Légalisation du cannabis, protection des données, semaine de 4 jours: voilà tout ce qui ressort du Congrès du PS

Le temps presse pour le Parti socialiste d’Elio Di Rupo. Les élections communales et provinciales se tiendront l’année prochaine et les fédérales en 2019, mais les socialistes sont toujours mal placés dans les sondages et menacés par la montée du PTB. Ils étaient donc tous réunis en Congrès ce dimanche, pour tenter de rebooster l’idéologie du parti. En tout, 170 engagements ont été pris. Faisons le tour des principaux qui concernent les jeunes.

Grosse journée ce dimanche pour le Parti socialiste. Après le Chantier des idées, lancé en 2015 par leur président Elio Di Rupo, et deux années suivantes de colloques, conférences thématiques, forums et rencontres en tous genres, les socialistes s’étaient retrouvés au Palais des Congrès de Liège pour faire le point et adopter les mesures censées moderniser le parti.

À l’issue de ce Congrès idéologique, « 170 engagements pour un futur idéal » et un nouveau manifeste actualisé « résolument à gauche » (après la Charte de Quaregnon qui jetait les bases du parti depuis 1894) ont été adoptés à la quasi unanimité, peut-on lire sur le site internet du PS. Les engagements pris concernent tous les domaines et sont répartis en 16 chapitres: Économie, Écosocialisme, Éducation, Éducation permanente, culture et médias, Emploi pour tous, Engagement citoyen et démocratie, Enseignement supérieur et recherche, États et services publics, Europe, Fiscalité, International, Justice, Libertés individuelles et vivre ensemble, Protections sociales, Santé, et enfin Sécurité.

Augmentation du salaire minimum

Parmi les priorités, figurent évidemment la réduction collective du temps de travail et la hausse des bas revenus. La mesure phare, qui devrait te plaire à toi travailleur, est d’ailleurs la semaine de quatre jours. Une idée déjà lancée l’année dernière et pourtant décriée par ses opposants, dont le cdH, la N-VA, le MR et le Premier ministre Charles Michel. Le PS propose donc de travailler un jour de moins, tout en maintenant le salaire habituel et en contrebalançant par une embauche compensatoire.

Le PS veut aussi augmenter le salaire minimum, dans le but de réduire le nombre de Belges qui vivent sous le seuil de pauvreté (moins de 13.377 euros par an). Pour cela, il défend l’introduction d’un bonus social généralisé qui viendrait compléter les revenus jusqu’à ce qu’ils dépassent le seuil de pauvreté. Une sorte de revenu universel pour les plus démunis, si tu veux. Toujours côté argent, le PS s’est également mis d’accord sur la globalisation des revenus, intégrant une taxation proportionnelle du capital. Autrement dit, des impôts qui correspondent davantage à la hauteur du capital et qui sont prélevés dans le pays où est détaché le travailleur.

Au chapitre économie, le PS propose encore une série de mesures pour défendre les travailleurs, comme la création d’un compte d’épargne populaire, avec un taux d’intérêt élevé, et la mise en place de banques coopératives, tout cela pour les petits épargnants. De l’autre côté, le parti veut réguler les grosses entreprises et tout le secteur financier.

Soins de santé de base gratuits, pension à 65 ans

Pour le PS, les soins de santé de base doivent également être accessibles à tous et rendus gratuits. C’est pourquoi, le Congrès veut que les consultations de médecine générale, de dentisterie, de psychologie, ainsi que toutes les médecines pour les enfants soient entièrement prises en charge par l’assurance maladie obligatoire. Qu’il ne reste donc pas un euro à charge du patient. « Le PS s’opposera à toute forme de libéralisation et de privatisation des services publics », a ainsi assuré le chef de groupe à la Chambre Ahmed Laaouej (PS), dans des propos relayés par L’Écho.

L’âge de la pension, qui sera élevé à 66 ans en 2025 et 67 ans en 2030, ne plaît pas non plus aux socialistes. Ils proposent donc de revenir sur ce changement dans la loi, en conservant l’âge légal de 65 ans, comme c’est encore le cas pour 8 ans. « Ce sera une exigence fondamentale pour repartir dans un gouvernement », prévient déjà la cheffe de file bruxelloise Laurette Onkelinx (PS). Par contre, ils veulent scolariser les enfants plus tôt, en rendant l’enseignement obligatoire dès l’âge de 3 ans, au lieu de 6 ans comme c’est toujours le cas aujourd’hui. Et mettre en place un tronc commun pluridisciplinaire, de la maternelle jusqu’à la troisième secondaire.

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Légalisation du cannabis

Comme déjà annoncé par le passé, le PS veut légaliser la culture, l’achat et la consommation du cannabis « à des fins personnelles » et « à des fins médicales », mais seulement pour les plus de 18 ans. Car « l’approche répressive ne permet pas de réduire la consommation, qui continue au contraire d’augmenter », les contrôles sont impossibles et les réseaux criminels ont la main sur la marché, justifie le texte. Le contrôle serait appliqué par une traçabilité de la chaîne, des impôts sur les prix de vente et la création de cannabis social clubs, sorte de centres pour fumer, agréés par l’État.

Pour assurer « plus de liberté et d’égalité », comme on peut le lire dans le texte des 170 engagements, le PS demande l’inscription de la laïcité de l’État dans un préambule à la Constitution et un renforcement des normes juridiques. Après la polémique de la semaine dernière sur la croix absente de la mitre du Saint-Nicolas de Solidaris, le parti réaffirme donc sa volonté de ramener la religion dans la sphère privée. De même, il veut assurer plus d’égalité entre les hommes et les femmes en s’attaquant à tous les domaines de la vie publique et privée. Ou encore, inscrire le genre « neutre » dans le droit civil et renforcer les droits des personnes transgenre, intersexe et des couples homosexuels qui souhaitent avoir un enfant.

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Protection des données et écosocialisme

La protection des données n’est pas non plus mise de côté. Pour cela, le PS veut créer une agence indépendante internationale (ou au moins européenne) des données personnelles. Celle-ci aura le job d’héberger, stocker et contrôler les données numériques, afin de stopper leur migration et marchandisation en dehors de l’Union européenne. Les entreprises ne pourront plus les consulter et les utiliser à leur guise et un recours individuel devra être rendu possible pour accéder, modifier voire supprimer ses données qui sont collectées par les grands (Google, Apple, Facebook ou encore Amazon). Autrement dit, le PS demande qu’un droit à l’oubli soit introduit dans le numérique.

Un chapitre important est aussi consacré à l’écosocialisme. Dedans, le PS souhaite faire de la Belgique un exemple pour le reste du monde en matière de transition énergétique. Plusieurs mesures concernent l’énergie, l’environnement, l’alimentation et le bien-être animal. Enfin, sur le plan de l’évolution démocratique, les socialistes prônent un droit d’initiative citoyenne, qui te permettrait de déposer des mesures législatives à l’adresse des parlements.

Si tu souhaites en savoir plus sur les engagements pris, tu peux consulter le texte complet ici.

Reste à voir si ce coup de fraîcheur suffira au PS à rattraper son retard dans les sondages et à regagner le coeur des électeurs, après les affaires Publifin, de l’ISPPC ou encore du Samusocial.

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Voilà un (très) gros résumé en vidéo des souhaits des militants du parti, qui ont été entendus par le Congrès:

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