La semaine dernière, Sudan nous a quitté. Il s’agissait du tout dernier rhinocéros blanc du Nord mâle. Cela veut dire que cette espèce repose désormais sur deux femelles, les deux survivantes du braconnage intensif. Pour pérenniser les rhinocéros blancs du Nord, des scientifiques envisagent la fécondation in vitro (FIV). Mais pour les experts des rhinocéros, c’est loin d’être la priorité.
Après la mort de Sudan, le dernier rhinocéros blanc du Nord mâle, le monde s’organise pour tenter de sauver cette espèce qui ne peut compter que sur deux femelles pour sa survie. Quelques heures après la mort de Sudan, la fécondation in vitro était envisagée pour relancer cette espèce: créer un embryon en laboratoire pour ensuite le placer dans l’utérus d’un rhinocéros femelle. Seulement, l’Homme ne maîtrise pas encore bien cette technologie et surtout, ça coûte cher.
Alors, face à de telles difficultés, les spécialistes des rhinocéros préfèrent se concentrer sur d’autres choses. Ils préfèrent adopter le raisonnement suivant: si l’on ne compte que sur la FIV pour sauver des espèces, elles finiront toutes par s’éteindre.
Conservation avant sauvetage
Car de toute façon, il manque clairement du fric. « Le plus gros challenge de la conservation des rhinocéros est le coût » explique Richard Vigne, le patron de Ol Pejeta Conservancy, la réserve naturelle où Sudan s’est éteint. Car toutes les organisations et institutions s’occupant de la conservation d’espèces dépendent des touristes et ne peuvent tout simplement pas financer des recherches comme celles pour la FIV. Et pour cause, on estime à 9 millions de dollars le coût de ces recherches.
« En Angleterre, on dépense chaque année 35 milliards de dollars pour s’occuper des chiens et des chats. Au regard de ces chiffres, 9 millions pour sauver une espèce ce n’est pas grand chose » déclare Richard Vigne. Alors, plutôt que d’investir massivement, il vaut mieux se concentrer sur autre chose. « Nous devrions concentrer nos efforts sur la conservation et ainsi permettre aux rhinocéros blancs de faire ce qu’ils font de mieux: peupler les paysages africains et se reproduire » a déclaré Michael Knight, président de l’Union for Conservation of Nature et spécialiste des rhinocéros.
Car au delà de la tragédie qui a frappé l’espèce des rhinocéros blancs du Nord, il faut encore compter sur les rhinocéros blancs du Sud qui sont encore 20.000 à travers le monde. Ils ont un patrimoine génétique extrêmement similaire à leurs frères du nord donc ils méritent d’être protégés pour, pourquoi pas, sauver les rhinos blancs du Nord plus tard, quand la technologie sera plus avancée. Surtout que, la population restante de ceux du Nord n’est pas vraiment en bonne santé: « C’est une espèce très consanguine. Ils sont un reflet très pauvre de ce qu’ils étaient par le passé » ajoute Michael Knight.
Triste nouvelle… Le dernier rhinocéros blanc mâle vient de mourir. Leur existence est désormais entre les mains des scientifiques qui tenteront de répliquer le matériel génétique du dernier mâle en question, tout en misant sur la FIV. Nous leur souhaitons un miracle! pic.twitter.com/NtzFaTDuab
— Sabrina Champagne (@SabChampagne) 21 mars 2018
Guerre contre le braconnage
Mais pour pouvoir protéger les rhinocéros restants, il faut s’occuper du problème du braconnage qui a massacré 60% de la faune depuis 1975. Et en ce qui concerne les rhinocéros, ce sont les cornes qui attirent les braconniers. Et pour cause, elles coûteraient jusqu’à 70.000 euros le kilo. Il y a donc deux choses à faire pour lutter contre ces chasses illégales: rendre le braconnage plus risqué mais aussi réduire la demande de cornes.
En ce concerne la première tâche, il faudrait améliorer la garde armée autour des rhinocéros et aussi établir de plus lourdes sanctions contre les braconnier. Au Kenya par exemple, les chasseurs illégaux risquent jusqu’à 30 ans de prison. On envisage également de couper les cornes, comme Pairi Daiza l’avait fait en 2017, pour dissuader les chasseurs de tirer sur les rhinocéros.
Un autre projet plus fou: créer de véritables fermes à rhinocéros pour ainsi produire des cornes et contenter la demande. Mais cela reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore et pas sûr que cela plaise aux organisations luttant pour le bien-être animal.
Attendre et espérer
En conclusion, le but est de trouver des moyens efficaces de préserver les espèces et les animaux encore vivants en attendant que les techniques de FIV se perfectionnent. Elles permettront ensuite de sauver d’autres espèces qui en ont besoin comme les rhinos de Sumatra, de Javan et les rhinocéros noirs. Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir et de toute façon la priorité est la suivante: sauver les rhinocéros blancs du Sud femelles pour un jour peut-être faire renaitre les rhinos du Sud. Faisons confiance à la science.
This news has struck hard on me personally this week. We have lost Sudan, the last male northern white rhino. Such sad news. Let’s do more to protect endangered animals like Sudan #remembersudan #olpejeta pic.twitter.com/jv4nd7V56O
— Aaron Ramsey (@aaronramsey) 23 mars 2018