Voyage au centre d’internet: le Darknet, sa liberté d’expression, ses marchés noirs…et sa légalité

Aujourd’hui, plongeons-nous dans ce monde sombre, peu connu mais source de nombreux fantasmes: le Darknet. Ce sous-réseau d’internet permet à n’importe qui d’échanger des informations, de consulter des sites et d’acheter des produits dans l’anonymat le plus complet…à condition de bien s’en servir. Mais au fait, ça sert à quoi le Darknet concrètement? Et surtout…Est-ce légal? Élements de réponse. 

Le Darknet est le paradis pour les gens qui ont des choses à cacher. On ne parle pas ici d’adultère ou de vol de quelques billets dans le porte-feuille de tes parents. Non, on parle de gens recherchés par diverses organisations, cela peut être la NSA ou son propre gouvernement. On parle également de criminels qui utilise le Darknet comme un immense marché noir qui compte des milliers de clients quotidiens. Ils peuvent y vendre à peu près n’importe quoi, que ce soit des produits ou services légaux ou pas.

Même si le Darknet est très souvent associé à la vente de drogue, d’armes ou à des réseaux prostitutions, il y a en fait plein d’utilisations différentes possibles de ce sous-réseaux d’internet. Intéressons-nous donc de près à cette zone de non-droit virtuel et commençons par le commencement: c’est quoi techniquement le Darknet?

Qu’est-ce que le Darknet?

Le Darknet, c’est avant tout la quête de l’anonymat comme l’explique Jean-Philippe Rennard dans plusieurs de ces conférences sur le Darknet (la dernière en date s’est déroulée à Mons jeudi 16 mars). En effet, quand tu surf sur Internet, ton fournisseur d’accès comme Voo par exemple, sait exactement ce que tu fais. l’Internet classique est un réseau centralisé: quand tu vas sur le site de newsmonkey, une demande est lancée à un ou des serveurs qui te renvoient toutes les données qui te permettront d’afficher la page d’accueil de newsmonkey. C’est ce qu’on appelle une structure client-service.

Pour le Darknet, c’est l’inverse. C’est un réseau décentralisé, c’est à dire que chacune de tes actions passent par un certains nombres de relais qui transmettent tes requêtes à d’autres relais. Ces relais ne peuvent identifier que ceux qui les précèdent et qui les succèdent. De cette manière, il est impossible de remonter jusqu’à toi. Par contre, les pages seront plus longues à charger vu qu’il ne s’agit pas d’une connexion directe.

Goffi.org
Goffi.org

Comment y accéder?

Pour se connecter et accéder au Darknet, il faut passer par des réseaux informatiques superposés. Le plus connu de tous s’appelle Tor. On dénombre environ deux millions d’utilisateurs selon Jean-Philippe Rennard. Grâce à Tor, tu pourras consulter tes sites habituels comme Facebook, newsmonkey ou Youtube en restant anonyme. Mais en plus de ça, tu peux consulter plus de 30.000 sites web cachés. Ces sites sont reconnaissable par leur « .onion » à la place du « .com ». Et c’est sur ces sites que l’on peut trouver des choses un peu scabreuses comme la vente de drogue mais on y reviendra plus tard.

On pourrait croire que c’est assez difficile d’accès mais PAS DU TOUT. Il te suffit de taper « Tor » sur Google, tu cliques sur le premier lien et tu télécharges. Tu dois ensuite faire deux-trois configurations hyper simples comme choisir ta langue et c’est tout. Tu cliques sur « Se connecter » et hop, tu es sur un navigateur comme Google Chrome ou Firefox sauf que tu es totalement anonyme. Il existe d’autres réseaux comme Freenet ou d’autres réseaux de messageries privées mais Tor reste le plus connu et utilisé.

Un outil au service de la vie privée et de la liberté…

Quand tu envoies un mail via Gmail, Google peut le lire librement. Si tu envoies une déclaration d’amour à ta ou ton crush, il est fort probable que lors de ton premier rendez-vous, Google t’envoie des fleurs. Non, on abuse mais tu as compris le principe. Comme le dit si bien Jean-Philippe Rennard, on ne supporterait pas que le facteur lise notre courrier avant de le mettre dans notre boite aux lettres. Alors pourquoi acceptons-nous que quelqu’un lise nos mails? Certains ne l’acceptent pas et utilisent donc Tor pour se protéger des regards indiscrets. Et en soit, on ne peut le reprocher à personne.

Cette volonté d’anonymat peut servir de nobles causes. Par exemple, si tu vis dans un pays au régime totalitaire, tu peux utiliser le Darknet pour organiser une résistance, faire valoir tes droits. Cela peut aussi permettre de contourner une éventuelle censure mise en place par le gouvernement, comme en Chine par exemple. On retrouve donc de tout sur le Darknet, de l’activiste politique à l’anarchiste refusant d’être surveillé par son gouvernement et défenseur des libertés individuelles. Mais tu t’en doutes, il y a des dérives.

…Mais avec ses dérives

L’être humain est incorrigible, tu le sais. Dès qu’il peut profiter d’un endroit sans surveillance et faire à peu près ce qu’il veut ça part en cacahuète. Du coup, et c’est surtout pour ça que l’on entend parler du Darknet, on retrouve plein de sites de marchés noirs. Tu peux trouver à peu près tout d’illégal: drogues, armes, tueurs à gage, des faux papiers TOUT. Toutes les transactions sur le Darkweb se règlent grâce à la monnaie virtuelle Bitcoin. Pas question d’encoder tes numéros de cartes de crédit sur le Darknet: c’est du suicide pur et simple.

Cette face cachée d’internet est aussi un incroyable outil de propagande. On peut y trouver des guides pour devenir le parfait terroriste, ou des ouvrages faisant l’apologie du nazisme. Bref ce n’est pas franchement la joie.

Il est difficile de chiffrer le nombre de site de traffic ou de propagande. Malgré tout, Jean-Philippe Rennard a tout même établi un classement des types de sites les plus fréquents sur le Darkweb:

  1. Les sites informatiques, le Darknet est une affaire de geeks, donc les geeks discutent d’informatique en tout genre
  2. Les blogs personnels
  3. Les sites politiques
  4. Les sites pornographiques
  5. Les sites pédopornographiques
  6. Les sites de partage de fichiers
Capture d’écran
Capture d’écran

Finalement, légal ou illégal?

Soyons clairs: le Darknet est LÉGAL. Tu ne risques absolument rien si tu installes Tor et que tu te ballades anonymement sur le web. Tout est safe à ce niveau. En fait, c’est ce qu’on y fait qui détermine si c’est légal ou illégal. Si tu achètes de la drogue ou des armes sur le Darknet, c’est totalement illégal. Par contre, risques-tu vraiment quelque chose? Pas sûr. Il est fort probable que les autorités préfèrent s’attaquer aux propriétaires de ces sites qu’à leurs clients. Par exemple, le propriétaire du site Silk Road (un site de marché noir) a été condamné pour une peine de prison à perpétuité alors que ses clients ont juste perdu un peu d’argent si ils ont réalisé des achats juste avant la fermeture du site.

Pour se faire une idée de l’ampleur de ce genre de site, le FBI expliquait au moment de la fermeture de Silk Road, que le site a permis environ 1,2 millions de transactions illégales ce qui représente 1,2 milliards de dollars américains (1,1 milliards d’euros). Malgré tout, il faut relativiser: on estime que le traffic illégal ne représente qu’entre 1 et 2% de l’ensemble des transactions qui ont lieu sur Tor, selon Jean-Philippe Rennard.

En conclusion, rien ne t’empêche de découvrir le Darknet: c’est légal. Fais juste extrêmement attention à ce que tu y fais, et à la manière dont tu protèges ton ordinateur. Les virus informatiques y sont nombreux et il serait dommage de foutre en l’air ton nouveau Pc à 1.500€. Mais n’oublie jamais que les autorités ne sont pas les seules menaces sur le Darknet, il y a aussi ses utilisateurs qui ont bien souvent des notions de hacking. Bon voyage au centre d’internet, sois prudent jeune aventurier informatique. Mais un conseil: touche avec les yeux et ne fait qu’observer cet étrange écosystème.

Si tu veux tout savoir sur le Darknet, tu peux regarder en intégralité l’une des conférences de Jean-Philippe Rennard ici

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