Après 30 ans et en plein sommet du G20, le Japon reprend la chasse à la baleine commerciale ce 1er juillet

La 1er juillet est donc la date choisie par le Japon pour reprendre la chasse à la baleine malgré les recommandations contraires d’à peu près la Terre entière. Hasard ou pas, cette reprise se fait en plein sommet du G20 à Osaka et les ONG espèrent que les autres puissances mondiales mettent la pression sur le Pays du Soleil Levant.

Lundi matin, des bateaux partiront du port d’Ayakuwa, un petit village côtier du Japon, pour aller chasser la baleine, 30 ans après avoir mis un terme à cette pratique. Une décision qui, tu t’en doutes, ne fait absolument pas l’unanimité.

Il faut dire que le Japon fait cavalier seul dans cette histoire car 6 mois plus tôt, le pays a annoncé son départ de la Commission baleinière internationale qui prendra effet le 30 juin prochain. Pourquoi? C’est simple, la commission avait refusé que le pays reprenne la chasse sur les espèces de baleines dont la population s’est restaurée. Alors, dès ce lundi, des bateaux japonais sillonneront les eaux côtières du Japon pour tuer du cétacé.

Le sommet du G20 comme espoir

Hasard du calendrier ou pas, le Japon repart en chasse en plein sommet du G20 à Osaka. Un espoir pour les ONG qui espèrent que les autres grandes puissances de ce monde puissent raisonner Shinzo Abe, Premier ministre et grand défenseur de la chasse japonais.

« Il a fallu les efforts combinés de tous les pays de la planète pour faire de la conservation de la baleine une priorité », a déclaré le naturaliste et présentateur de télévision Steve Backshall. « Au sommet du G20, nos dirigeants doivent parler à nos amis au Japon et leur faire savoir que, sur cette question, ils sont profondément en désaccord avec le reste du monde. »

Même son de cloche du côté de Kitty Block, présidente de Humane Society International. Elle estime que cette décision du Japon est « rétrograde et myopique », minant ainsi sa réputation pour une industrie dont la demande est en constante diminution. « La CBI maintient son interdiction de la chasse commerciale à la baleine pour de très bonnes raisons et les dirigeants mondiaux réunis cette semaine au Japon ne devraient pas fermer les yeux sur l’assaut cruel prévu contre les baleines du Pacifique Nord » a-t-elle déclaré.

Une histoire de tradition

La chasse à la baleine est une pratique quasi ancestrale au Japon. Dans le village d’Ayukawa, on la pratique depuis le début du 20ème siècle. Les habitants du village espèrent ainsi relancer l’économie locale. « Les gens ici chassent depuis longtemps, alors nous avons pensé qu’il était naturel que le Japon quitte la CBI et reprenne la chasse commerciale », estime Masaaki Sato, un pêcheur qui a commencé à chasser la baleine il y a 20 ans.

C’est également l’avis d’autres personnalités politiques comme un certain Shinetsu Oikawa: « Ayukawa est très isolée, l’accès routier est difficile et il n’y a pas de place pour l’industrie. La chasse à la baleine est donc le meilleur moyen pour la ville de tirer le meilleur parti de ses ressources naturelles » assure-t-il. Du coup, ce petit village qui a perdu 19.000 âmes suite au tsunami de 2011 va jouer à fond sa carte de la baleine pour relancer son économie. Dès septembre, un énorme centre touriste va ouvrir ses portes où les visiteurs pourront s’en mettre plein la panse dans les restaurants servant de la viandes de baleines.

Désaccord interne

Si cette reprise de la chasse ne fait pas l’unanimité à l’international, c’est également le cas au sein même du pays. Kazuo Yamamura, président de la Japan Whaling Association, trouve cette décision complètement insensée: « Au cours des 30 dernières années, toutes sortes d’aliments ont été importés au Japon. il y a tellement de choses à manger que nous ne sommes plus dans une situation où si vous produisez beaucoup de viande de baleine, vous allez gagner beaucoup d’argent. » Autrement dit, tout cela ne sera pas rentable et ce sera juste l’occasion de tuer des animaux majestueux.

Seul point positif: ces chasses seront plus petites car elles ne seront organisées que dans les eaux côtières. Cela signifie que moins d’espèces différentes seront menacées et que les eaux situées en Antarctique seront préservées des massacres à venir. Mais malgré tout, le Japon risque de se mettre quelques pays à dos, comme l’Australie qui est farouchement opposée à cette pratique. Il faudra voir comment se portera la demande vis à vis de la viande de baleine mais si elle n’est pas au rendez-vous, on peut espérer que le Japon fasse machine arrière.

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