Pourquoi le casting du gouvernement wallon pourrait être crucial pour le fédéral

Le timing est serré. Mais les négociateurs ont bon espoir d’arriver à un accord pour le 14 septembre. De quoi faire une belle photo gouvernementale le jour des Fêtes de Wallonie. S’il reste un gros point de blocage, il faudra aussi rester attentif au casting. Elio Di Rupo deviendra-t-il ministre-président? Et laissera-t-il du coup quelqu’un d’autre négocier à sa place au fédéral?

D’une dizaine de gros nœuds, les négociateurs wallons font maintenant face à un seul gros point de blocage. Dans une relative discrétion, les choses bougent pour parvenir à former un gouvernement. Il est même en passe d’être annoncé dans une dizaine de jours, et ce, avant le gouvernement flamand (23 septembre), ce qui était loin d’être acquis il y a encore quelques semaines.

Jean-Marc Nollet

Ecolo conditionnait sa présence dans le gouvernement à une véritable politique environnementale pour assurer la transition. S’il négocie toujours, c’est qu’il a été entendu. Par contre, le fameux point de blocage tourne autour des ventes d’armes, pour lesquelles la Wallonie dispose d’une expertise internationale avec notamment la FN Herstal et CMI à Seraing.

Il y a près de 5000 emplois en jeu et un secteur dont la valeur est estimée à près de 700 millions d’euros, rapporte La Libre. Le hic, c’est que la plupart des exportations wallonnes sont dirigées vers l’Arabie saoudite, l’Iran et le Pakistan, des pays pas vraiment réputés pour les droits de l’homme. D’un autre côté, quand on vend des armes, on sait qu’elles peuvent potentiellement tuer.

PS et MR s’accordent à pas trop toucher à ce secteur d’activité. Ecolo aimerait bien ajouter plusieurs candidations éthiques à celles qui sont existantes. C’est un véritable bras de fer. Et la FGTB est là pour mettre la pression. 71 entreprises sont concernées.

Quid de la ministre-présidence?

Preuve que l’obstacle ne sera pas insurmontable, ça parle déjà casting entre les négociateurs. Tant pour le gouvernement wallon que pour celui de la Fédération Wallonie-Bruxelles dont les négociations se font en parallèle. Le PS disposerait de 4 ou 5 ministres (Pierre-Yves Dermagne, Hugues Bayet, Christie Morreale, Frédéric Daerden ou encore Jean-Claude Marcourt), le MR en aurait 4 (Jean-Luc Crucke, Pierre-Yves Jeholet, Valérie De bue, Jacqueline Galant?, Georges-Louis Bouchez?), enfin Ecolo en aurait 3 (Stéphane Hazée, Philippe Henry, Jean-Michel Javaux est aussi cité).

Parmi tous ces postes ministériels, il manque une grande indication. Mais qui donc deviendra ministre-président de la Wallonie? Beaucoup de pointures sont désormais hors jeu: on pense à Paul Magnette qui ne pourra pas combiner cette fonction avec celle de bourgmestre de Charleroi, Charles Michel et Olivier Chastel qui sont partis à l’Europe, et enfin Jean-Marc Nollet qui aura fort à faire à la tête d’Ecolo avec sa jeune coprésidente Rajae Maouane, tandis que Willy Borsus est en pôle position pour reprendre les rênes du MR.

Un nom n’a pas été cité. C’est bien sûr celui d’Elio Di Rupo. Que va faire le président du parti socialiste? Il n’est plus bourgmestre de Mons et pourrait donc retrouver une fonction qu’il a déjà exercée, par deux fois.

L’heure de Paul Magnette?

À un détail près: les négociations fédérales. Il n’aura échappé à personne que Bart De Wever était annoncé à la ministre-présidence flamande, mais qu’il a fait finalement un pas de côté au profit de Jan Jambon. Objectif: peser de tout son poids dans les négociations fédérales.

epa

Depuis le départ, on assiste à une opposition entre N-VA et le PS, les deux partis forts des deux grandes communautés linguistiques. Un à droite, l’autre à gauche.

Le choix du PS pourrait être crucial pour le reste des négociations. Si Elio Di Rupo décide de s’effacer au fédéral, ce sera au profit de Paul Magnette dont on connait la ligne dure face aux nationalistes. Dans ce cas de figure, c’est sans doute l’arc-en-ciel qui aurait le plus de chances d’aboutir avec en prime une crise politique de quelques mois au moins. Cela permettrait toutefois au Carolo de renforcer (enfin) son emprise sur le parti.

Si Elio Di Rupo laisse par contre le siège de ministre-président vide – Marcourt, Demotte et Daeden sont également cités – la crise politique au fédéral pourrait être plus courte et une bourguignonne pas impossible. Il est désormais admis que l’actuel président du PS n’est pas contre le fait de parler à la N-VA, si c’est dans l’intérêt du pays.

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