En Russie, beaucoup de personnes voient le sida comme une « fake news » 

En Russie, il y a 100.000 nouveaux cas de VIH par an. Et pourtant, de nombreux Russes pensent encore que cette maladie n’existe pas et n’est qu’un complot des grands groupes pharmaceutiques. En 2018, entre 1,2 et 1,5 million de personnes seraient atteintes du virus. 

L’affaire n’est peut-être pas arrivée jusqu’à tes oreilles, mais au cours du mois de février, un bébé de cinq mois et demi atteint du sida est décédé en Russie. Aujourd’hui, sa maman, qui pense que le sida n’est que l’invention des riches occidentaux pour s’en mettre plein les poches, est actuellement poursuivie pour ne pas avoir prodigué les soins nécessaires à son enfant. Atteinte du VIH (virus de l’immunodéficience humaine) également, la maman du bébé ne suit aucun traitement non plus. Pour elle, comme dit ci-dessus, le VIH n’est qu’un mythe. Cela fait cinq ans que la jeune femme devrait suivre un traitement mais s’y refuse toujours.

Le sida: un complot des Occidentaux

Le drame vécu par cette maman et la mort de ce bébé sont le parfait exemple pour illustrer un phénomène en Russie. Aujourd’hui, il y a entre 1,2 million et 1,5 million de personnes infectées par le virus du sida. Selon NAM AIDSApp news, qui informe la population à travers le monde sur le sida, deux tiers des cas de personnes atteintes par la VIH en Europe, sont en Russie. Contrairement à la tendance générale observée, comme en Afrique subsaharienne où la tendance générale des cas détectés est à la baisse, en Russie, il y a 100.000 nouveaux cas par an. Cela pourrait s’expliquer par le manque d’accès aux traitement, mais une autre chose pourrait expliquer ce phénomène: beaucoup de Russes pensent que cette maladie est un mythe et nient son existence. Ils pensent en réalité que le virus n’existe pas dans leur pays.

De nombreux groupes négationnistes existent notamment dans les réseaux sociaux et clament haut et fort que le VIH est l’un des plus grands mythes du 20è siècle. Certains groupes tentent par exemple d’expliquer comment refuser un traitement ou ils essayent encore de convaincre les membres que les médicaments sont du poison ou que les docteurs sont des assassins qui sont au service des entreprises pharmaceutiques. Sur d’autres groupes, les négationnistes clament également que les États-Unis utilisent la Russie comme « colonie » pour tester les vaccins VIH.

Un négationnisme dangereux

Le VIH est arrivé en Russie dans les années 1980, et aujourd’hui, il n’y a plus aucune couche sociale qui est épargnée. Ce qui est inquiétant également, c’est le nombre d’hétérosexuels qui ne cesse d’augmenter également. Le fait que les Russes considèrent le sida comme une « fake news » provient notamment du fait que le gouvernement ne fournit pas les efforts nécessaires en termes de prévention, car il estime que la seule fidélité permet de lutter contre la maladie.

Pour Ekatérina Zinger, directrice de la Fondation Svétcha à Saint-Pétersbourg interrogée par la Tribune de Genève, le fait que les gens nient l’existence du VIH s’explique surtout par un « manque de consultation médicale ». « Les gens ne reçoivent pas suffisamment d’informations et commencent à croire que quelqu’un leur cache quelque chose ». Pour les personnes hétérosexuelles par exemple, qui constituent une certaine partie des nouveaux cas en Russie, le sida menace essentiellement les homosexuels ou les toxicomanes. Donc si elles sont atteintes, elle ne veulent pas croire ou « ne comprennent pas ce qui leur arrive ».

Un gouvernement timide

L’Organisation mondiale de la Santé et Onusida ont déjà sommé le gouvernement russe de réagir face à la propagation du virus du sida dans son pays. Mais pour l’heure, les actions en termes de prévention, sensibilisation et même traitements médicamenteux ne sont pas encore suffisamment en place. Même si il existe des centres destinés au traitement du virus dans toutes les régions, ceux-ci ne sont pas toujours efficaces. En gros, il y a un grand manque de moyens mise en oeuvre pour réduire la propagation du virus.

Les organisations d’aide ne sont parfois pas bien vues non plus et pas aidées par le gouvernement. En effet, ces organisations sont perçues par des membres du gouvernement comme de la « propagande sexuelle » peut-on lire dans un témoignage récolté par La Libre. Une loi a d’ailleurs été votée qui permet d’accuser et de sanctionner toute publication de « propagande sexuelle » en lien avec la communauté LBGT.

Le gouvernement a bien un site internet sur lequel sont présentes des informations médicales et un peu de sensibilisation, mais il n’y a pas concrètement d’organisations d’aide gouvernementales. Le sujet est encore extrêmement tabou est c’est sans doute ce qui cause aussi le nombre croissant de nouveaux cas de personnes atteintes par le sida en Russie.

Plus
Lire plus...