Pour « préserver l’espèce menacée », ce milliardaire américain a abattu un rhinocéros noir

Un taxidermiste américain a payé 275.000 dollars pour chasser un rhinocéros noir de Namibie, une espèce menacée. L’organisme de préservation de la faune américain (FWS) doit maintenant approuver le rapatriement du cadavre. Une décision qui fait grand bruit aux États-Unis.

Lacy Harber, propriétaire d’un musée de taxidermie au Texas, a abattu un rhinocéros noir en février 2017 lors d’une expédition en Namibie. Il cherche maintenant à ramener son trophée aux États-Unis et attend pour cela l’approbation de la FWS, l’United States Fish and Wildlife Service. Cet organisme fédéral s’occupe de la gestion et la préservation de la faune aux États-Unis.

La Namibie autorise la chasse de cinq rhinocéros noirs par an, même si l’animal est considéré comme une espèce en danger critique d’extinction. Selon l’organisme de défense des animaux WWF, il reste moins de 5.000 rhinocéros noirs vivants sur terre. Mais pour la FWS, la chasse permettrait de préserver l’espèce et c’est la raison pour laquelle elle va approuver le transfert de l’animal mort vers les États-Unis.

Favoriser la préservation

« La chasse légale et bien réglementée dans le cadre d’un programme de gestion rationnelle peut favoriser la conservation de certaines espèces en incitant les communautés locales à conserver l’espèce et en réinvestissant des revenus indispensables dans la conservation », a déclaré un porte-parole de FWS au média The Hill.

Ces revenus en question sont les 275.000 dollars que Harber a versé au Dallas Safari Club (DSC) pour chasser le rhinocéros. La Fondation affirme sur son site avoir « versé des subventions d’un montant de 1.219.899 dollars » en 2018 auxquels il faut ajouter « 557.000 dollars supplémentaires pour des actions d’éducation et de plaidoyer, principalement dans le cadre de la campagne We Hunt for Life (On chasse pour la vie, ndlr). »

« Le rhinocéros tué par le chasseur au printemps 2017 était un vieil agressif qui avait déjà tué six autres individus – un mâle post-productif qui a massacré six bêtes productives. La vente a généré des centaines de milliers de dollars pour le fonds d’affectation spéciale Game Products en Namibie et ces fonds ont été affectés à la recherche et à la protection des rhinocéros noirs », se justifie le Dallas Safari Club.

DSC

Polémique

Le retour de la bête a suscité de vives réactions chez les organismes de défense des animaux. La Humane Society of the United States et le Center for Biological Diversity (CBD) se sont battus pour interdire l’importation du cadavre. « C’est dégoûtant de voir des responsables fédéraux de la faune donner une tape dans le dos à un milliardaire du Texas pour avoir chassé ce rhinocéros incroyablement rare », a déclaré Tanya Sanerib, directrice juridique internationale de la CDB, dans un communiqué de presse.

« Nous ne devrions pas sanctionner la mort de cet animal majestueux en autorisant l’entrée de ce trophée aux États-Unis. La cruauté de la chasse aux trophées ne correspond tout simplement pas aux efforts déployés pour sauver la vie sauvage en Afrique », ajoute-t-elle.

Côté milliardaire, on reste persuadé d’avoir agi pour le bien. « Je ne voulais pas ce permis. Je savais qu’il y aurait beaucoup de polémiques à ce sujet, mais je l’ai fait pour sauver le rhinocéros noir », a confié Harber au Herald Diplomat en janvier.

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