Plein gaz! Tout indique que la Belgique ne respectera pas ses engagements pris à la COP21

La sonnette d’alarme avait déjà été tirée. C’est maintenant l’heure de la confirmation. Si rien ne change, la Belgique n’atteindra pas ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre. À l’heure où le pacte énergétique piétine, la Belgique a connait les pires difficultés pour atteindre ses objectifs de la première tranche de 2020. S’ils ne sont pas atteints, on peut déjà dire adieu aux objectifs de 2030.

Il y a d’abord les grands discours: « Les accords de Paris doivent être confirmés et mis en œuvre. Notre pays assumera loyalement sa part », martelait Charles Michel en octobre dernier, lors de la déclaration de politique générale devant la Chambre.

Les beaux discours

Un mois plus tôt, un rapport interne accablait notre pays en matière d’émission de gaz à effet de serre. En constante diminution depuis les années 1990 (19,2%), les émissions sont reparties à la hausse pour la période 2014-2015 et ont stagné entre 2015 et 2016. Pour corriger le tir, nos autorités ont même tenté de baisser nos objectifs en jouant sur les chiffres et les modes de calcul.

Plus récemment, en décembre dernier, le Premier ministre promettait de ne laisser personne « torpiller le pacte énergétique ». Il répondait aux réticences de la N-VA de signer ce pacte, qui doit sonner le glas de nos centrales nucléaires d’ici 2025. Celles-ci ne sont, bien sûr, en rien responsables d’une quelconque émission de gaz à effet de serre, mais ce pacte énergétique, fruit d’un accord entre les quatre ministres de l’Énergie du pays, va bien au-delà. Il doit nous mener à 100% d’électricité renouvelable d’ici à 2050. La N-VA veut un report des engagements en 2019, une fois les élections législatives passées. L’entourage du Premier ministre a rappelé ce mercredi que le pacte énergétique figurait bien au programme en 2018. Voilà pour les discours.

La réalité

Mais la sonnette d’alarme de septembre dernier se transforme tout doucement en alarme incendie. Si les chiffres étaient encore partiels, ils sont maintenant complets et ne sont pas bons du tout: c’est confirmé, les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent plus depuis 2014 chez nous. C’est ce qu’il ressort de l’inventaire national des émissions de gaz à effet de serre que notre pays a communiqué à la Commission européenne et qui est rapporté par Le Soir ce jeudi.

Ce qui pose le plus de problème, ce sont les émissions non industrielles. Deux secteurs sont dans le viseur: les transports et le bâtiment. Au niveau des transports (de personnes et de marchandises), les émissions ont augmenté de 26,3% depuis 1990. Nombre de véhicules, nombre de kilomètres parcourus, cylindrée moyenne… : tous les indicateurs sont à la hausse voire stables, mais en tout cas ne diminuent pas. Et ces chiffres pourraient être encore bien plus importants, le transport maritime et aérien n’étant pas pris en compte.

Il y a ensuite le secteur des bâtiments. Nos bâtiments sont de véritables passoires: 1/3 des bâtiments wallons sont de catégorie C (la plus mauvaise note) et il en va de même à Bruxelles. Aussi, la moitié des bâtiments en Belgique ont plus de 50 ans. Résultat: les émissions ont augmenté de 38,4% par rapport à 1990. Chauffage et électricité, tout a augmenté. Seuls les logements privés semblent épargnés. Le résultat des différentes mesures prises par nos autorités en termes d’isolation.

EPA

Droit dans le mur

Conséquence, les objectifs de Paris qui s’étendent sur quatre échéances (2020, 2030, 2040 et 2050) sont presque inaccessibles. Une chose est sûre: si on ne parvient pas à atteindre les objectifs de 2020, ceux de 2030 sont déjà morts et enterrés. Or la réduction des émissions dans le secteur non industriel ne s’opère plus. Les émissions dérapent même plus tôt que prévu selon les prévisions de septembre dernier. Si l’objectif est de les réduire de 15% d’ici 2020 par rapport à 1990, ce sera de 35% en 2030.

Autant dire qu’il faut des mesures supplémentaires, sinon on va droit dans le mur. Les deux secteurs prioritaires sont ceux du transport et du bâtiment. Les autorités doivent investir dans ces deux secteurs, installer des avantages fiscaux pour permettre à chacun de faire sa transition. Car tout le monde aura un rôle à jouer dans les réductions de gaz à effet de serre.

Pour rappel, la Belgique s’est engagée en novembre 2015 lors de la COP21 à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, industrielles et non industrielles, de moins 80 à moins 95% d’ici 2050, et ce, par rapport à 1990. L’objectif principal: contenir le réchauffement climatique en dessous des 2°C, voire même de 1,5°C d’ici 2100.

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