Le vidéaste Mastu accuse YouTube d’avoir blacklisté sa chaîne sans raison

Mastu, vidéaste membre de la Red Box, pourrait bien être blacklisté par YouTube. Une situation qui n’est pas neuve, mais qui inquiète sur le manque de transparence que l’entreprise entretient.

« Mes 7 dernières vidéos ont été démonétisées à l’instant même où je les ai publiées sur YouTube. Sans aucune raison apparente puisque par la suite elles ont été vérifiée manuellement (et donc re-monétisées). » Ainsi commence le thread de Mastu, vidéaste membre de la Red Box à l’instar d’Amixem, Joyca ou encore VodK Prod.

Avec presque deux millions d’abonnés, Mastu n’en est pas à son coup d’essai sur la plateforme. Cela fait trois ans qu’il traîne sur YouTube et propose un contenu de divertissement et d’humour, avec de la vidéo réaction, des concepts, jeux et une atmosphère de nostalgie ambiante.

De base, son contenu qui rentre dans la même catégorie que la majorité des chaînes les plus populaires du YouTube-jeu francophone (Squeezie, Amixem, Neoxi, etc.) ne devrait pas poser de problèmes pour les règles de modération de YouTube. Sauf que, comme le pointe le vidéaste, il n’a pas cette chance.

Blacklisté?

Dans un long fil Twitter, il raconte comment il s’est rendu compte que YouTube démonétisait systématiquement ses vidéos, sans raison apparente. Pour prouver qu’il était effectivement blacklisté, il s’est attelé à plusieurs tests: d’abord, retirer l’image de la vidéo, puis retirer le son à l’exception de 10 secondes, et enfin retirer tout son et toute image. Surprise: seule la dernière version est monétisée.

Ce n’est pourtant pas quelque chose que Mastu dirait, ou une musique dont il n’aurait pas les droits qui posent problème. Comme il le montre sur Twitter, le simple fait d’avoir du son sur sa vidéo la démonétise automatiquement. Une théorie qu’il a confirmée en testant une autre vidéo, créée par son confrère Joyca, monétisée sur sa chaîne personnelle mais démonétisée sur celle de Mastu.

Les raisons de la démonétisation

À l’inverse, s’il poste sa vidéo sur une autre chaîne, elle est monétisée. Une vidéo démonétisée a, en général, un contenu qui risque de ne pas plaire aux annonceurs qui paient pour avoir leur pub dans les différentes vidéos, et ne veulent pas être rattachés à cette image. Résultat: pas de revenus générés par les vues de la vidéo.

Dans le détail, YouTube démonétise le contenu qui:

  • se veut « sexuellement suggestif, incluant de la nudité même partielle ou des blagues à caractère sexuel »
  • est « violent, comportant des injures ou des événements liés à un extrémisme violent »
  • présente « un langage inapproprié, touchant au harcèlement, à la profanation ou à la vulgarité »
  • fait « la promotion de drogues ou de substances s’y apparentant, celle de leur vente, de leur usage ou de leur abus »
  • touche à « des sujets ou des événements controversés ou sensibles, dont ceux liés à la guerre, aux conflits politiques, aux catastrophes naturelles et aux tragédies, et ce même si aucune image explicite n’est diffusée »

Il y a eu, depuis deux ans, des chaînes entièrement démonétisées. Selon la logique d’une entreprise privée qui cherche à faire du profit, aussi injuste cela puisse paraître, c’est malheureusement logique.

Mais là où le bas blesse, c’est que le contenu de Mastu n’a rien de subversif, violent, sexuel, a rapport aux drogues ou soit politisé d’une quelconque manière. Mastu propose un contenu destiné à un jeune public et un format qui a beaucoup de succès de manière générale. En bref: du pain béni pour les annonceurs.

Manque de transparence

Aucune réponse n’a été fournie par YouTube au jeune vidéaste. Après avoir tenté de contacter à de multiples reprises la plateforme, il est resté, jusqu’ici, sans réponse.

Ce n’est pas une histoire qui surprend. YouTube, ces dernières années, a à plusieurs reprises prouvé que l’amour des créateurs, quand on est une entreprise privée avec des intérêts financiers et une opacité marquante dans ce genre d’histoires, c’était pas trop son truc. Voire pas du tout.

Mais alors, comment faire quand on est dépendant de cette même entreprise pour une partie de ses revenus? Cela fait bien longtemps que les vidéastes ne comptent plus uniquement sur les vues pour gagner de l’argent, mais les partenariats ne sont pas toujours bien vus (ou accessibles), les plateformes de don rarement efficaces et vendre des tee shirts ou des goodies peut être risqué niveau investissement.

Fairtube, une solution viable?

Certains parlent d’un syndicat de YouTubers, qui réclamerait, à défaut d’avoir sa vidéo monétisée, de connaître la logique de l’algorithme et de la modération de la plateforme. Une idée qui pourrait porter ses fruits.

L’un des plus gros syndicats européens, IG Metall, a récemment inclus ce nouveau corps de métier dans ses membres, et est le premier à vouloir entreprendre une réelle action en justice avec Google. Avec Fairtube et son créateur Jörg Sprave, vidéaste allemand qui accumule plus de 2 millions d’abonnés, la force de ce syndicat pourrait enfin créer un changement dans l’univers des créateurs de contenu.

« On ne demande pas des choses qui aient rapport au profit ou qui soient irréalistes. On demande de la justice. On veut de la transparence. On veut être traités comme des partenaires. Et on veut une communication personnelle au lieu d’être anonyme », a annoncé Jörg dans sa vidéo de présentation.

De telles demandes, si elles sont approuvées, pourraient bien arranger le cas de Mastu et moultes autres vidéastes dans le même cas que lui. On est peut-être arrivé à un tournant dans l’histoire de YouTube.

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