Pour la première fois depuis la fin des élections, PS et N-VA se sont mis autour d’une table. Convoquée par le duo de formateurs, la réunion aura duré presque 3 heures.
Deux mois. Il aura fallu laisser couler deux mois avant que socialistes et nationalistes ne se parlent. Il faut dire qu’entre les exclusives d’un côté et les revendications communautaires de l’autre, le niveau fédéral se joue en terrain miné.
Mais les deux plus grands partis de chaque Région ont répondu à l’invitation de Didier Reynders (MR) et Johan Vande Lanotte (sp.a). Pour au moins marquer leur bonne volonté. Ils étaient accompagnés par cinq autres partis: le duo Michel-Wilmès pour le MR, le duo Rutten-De Croo pour l’Open vld, Crombez-Kitir pour le sp.a, Wouter Beke pour le CD&V et enfin Groen avec Almaci et Calvo.
Ecolo et Groen, pas sur la même longueur d’onde
Mais où est Ecolo? Contrairement à leurs homologues flamands, les écologistes francophones ont décidé de ne pas se présenter à cette réunion de dimanche. Les Verts du sud du pays ont fait savoir depuis longtemps qu’ils ne voulaient pas gouverner avec la N-VA.
Par communiqué, le parti s’est expliqué: « Tout nous oppose à la NV-A: vision de société, méthodes, priorités, etc. Nous considérons qu’il n’y a pas la moindre option pouvant associer notre parti à la NV-A. Discuter avec eux autour d’une note pouvant servir de base aux futures discussions de préformation dans la perspective d’une formule majoritaire associant Ecolo et la NV-A n’a dès lors aucun sens », a commenté Jean-Marc Nollet, coprésident.
Zakia Khattabi avait déjà donné quelques signaux en ce sens sur les réseaux sociaux, suscitant pas mal de réactions négatives. Ecolo est accusé de manquer de responsabilité et de s’enfermer. Une première brèche s’est en tout cas ouverte avec les écologistes flamands, avec qui ils forment pourtant un groupe commun à la Chambre.
Le PS évite le poids de la crise
Au PS, c’est le duo Di Rupo-Magnette qui s’est présenté. On sait les deux hommes pas tout à fait d’accord sur la stratégie à adopter au fédéral. Là où Paul Magnette aurait plutôt joué la politique de la chaise vide, Di Rupo s’est davantage positionné en homme d’État. À raison: le PS ne portera pas le poids d’une éventuelle crise. Il aurait été facile pour les nationalistes – venus en trio De Wever-Jambon-Francken – de faire porter le chapeau aux socialistes francophones: regardez, ils ne veulent ni du confédéralisme ni discuter, prouvant ainsi que ce pays ne fonctionne plus.
Mais c’est donc la ligne Di Rupo qui a pour l’instant été suivie. Et si on ne sait pas grand-chose de ce qu’il s’est dit – très peu de communautaire et très vague sur les thèmes délicats – le but était surtout de montrer de la bonne volonté. À quelques heures de la remise du rapport des deux informateurs au roi, Didier Reynders et Johan Vande Lanotte devaient montrer un certain résultat. Sans quoi leur mission n’aurait pas été prolongée. En arrivant à mettre la plupart des partis autour de la table, ils peuvent s’attendre à poursuivre leur mission. Il n’y a d’ailleurs personne d’autre pour reprendre leur rôle. Il faut avancer sur cette base.
Fondue bourguignonne?
Mais sur quelle base justement? Tout ou presque oppose la N-VA et les socialistes. Mais si Ecolo est out, c’est la coalition bourguignonne qui a la faveur des pronostics: soit les nationalistes, les socialistes et les libéraux, éventuellement accompagnés du CD&V. Le cdH s’est mis out tout seul et PTB et VB sont exclus des discussions à ce niveau du pouvoir.
Mais si Di Rupo est ouvert à la discussion, Magnette l’a répété à plusieurs reprises: « Le PS ne gouvernera pas avec la N-VA. » Il faudrait d’énormes concessions de la part du parti de Bart De Wever pour parvenir à une entente. Mais Bart De Wever a déjà montré qu’il pouvait mettre de l’eau dans son vin, comme dans sa ville d’Anvers qui jouit de la même coalition. Ce qui est certain, c’est qu’il faudra du temps pour expliquer ce processus aux militants.
L’autre option reste l’arc-en-ciel. Avec le retour des écologistes donc. Ils ont d’ailleurs fait savoir qu’ils étaient « pleinement disponibles pour répondre à toute autre sollicitation des informateurs royaux. » Mais cette option place toujours les partis flamands en minorité et l’Open VLD n’est vraiment pas enthousiaste à monter dans un attelage trop à gauche par rapport à sa ligne.
Bref, rien de simple au menu, mais un premier pas. Le fédéral devrait maintenant être mis en suspens au profit d’avancées dans les Régions. Et là encore, la question de la présence des écologistes se pose au sud du pays.