qui appelle dans différents médias la N-VA à s’associer dès maintenant au VB. C’est oublier qu’il parle en son nom et n’est plus élu.

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