H&M se fait encore tacler sur les conditions de salaire de ses employés, et cette fois même en Europe

Les employés de H&M qui confectionnent les habits en Europe de l’Est ou en Asie dans des usines de sous-traitants notamment sont-ils assez payés? Clairement pas, pointent du doigt plusieurs ONG, qui dénoncent les mensonges de la marque de prêt-à-porter.

Un salaire de 258€ par mois pour 80 heures de travail par semaine. Cela ne se passe pas dans un pays du tiers-monde à l’autre bout de la Terre. Mais bien en Bulgarie, dans l’Union européenne, et cela concernerait des employés d’usines de sous-traitants de H&M.

L’ONG Clean Clothes Campaign et le collectif Éthique sur l’étiquette pointent à nouveau du doigt la marque de prêt-à-porter, qui sous-paierait ses employés un peu partout dans le monde, même en Europe donc.

10% du salaire vital

Le collectif a mené une enquête auprès de plusieurs pays dans lesquels H&M a des usines de confection, en Bulgarie, en Turquie, au Cambodge ou en Inde. Et ce qui en ressort est alarmant.

« Au Cambodge, les gens interrogés gagnent un peu moins que la moitié du salaire vital estimé pour faire vivre une famille. Une part qui descend à un tiers en Inde et en Turquie », explique à La Croix Nayla Ajaltouni, porte-parole du collectif. « Quant à la Bulgarie, pays pourtant dans l’Union européenne depuis 2007, les salariés y touchent à peine 10 % du salaire vital estimé et n’atteignent le salaire minimum local qu’en faisant des heures supplémentaires sans limites, pratique qui s’assimile à du travail forcé. »

En Bulgarie par exemple, les employés ne gagneraient que 98€ par mois malgré des semaines de 40 heures. Si leurs heures supplémentaires et des indemnités sont payées, ce qui ne serait pas toujours le cas, leur salaire monterait à 258€. Pas de quoi faire vivre un couple avec enfants… Le collectif dénonce aussi des violations du droit syndical et des conditions médiocres de travail, histoire de rendre le tableau encore plus flippant.

Les promesses de H&M

Si H&M est attaqué de la sorte, c’est que la marque avait promis d’agir pour lutter contre ce genre de problème il y a plusieurs années. « En 2013, le groupe annonçait à grand bruit que tous ses principaux fournisseurs devraient payer, en 2018, un ‘salaire équitable’, c’est-à-dire une rémunération suffisante pour subvenir aux besoins essentiels des 850 000 ouvriers et de leur famille. Or, notre rapport montre que l’on est loin du compte », dénonce Nayla Ajaltouni, qui précise que H&M pourrait « être poursuivie pour non-respect de son obligation de vigilance » selon la loi française, même si elle est loin d’être la seule marque du secteur à agir de la sorte.

Contactée par la Croix, la marque s’est défendue. « Dans 500 usines de dix pays, le système de gestion des salaires a été amélioré pour 635 000 ouvriers du textile. Et dans 594 usines de dix pays des représentations démocratiquement élues se mettent en place », affirme H&M dans un communiqué. « Un pur exercice de communication où le flou des mesures dissimule le vide des résultats. En réalité, H&M, comme toutes les autres grandes enseignes textiles, n’ont pas renoncé au modèle économique de “fast fashion”, ou mode jetable, qui fait leur succès », tacle Nayla Ajaltouni. Un modèle dont les prmeières victimes sont donc les employés de la marque…

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