Désolé de ruiner ton enfance, mais le prince dans La Belle au Bois Dormant est un « délinquant sexuel »

Accroche-toi, selon une chercheuse et professeure à l’Université d’Osaka au Japon, le prince Philippe dans La Belle au Bois Dormant est un « délinquant sexuel ». De même que le prince dans Blanche-Neige. La raison? Cette fameuse scène du baiser où les princesses sont endormies… et donc théoriquement non consentantes.

Prends une chaise et assieds-toi, l’information qui suit est du lourd de chez lourd. On t’avertit tout de suite, on risque de briser toute ton enfance, surtout si tu ne jurais que par les films Disney. Car ceux-ci sont, à y réfléchir, loin d’être des contes de fées.

En effet, Kazue Muta, spécialiste en sociologie historique et théorie du genre et professeure à l’Université d’Osaka au Japon, juge que certains princes de l’univers Disney sont des « délinquants sexuels », particulièrement le prince Philippe dans La Belle au Bois Dormant ainsi que le prince dans Blanche-Neige et les Sept Nains. « Vous pourriez penser que je suis en train de ruiner vos fantasmes, mais ces histoires font la promotion de la violence sexuelle et j’aimerais que tout le monde en soit conscient », avertit-elle ainsi dans un tweet posté mi-décembre sur son compte Twitter et relayé dans la presse japonaise.

« Un acte sexuel obscène » sur « un partenaire inconscient »

Elle tire cette conclusion de la fameuse scène où le prince réveille Aurore d’un baiser sur la bouche, et de cette scène similaire qui se passe aussi dans Blanche-Neige après son empoisonnement par la méchante reine. Comme les deux princesses sont plongées dans un sommeil profond, la chercheuse pointe du doigt leur absence de consentement. Elle n’hésite pas à sortir les grands mots, pour elle, c’est carrément « un acte sexuel obscène » sur « un partenaire inconscient ». Pour appuyer son argument, elle lie cette « agression sexuelle » à une affaire qui s’est réellement produite, dans laquelle un homme de Wakayama a été arrêté après avoir embrassé une femme endormie dans le train.

Mais comme la fin des deux histoires nous dit chaque fois que le prince et la princesse vivront heureux jusqu’à la fin de leurs jours avec beaucoup d’enfants, il est normal que l’on n’ait jamais soulevé cette question, surtout étant petit enfant. Et c’est là que tout le problème se pose.

Réactions en masse

« Beaucoup estiment que parce qu’ils finissent par vivre heureux pour toujours, il y a un consentement présomptif concernant le baiser et que donc il n’y a pas de problème », poursuit Kazue Muta. Pourtant, « cette compréhension des choses est dangereuse. Elle fabrique l’idée qui veut que la fin justifie les moyens », insiste-t-elle tout en s’interrogeant « dans quelle mesure cela permet-il à la violence sexuelle de se répéter? ».

Bien sûr, le tweet de la chercheuse a déclenché une vague de réactions, positives comme négatives. En traduisant quelques réponses du japonais au français, on peut lire par exemple quelqu’un défendre le point de vue inverse: « Peu importe comment vous interprétez ces histoires, ce que les princes font n’est pas de l’agression sexuelle! »

Tant que la princesse ne porte pas plainte, l’acte pourrait rester légal. « Je suis avocat et comme Blanche-Neige ne porte pas plainte, il n’y a aucun motif valable d’accusation d’agression sexuelle », réagit un autre twitto. « Vous ne pouvez pas appliquer la loi et l’éthique modernes aux contes de fées », entend dissocier un autre. La plupart s’énerve aussi du fait que « ce genre de démantèlement de notre culture et de nos traditions fait plus de mal que de bien ».

C’est certain, le débat est ouvert.

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