Télécharger une vidéo de YouTube puis l’uploader comme si on en était le créateur est une pratique de plus en plus courante sur Facebook. On appelle ça le freebooting. C’est comme le piratage, c’est pire que le plagiat et ça met des YouTubeurs dans des situations financières critiques. La majorité des internautes soutiennent le freebooting sans le savoir en visionnant les vidéos automatiques de Facebook. Un flou juridique fait que ceux qui s’approprient ces vidéos parviennent à se faire de l’argent sans être inquiétés.
Faire des vidéos sur YouTube est aujourd’hui un métier (quasi) comme les autres. Un YouTubeur crée une capsule vidéo, la poste sur YouTube et, à partir d’un certain nombre de vues, il peut monétiser ces vues grâce à un algorithme complexe de Google. Cet algorithme prend en compte le visionnage de la publicité avant la vidéo, le temps passé sur la vidéo et le nombre d’abonnés. Mais quand quelqu’un télécharge cette vidéo puis l’uploade sur sa page Facebook, le Youtubeur perd toutes ses vues et sa possibilité de se faire un peu d’argent: c’est le freebooting.
Le freebooting est un terme inventé par les Youtubeurs CGP Grey et Brady Haran. Selon l’Urban Dictionnary, il signifie « prendre un média qui est en ligne et l’héberger sur son site web sans permission. » Ce n’est pas comme partager, intégrer ou le mettre en lien. Cela signifie s’approprier totalement le travail d’un autre pour le réutiliser à son propre compte, en oubliant tout les crédits. Ce qui est sensiblement dégueulasse pour le créateur.
De YouTube à Facebook
Sur YouTube, voler une vidéo pour la ré-uploader sur sa propre chaîne, c’est déjà pas cool. Mais YouTube a un système qui détecte les copyrights et supprime les vidéos volées. Sur Facebook, ce système n’existe pas. Donc, n’importe qui peut s’approprier une vidéo et prétendre en être le créateur. Ce qui est vraiment sale.
De plus, Facebook comptabilise les vues différemment de YouTube car Facebook comptabilise TOUTES les vues. Et celles-ci augmentent rapidement grâce à la fonction Autoplay. Quand vous scrollez, les vidéos se lancent automatiquement, sans le son, mais ça compte comme une vue. Même si vous n’avez passé que trois secondes sur une vidéo que vous ne souhaitiez pas regarder, votre passage est comptabilisé.
Les vues se monétisent
Sur Facebook, tout est fait pour faciliter le partage, de façon parfois irréfléchie. Une vidéo postée sur ce réseau atteint beaucoup plus vite son public que sur le service de Google. Là où un Youtubeur galère grave pour atteindre les 10.000 vues, un freebooter peut facilement atteindre 58 fois ce nombre de vues, explique le Youtubeur Ermite Moderne.
Du coup, plein de petits malins y voient un business facile à se faire. Facebook ne monétise pas (encore) ses vidéos mais celles-ci génèrent du trafic et ce trafic peut être revendu à des publicitaires. Cette pratique ne concernent pas uniquement des petits internautes. Des médias plus sérieux s’approprient ainsi parfois des vidéos en supprimant le logo du créateur pour les insérer dans leur propre lecteur et s’approprier la pub liée au vues.
Sur le plan juridique
Facebook ne possède aucun système de détection d’infraction au copyright. Et il semble que, pour l’instant, il n’existe aucune autorité agréée pour traiter des autres cas, qui ne concernent pas uniquement Facebook. Peut-être est-ce parce que la législation dans de nombreux pays peine encore à s’adapter à ces usages virtuels qui diffèrent des concepts traditionnels.
Mais comme le rappelle Ermite Moderne, le freebooter empêche l’auteur « d’avoir une vraie carrière avec les revenus » qu’il mérite. Pour éviter le freebooting, il faut donc partager les vidéos directement depuis YouTube et ne plus repartager celles de Facebook. À moins que celles-ci soient liées directement à la page du créateur.
Pour approfondir le sujet, nous vous conseillons vivement de regarder la vidéo (ci-dessous) de l’Ermite Moderne.
Sources: It’s Okay To Be Smart, Urban Dictionnary, VoxMakersYou might as well kill me now if you keep doing this to me pic.twitter.com/WYx4SLrmeR
— Abam Apam (@RealAbamApam) 10 avril 2016