Outre l’élection de Trump, c’est le Brexit que Cambridge Analytica a aidé à mettre en place

« Il n’y aurait peut-être pas eu de Brexit sans Cambridge Analytica », a expliqué le lanceur d’alerte Christopher Wylie à une commission spéciale mardi. Les partisans du Leave ont eu recours à un montage financier pour pouvoir payer la firme technologique et ainsi dépasser le plafond de dépenses autorisé pour une campagne politique.

En volant les données de 50 millions d’utilisateurs, la firme technologique Cambridge Analytica a contribué à placer Donald Trump à la tête des États-Unis. Mais il semblerait que cette ingérence politique ne soit pas son seul fait d’arme. Outre diverses interventions dans différents pays, l’entreprise aurait également facilité la mise en place du Brexit. Au point que certains affirment que sans cette intervention, le Brexit n’aurait pas eu lieu.

C’est ce qu’affirme le lanceur d’alerte Christopher Wylie. Auditionné mardi par les députés anglais, cet ex-directeur de recherche chez SCL, la maison mère de Cambridge Analytica, a expliqué que le résultat aurait pu être différent s’il n’y avait pas eu cette triche. « Ça me met tellement en colère », explique-t-il au Guardian. « Beaucoup de gens ont soutenu le Leave parce qu’ils croyaient en l’application de la loi britannique et de la souveraineté britannique. »

Publicités ciblées

Wylie a expliqué à la commission comment le Vote Leave et trois autres groupes pro-Brexit ont utilisé les services de la société Aggregate IQ (AIQ) pour pouvoir cibler les électeurs en ligne et adapter leurs discours pour mieux les convaincre. Comme avec Trump, AIQ a ensuite créé des publicités ciblées sur base des profils des votants pour mieux les convaincre de vouloir quitter l’Europe.

AIQ est la branche canadienne de Cambridge Analytica qui appartient à SCL, Strategic Communication Laboratories, la société que Wylie a aidé à fonder. Cambridge Analytica avait déjà aidé Nigel Farage et son groupe Leave.eu a faire campagne pour le Brexit. Il apparaît aujourd’hui qu’elle a également aidé, par l’intermédiaire de AIQ, le groupe de Boris Johnson Vote Leave.

Financement non-autorisé

Pour ne pas dépasser les limites de financement autorisées par la loi britannique, les membres de ce parti pro-Brexit ont fait une donation de 625.000 livres à un autre groupe, Be Leave, qui a versé cet argent à AIQ. Le boss de AIQ a pendant un temps affirmé n’avoir aucun lien avec Cambridge Analytica. À cela, Wylie a répondu en démontrant comment les structures de l’entreprise étaient conçues pour faire en sorte que les organismes de réglementation ne puissent pas toujours suivre ce qui se passait.

Les informations de fraude électorale réalisées par ces différents groupe avaient déjà été signalées par un autre lanceur d’alerte, Shahmir Sanni. Celui-ci avait révélé la façon dont les partisans du Brexit avaient dépassé le plafond de dépenses autorisées par la loi britannique durant la campagne de 2016. Wylie a donc confirmé les révélations de Sanni.

epa
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