Un reportage sème le doute: oui, le dopage mécanique pourrait bien pourrir le cyclisme pro

La Belge Femke Van den Driessche serait loin d’être un cas isolé. La jeune fille de 19 ans est à ce jour la seule à avoir été sanctionnée car un moteur a été retrouvé dans son vélo. Mais ce fléau serait plus répandu qu’on ne le croit dans le cyclisme pro: c’est en tout cas ce que laisse penser le reportage « Moteurs, ça tourne », diffusé dans l’émission française Stade 2, dimanche.

C’est peut-être le nouveau fléau dans le cyclisme. Sauf que pour l’instant la Belge

Femke Van den Driessche, qui a préféré mettre un terme à sa carrière à19 ans plutôt que de se défendre, est la seule à être tombée pour dopage mécanique. Mais la présence de moteurs dans les vélos de certains coureurs pros serait une réalité: le reportage de France 2 en atteste.

Des coureurs « de très haut niveau » suspectés

Des journalistes du magazine français et du journal italien du Corriere della Serra ont mené l’enquête. Ils ont notamment utilisé une caméra thermique sur les courses italiennes de la Strade Bianche et de la Semaine Coppi-Bartali pour détecter la présence d’un moteur sur les vélos. C’est d’ailleurs l’une des techniques utilisées par les autorités.

« En action, la batterie et le moteur, au-dessus du pédalier, dégagent de la chaleur. En imagerie infrarouge, cette partie du cadre, plus chaude que le reste, apparaît incandescente », explique le reportage. Résultat? Au moins deux coureurs du peloton aurait utilisé ce « dopage mécanique ». Il y a aussi des doutes sur cinq autres coureurs. Aucune identité n’est toutefois donnée.

Un test qui vient valider les propos dans ce reportage de Jean-Pierre Verdy, ancien directeur des contrôles de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). Il explique notamment que plusieurs coureurs lui ont déjà fait part de leurs doutes sur des cycliste « de très haut niveau », qui auraient utilisé des moteurs sur leur vélo lors du dernier Tour de France. « Mais tant qu’on n’a pas de preuve, on ne peut pas accuser », avoue-t-il.

Capture d’écran Stade 2

Des images troublantes du vélo de Contador

Le reportage montre aussi des images troublantes concernant l’Espagnol Alberto Contador, l’une des stars du peloton. Lors du Tour d’Italie 2015, on y voit un mécanicien de l’équipe Tinkoff manipuler le vélo de Contador avant qu’il ne soit contrôlé. Le mécanicien touche notamment la roue arrière du vélo à plusieurs reprises.

Cela pourrait laisser penser qu’il y avait à cet endroit un système pilotable à distance pour déclencher un moteur planqué dans le vélo de Contador, laisse penser le reportage. L’ingénieur hongrois Istvan Varjas, inventeur du premier moteur adapté à un vélo de course et qui assume totalement d’avoir lancé le dopage mécanique, témoigne en effet dans ce reportage des progrès réalisés dans ce domaine. Il existe des moteurs ne mesurant que 5 cm de long mais extrêmement efficaces, qui peuvent être cachés dans le pédalier ou la roue arrière du vélo. Ces moteurs peuvent être déclenchés à distance par Bluetooth, grâce à une montre par exemple.

Le contrôle mené sur le vélo de Contador, sans caméra thermique, se révèlera infructueux sur le coup. Mais ces images viennent semer le trouble…

Jusqu’à 200.000 euros pour une roue électromagnétique

Ce qui est sûr, c’est qu’il est très difficile de détecter un éventuel moteur dans les vélos sans un matériel adapté. Surtout que d’énormes progrès continuent d’être faits pour permettre aux tricheurs de tromper les autorités en toute impunité. Dans le reportage, on voit notamment une roue électromagnétique fabriquée par Stefano Varjas, un nouveau système très efficace et très difficile à détecter. Son prix? De 50.000 à 200.000 euros. Plusieurs coureurs du peloton auraient déjà investi dans ce joujou, apprend-on dans le reportage.

EPA
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