Le sida fait moins de morts, mais continue d’infecter autant de monde

Bonne nouvelle: depuis 2010, on a connu une baisse d’un tiers dans les morts causées par le VIH. Cependant, UNAIDS garde un ton alarmiste: les financements pour la recherche manquent et le nombre d’infections ne diminue toujours pas.

En 2017, c’étaient 890 infections par le VIH que l’institut Sciensano recensait en Belgique. Une baisse de 2% vis à vis de 2016 et de 27,5% comparé à 2012. Aujourd’hui, une nouvelle étude nous révèle que la baisse qu’on connait en Belgique s’est potentiellement exportée à travers le monde. Mondialement, on connait une baisse d’un tiers des morts depuis 2017.

Le nombre d’infections ne baisse pas

Comme quoi, le rêve de peut-être vivre dans un monde sans sida d’ici 2030 pourrait se réaliser si on continue sur cette voie. On dénombre cependant, en 2018, 770.000 morts dues au sida, contre 940.000 en 2017. Une baisse de près de 20% depuis l’année dernière, ce qui pourrait paraître comme une très bonne nouvelle pour tous ceux qui se sont attelés à la dure tâche de faire reculer le virus du sida.

Rien n’est moins sûr cependant, étant donné que le nombre d’infections, 1,7 millions, reste stable. Une chose est sûre: on arrive bien mieux à soigner le sida qu’il y a 9 ans. Mais UNAIDS, l’organisation de l’ONU chargée de la lutte contre le VIH, n’est pas aussi optimiste. Ils déclarent dans leur communiqué de presse que « la réduction des nouvelles infections au VIH, l’amélioration de l’accès au traitement et la fin des décès liés au sida ralentit. »

La Russie continue de dénigrer le VIH

Mary Mahy, spécialiste en Epidémiologie, explique ainsi que si on voit de grandes avancées dans des pays auparavant très touchés par le sida, comme l’Afrique du Sud, la situation empire en Europe de l’Est et en Asie du Centre. Le résultat de la politique russe qui, tout en dénigrant la communauté LGBTQI+ au sein de son pays et en exerçant son influence sur les pays limitrophes, encourage la désinformation vis à vis des MST.

On apprenait d’ailleurs sans surprise, mais avec consternation, que deux tiers des cas d’infections du VIH en Europe venaient de Russie.

La solution pour UNAIDS: à la fois augmenter le financement pour la recherche et la mobilisation contre le VIH, mais aussi miser sur l’organisation en communautés et leur pouvoir de concertation et de sensibilisation.

Parmi les communautés citées, on retrouve un focus sur les travailleurs du sexe, les personnes LGBTQI+ et les personnes qui consomment des drogues. Mais encore une fois, pour organiser un travail communautaire, il est nécessaire de bénéficier de fonds suffisants.

Une méconnaissance du sida à déplorer?

Une telle cause avait pourtant été l’objet de nombreux événements caritatifs à une époque où on découvrait à peine ce virus meurtrier. C’était sans compter le fait qu’aujourd’hui, certains déplorent un manque d’information vis à vis du sida et un ton bien moins alarmiste lorsqu’il est mentionné.

Même si la nouvelle génération n’est sans doute pas celle qui se retrouvera à faire des dizaines de milliers d’euros de don, elle est représentative du changement de mentalités vis à vis du VIH. En octobre dernier, lors de la journée mondiale de lutte contre le SIDA, un sondage de l’ASBL Sidaction a été mené auprès de jeunes français de 15 à 24 ans.

On découvrait alors, par exemple, que « plus de la moitié (56%) ne connaissaient pas l’existence du traitement d’urgence (TPE) qui peut être pris au plus tard dans les 48 heures après un risque de transmission ». Aussi, près des trois quarts (65 %) ignoraient qu’une personne sous traitement efficace, ayant une charge virale indétectable, ne transmet pas le virus du sida (même sans préservatif).

Le sida n’est plus au centre des discussions et ça coûte aux chercheurs qui espéraient pouvoir éradiquer le virus d’ici 2030.

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