Avec Mirador et Bye Bye, Squeezie prouve qu’un tube de l’été, c’est pas si compliqué

Squeezie sera-t-il l’auteur d’un tube de l’été malgré lui? Parti d’un challenge sur sa chaîne, le vidéaste est aujourd’hui dans le top 10 d’Apple Music avec un pastiche de musique à succès qui, malgré une volonté de ne pas se moquer, fait plus rire que réfléchir. On va tenter d’expliquer pourquoi c’est si « facile » de faire un tube de l’été.

Il y a une semaine, Squeezie, deuxième youtubeur français, sortait une vidéo intitulée « Qui fera le meilleur hit de l’été? (en trois jours) ». Tout est dans le titre: Squeezie et trois autres vidéastes allaient se diviser en deux équipes pour tenter de créer un hit de l’été en seulement trois jours. Le genre de single que tu entends une première fois, puis une douzaine de fois, que tu fredonnes sans le vouloir puis que tu détestes profondément.

Avec d’un côté Joyca et Squeezie, et de l’autre Freddy Gladieux et Kezah, le défi était lancé. Tout au long de la vidéo de plus d’une heure, on peut voir les vidéastes composer, créer des toplines, écrire et chanter avec une bonne dose d’autotune et de rythmes latins à contre-temps.

Mirador VS Bye Bye

Mais c’est là que le vrai défi commence. Après avoir produit les titres, Squeezie annonce qu’un concours se lance entre les deux musiques, nomméesMirador pour Freddy et Kezah, Bye Bye pour Squeezie et Joyca.

Deux clips sortent trois jours plus tard, le 8 juin, et celui qui aura le plus de likes gagnera la compétition du meilleur hit de l’été.

À la base, rien dans cette initiative ne devait sortir du contexte classique et un peu fermé du monde de Youtube. Sauf que ça a dérapé. On entend Mirador dans une boite londonienne. Bye Bye passe à la radio.

Pourquoi? Personne ne sait. Avec près de 20 millions de vues accumulées, les deux clips, pastiches de tubes de l’été, ont fini par devenir de… vrais tubes de l’été?

Il faut dire que si on ne voit pas les making-of, il serait facile d’imaginer que Freddy Gladieux est le nom du dernier chanteur pop à la mode. Tout dans son attirail le crie: ce lover latino veut te faire danser.

Mais tout n’est pas fini: ce jeudi 13 juin à minuit, les deux tubes ont débarqué sur toutes les plateformes de streaming musical. Encore une fois, une incursion dans le « monde réel » hors Youtube réussie: les deux musiques sont déjà grimpées en cinquième et neuvième position du classement apple music en France.

Encore une fois, les paroles sont random, l’intention musicale moyenne mais oui, ce sont des tubes de l’été. Entre le rythme, l’atmosphère, l’autotune, et la probabilité de se retrouver avec « Vol première classe pour Cuba, escale à Puerto Rico » ou « J’te dis Bye-Bye si tu fais du sale » en tête pendant approximativement les douze prochaines heures est clairement au dessus des 90%*.

En quoi ça fonctionne, un hit de l’été?

Il y a quelque chose de mathématique dans un hit de l’été. Le New York Times l’a bien prouvé l’année dernière avec l’analyse de 30 ans de tubes, nommée « Why Songs of The Summer Sound The Same ». En créant une empreinte digitale de chaque morceau, basée sur le volume moyen, la gaité, l’utilisation ou non d’instruments acoustiques, la « dansabilité » basée sur la force et la régularité du beat, et l’énergie du morceau, on obtient une empreinte, un pattern. La recette d’un succès national, voire mondial.

Ainsi, on pouvait voir que, en fonction de l’année, ou de la décennie, on écoute un peu tout le temps la même chose, la même recette. Les goûts peuvent changer, mais les succès restent.

New York Times

Ce qu’ont fait Lucas de son vrai nom et sa bande, c’est simplement suivre la recette actuelle. Difficile de savoir pourquoi celle-ci fonctionne, ou alors il faudra attendre l’un ou l’autre sociologue pour nous l’expliquer d’ici 40 ans. Tout comme les guitares désaccordées des punks qui créaient la frénésie dans le Londres de 1977 peuvent s’expliquer par le biais du climat répressif de l’époque en Angleterre, on saura peut-être un jour pourquoi un synthé et un peu d’autotune sur un rythme à contretemps entraîne une envie irrépressible de twerker.

Dans une vidéo datant de 2016, un autre vidéaste, spécialisé dans la musique et lui même producteur nommé PV Nova, essayait d’expliquer comment composer un morceau à succès pour profiter du soleil de l’été. À l’époque, on était au son dance assez rond, avec beaucoup d’attaque. Lui n’avait pas fini dans le top 10 de Spotify, sans doute du fait qu’il n’avait pas la notoriété de Squeezie, mais la démarche était la même.

Ces vidéos et cette enquête prouvent au moins une chose: faire un tube de l’été, une fois qu’on en a les moyens, l’envie et un minimum de notoriété, même en casant des mots espagnols un peu random ou en parlant comme un lover de sable fin… C’est pas si compliqué. Mais bon, on va pas non plus s’en priver. Si on pouvait juste arrêter de jouer Despacito dans le métro, ce serait une bonne nouvelle. Merci.

Tu peux tenter d’analyser piste par piste Mirador grâce à la dernière vidéo de KezahProd

https://youtu.be/RvlGnJsShps

*Peut-être pas. Les statistiques sont faussées (comprenez: inventées).

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