C’est officiel: le Parlement rejette la loi climat, alors que l’urgence est là…

Après des semaines d’agitation et de débats politiques, le Parlement n’est pas parvenu à trouver une majorité spéciale pour faire émerger une loi climat. Comme prévu, les lignes n’ont pas bougé. Les trois partis les plus puissants du nord du pays ont rejeté la méthode et le principe d’une loi climat cimenté dans la constitution.

Certains députés positivent. Mettre la question climatique au centre des débats, durant de si longues semaines, est déjà une sorte de succès. À croire qu’il a fallu des dizaines de milliers de personnes dans la rue pour faire comprendre aux politiques l’importance d’un tel enjeu.

Une voie royale pour la loi climat qui n’a finalement pas abouti. La N-VA, l’Open VLD et le CD&V ont tous rejeté l’accord, ce qui n’a pas permis d’atteindre la majorité des deux tiers, et encore moins la majorité simple dans le groupe linguistique flamand. Les pressions, même patronales, n’auront pas suffi.

Contradictions

Les arguments n’ont pas bougé d’un poil. La modification de l’article 7 bis fait peur aux partis flamands. D’abord, car elle pourrait mettre en place « un gouvernement des juges ». Des juridictions pourraient condamner notre pays pour inaction. Ensuite, car ce serait une sorte de refédéralisation des compétences, et donc un retour en arrière politique, jugent-ils, car c’est bien connu, les problèmes climatiques se limitent aux frontières linguistiques.

Dans les faits, beaucoup de personnalités politiques au nord du pays voient dans cette loi climat une mesure symbolique, une façon de calmer les foules à quelques semaines des élections. Pour Théo Francken, « c’est du vent », mais pourquoi donc en avoir si peur alors? A contrario, il faut savoir que des objectifs précis, certes insuffisants, sont déjà inscrits dans le Pacte climat (PNEC) signé plus tôt cette année. On n’est pas à une contradiction près, dans un sens ou dans l’autre d’ailleurs.

Avec 76 voix « pour » et 66 voix « contre », la révision de l’article 7bis est rejetée. Comme promis, le MR n’a pas voulu mettre de bâton dans les roues et a voté « pour », même si son chef de groupe privilégie toujours une autre méthode: les accords de coopération.

Accusés d’être longs à voir aboutir, Ecolo et Groen ont déjà fait savoir qu’ils rejetteraient cette méthode. Du coup, on ne devrait pas voir de loi climat sous cette législature. Mais Ecolo/Groen l’a promis: « Le débat se poursuivra après le 26/05 sur le même texte ou avec les mêmes intentions ». À ce moment-là, les Verts seront peut-être la première force politique du pays. Mais il y a encore des élections à gagner.

Situation urgente

Un peu plus tôt dans la journée, l’organisation météorologique mondiale, qui dépend de l’ONU, a sorti un nouveau rapport accablant. Il estime qu’en 2018, 62 millions de personnes ont été victimes d’une météo extrême comme des tempêtes, des vagues de chaleur ou de longues périodes de sécheresse. Et ces phénomènes peuvent directement être reliés au réchauffement climatique.

Tous se passe déjà sous nos yeux: quelque deux millions de personnes ont dû fuir leur habitat pour des raisons climatiques.

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