Twitter compte environ 300 millions d’utilisateurs dans le monde et seulement 1.867 modérateurs humains. Le réseau social l’assume: le futur de la modération se trouve dans les algorithmes.
BFM TV s’est procuré les chiffres qu’a communiqué Twitter au CSA français en septembre dernier. On y découvre que la plateforme ne dispose que de 1.876 modérateurs pour environ 300 millions d’utilisateurs. « Nous avons récemment doublé le nombre de personnes chargées de faire respecter nos règles. Chez Twitter, 1 867 personnes se consacrent exclusivement à l’application de nos politiques et à la modération des contenus. Ce chiffre représente plus d’un tiers de l’ensemble de nos effectifs mondiaux » explique Twitter dans son rapport.
Cette proportion est interpellante surtout que la plateforme ne détaille pas combien de modérateurs sont alloués à chaque pays. En fait, Twitter fait principalement respecter ses règles grâce aux algorithmes. « Nous avons constaté que nous sommes beaucoup plus efficaces dans la lutte contre les contenus préjudiciables en utilisant davantage la technologie et en augmentant proportionnellement nos équipes » explique Twitter.
Un boulot éprouvant
Pour justifier tout cela, Twitter explique que la modération est bien trop éprouvante pour un humain. La plateforme fait ici référence à toutes les images choquantes auxquelles les modérateurs peuvent être confrontés sur Twitter. La réseau social ne voudrait donc pas leur imposer un tel boulot et privilégie donc la technologie pour faire le sale boulot.
Seulement voila, la modération algorithmique a déjà montré ses limites. Par exemple, la lanceuse d’alerte Frances Haugen révélait que les algorithmes sont beaucoup moins performants lorsqu’ils doivent modérer du contenu qui n’est pas en anglais. Mais selon les avocats de Twitter, la modération fonctionne, « qu’on le veuille ou non ».
En tout cas, en juillet dernier, la justice française a ordonné à Twitter de fournir « tout document administratif, contractuel, technique ou commercial relatif aux moyens matériels et humains mis en œuvre dans le cadre du service Twitter pour lutter contre la diffusion des infractions d’apologie de crimes contre l’humanité, l’incitation à la haine raciale, à la haine à l’égard de personnes [en] raison de leur sexe, de leur orientation ou identité sexuelle, l’incitation à la violence, notamment l’incitation aux violences sexuelles et sexistes, ainsi que [l]es atteintes à la dignité humaine. » Preuve que la modération du réseau n’était pas satisfaisante à l’époque, en témoignent les cas de cyberharcèlement qui se multiplient sur la plateforme.
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