Cymande au XJAZZ Festival de Berlin

Everybody wants to be Rasta!

Je chéris le samedi 7 mai 2016, jour où j’ai assisté au concert de Cymande, au Bi Nuu à Berlin. J’ai cru rêver. Une sensation que j’avais déjà ressentie précédemment, lorsque j’ai vu Faith No More au Pukkelpop à Kiewit en 2009.

Ces deux groupes ont en commun, outre leurs identités très fortes, l’arrêt, supposé définitif, de leurs carrières respectives. »But it’s Alright, if you still go on. » La « reformation » de Cymande étant cependant beaucoup plus improbable que celle de Faith No More.

« The time is right now ».

J’ai rarement eu l’opportunité de vivre un moment de « communion » aussi agréable. L’entièreté du public, ainsi que tous les musiciens du groupe, nous arborions tous un large sourire, tout au long du show. C’était un cadeau. Comme lors de certaines fêtes, où tout le monde offre et reçoit en même temps.

Tout ceci peut sembler naïf, j’en suis bien conscient. La philosophie peut elle aussi sembler naïve. Notamment celle à laquelle Cymande fait référence, à savoir: le Rastafarisme. D’ailleurs, l’espace d’une soirée, nous étions tous conviés à devenir « Rastas ».

Nul besoin d’être un érudit pour constater que l’actualité n’est pas des plus apaisante, heureusement, le message de Cymande est un réconfort. Le groupe se serait donné pour mission d’à nouveau diffuser leur message de paix, d’éducation et d’amour, par ces temps obscurs où nous avons encore plus besoin de cela.

« It’s only freaks, out there. Don’t you understand or don’t you care? Gotta be aware, don’t get too lost in your dreams! ». J’entends le sage qui accompagne, renforce, encourage, donne les éléments pour affronter la dure réalité. En bref, tout l’opposé des messages diffusés par les grands médias de notre société occidentale. Cette société qui préfère que nous dormions, là où Cymande nous invite à l’éveil.

Oui la vie est une épreuve, oui le monde est impitoyable, oui l’injustice est permanente, oui nous sommes entourés d’ogres. C’est effrayant, mais c’est la réalité. Ouvrons les yeux, acceptons. Ne nous laissons pas corrompre, et accomplissons-nous. Rompons avec l’individualisme, associons-nous, partageons, vivons en tribu, soyons prêts à affronter l’ennemi en permanence, et à communier avec ce que la nature a de meilleur à nous offrir.

Dirigeons-nous vers la simplicité. La mégalomanie est un vice. Ne souhaitons pas les richesses, ni le pouvoir. Repensons le monde autrement. La seule coercition légitime est celle de la nature. Instruisons-nous, dans tous les domaines. Valorisons la connaissance, ne « l’élitisons » pas.

Je m’emporte. J’expose mes utopies. Pourtant, je tiens à vivre en fonction de ces valeurs, avec ou sans vous. Je m’éloigne, lentement, de cette léthargie imposée. J’accepte la lutte inégale, je n’ai pas le choix.

Merci à Cymande de m’insuffler tout cela. La poésie existe, elle est un Art de vivre qui nécessite un engagement profond.

Berlin en a été le creuset

Ce samedi 7 mai, j’ai partagé un moment d’osmose avec quelques uns de mes semblables. Et je me suis senti soutenu dans mon combat contre « le démon », qui est tant intérieur qu’extérieur.

Au delà de ces considérations, Cymande nous a offert un spectacle délicieux. Un « Brothers on the slide » magistral en ouverture, malgré un flingue discret du chanteur. Des versions rallongées de « Bra », de « Zion I », et de « Rickshaw », chaque musicien ayant à son tour l’opportunité d’improviser. Quelques chansons du nouvel album, qui m’ont moins marqué (à réécouter au calme). Ainsi qu’une amusante surprise (quoiqu’ils l’avaient déjà exécutée à Paris récemment. Mais, à Paris, cela reste moins surprenant) vers la fin du show, Cymande qui reprend MC Solaar, qui avait lui-même samplé Cymande. La boucle est bouclée? « The message is Music, and Music is the message! ».

Ma petite déception: « Dove » manquait à l’appel.

Peu importe, c’était une soirée de fête, de retrouvailles, de musique, de philosophie, et Berlin en était le parfait creuset.

Tout un symbole.

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