Les sacs en tissu moins écologiques que les sacs en plastique? C’est ce qu’avance une étude danoise, mais il y a un « mais »…

Tu viens au supermarché avec ton sac en tissu réutilisable en pensant sauver la planète? Faudra encore faire des efforts. Une étude montre qu’il faut utiliser ton sac en tissu environ 10.000 fois pour qu’il soit plus écologique qu’un sac en plastique. De quoi remettre les choses en perspective.

Les magasins abandonnent de plus en plus le traditionnel sac en plastique contre ses alternatives vertes: les cartons ou les sacs en coton. La semaine dernière, le groupe Colruyt a annoncé qu’il retirait définitivement les sacs en plastique à usage unique pour les fruits et légumes. La chaîne de supermarchés propose en échange de les remplacer par des sachets en plastique réutilisables et biodégradables, qui coûtent 0,25 euro pièce, mais qui sont réutilisables jusqu’à 100 fois. Delhaize avait pris les devants et ne propose plus de plastique du tout pour les produits en vrac et Carrefour veut faire de même d’ici 2025.

Réutiliser 10.000 fois

Les Belges sont assez friands des jolis sacs fourre-tout en coton. Mais ces sacs en tissu sont-ils réellement plus écologiques que ceux en plastique? Une recherche danoise publiée l’année dernière indique qu’il te faudrait utiliser ton sac en tissu 10.000 fois pour le rendre plus écologique. Cela paraît pourtant contre-intuitif, alors comment déterminer le vrai du faux?

La réponse ne va pas de soi et doit être nuancée. D’abord, la recherche en question examine l’ensemble du cycle de vie de différents types de sacs en plastique et de sacs réutilisables. En clair, les chercheurs se penchent sur des critères comme la fabrication du plastique, son utilisation, la manière dont il est jeté (ou recyclé) et la quantité d’eau nécessaire à sa fabrication. Mais d’autres critères décisifs ne sont pas pris en compte.

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Aucun sac n’est meilleur que l’autre

En fait, il est pratiquement impossible pour un type de sacs d’être meilleur qu’un autre. Car tout dépend de ce qu’on en fait. On s’explique: pour les rendre réutilisables et plus robustes, par exemple, il faut plus de matière pour leur fabrication, ce qui a un coût environnemental plus important. Bref, ce qu’on gagne d’un côté, on le perd de l’autre. Difficile de déterminer le critère qui semble le plus important: son impact sur l’environnement, son usage, la quantité d’eau requise pour sa fabrication, l’impact du choix de matériau sur le réchauffement climatique, etc.

De plus, ce genre d’études doit aussi être nuancé d’un pays à un autre. Par exemple en Belgique, on utilise beaucoup moins de sacs en papier pour faire ses courses qu’aux États-Unis, où tout tient dans un sac brun en papier. Ni complètement vrai, ni complètement faux, cette étude est à prendre avec des pincettes, en comparant ce qui est comparable. On peut par exemple réutiliser un sac en plastique plusieurs fois et le nettoyer, ce qui est toujours préférable à un ou plusieurs sacs en tissus. Mais, a contrario, si on repart chaque fois avec un nouveau sac en plastique du magasin, l’impact sera bien sûr plus important.

Soupe de plastiques

Un autre facteur qui n’est pas pris en compte par cette recherche danoise, c’est la pollution causée par le plastique. Une quantité importante de plastique se trouve dans nos océans. Ces plastiques n’affectent pas seulement les poissons et les tortues, c’est aussi dangereux pour nous, car les infimes particules de plastique présentes dans l’eau se glissent jusque dans nos bouteilles.

Ces micro-plastiques ont un impact important sur notre organisme. On sait par exemple qu’ils affectent notre équilibre hormonal. Et pas besoin de te rappeler l’énorme impact du plastique sur la faune et la flore.

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Recycler

S’il est vrai que le plastique est réutilisable, et que, le coton nécessite une agriculture intensive – ce qui rend les sacs en tissu moins intéressants quand on se penche sur leur cycle de vie – l’étude ne parle pas des systèmes de recyclage propre à chaque pays. Au Danemark par exemple, le système de recyclage et d’incinération du plastique est particulièrement avancé. Il permet de compenser le fait que le plastique est non dégradable. A contrario, nombreux sont les sacs présentés comme biodégradables qui ne le sont pas du tout.

Ne nous voilà pas beaucoup plus avancer. Comment faire alors pour acheter de manière plus écologique? Pour les experts, les sacs en plastique font l’affaire, à condition qu’ils soient réutilisables et réutilisés. C’est facile de les utiliser des centaines de fois. Ainsi, tu compenses aisément l’impact écologique de leur fabrication. Ils sont aussi faciles à rincer et nettoyer, ce qui n’est pas tout à fait le cas des sacs en coton. Le lavage en machine représente un impact plus négatif que positif en terme écologique, en plus de sa fabrication dont nous avons déjà parlé.

Réutiliser

Mais peu importe finalement ce que tu utilises, le meilleur sac, ce sera toujours celui que tu ne dois pas acheter. Tu as déjà des sacs à la maison? Utilise-le plus souvent possibles les sacs en plastique ou en coton que tu possèdes déjà. Utilise-les pour la poubelle de ta cuisine ou réutilise-les quand tu fais tes courses ou quand tu vas au magasin. Finalement, la recherche indique que tous les sacs sont acceptables à condition de les réutiliser plusieurs fois.

Enfin plus important encore, ce n’est pas le sac, mais plutôt ce que tu mets dedans. Consommer beaucoup de viande comme les Belges le font actuellement a un impact écologique beaucoup plus néfaste que l’utilisation d’un sac en tissu ou en plastique. Même chose si tu vas faire tes courses en voiture plutôt qu’en vélo. Et puis tout dépend de l’emballage des produits eux-mêmes. En Belgique par exemple, les produits bio n’ont pas d’autre choix que d’être emballés dans du plastique pour les différencier des autres produits.

Tu auras compris que pour mesurer l’impact écologique d’une initiative, elle doit être observée dans son ensemble et que le seul fait d’utiliser un sac en tissu ne suffit pas. L’écologie et ses solutions doivent être envisagées de manière globale, c’est la leçon que l’on peut retenir.

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