La France est le premier et seul pays du monde à vouloir taxer les géants du web connus sous le nom de GAFA. Mais Amazon semble avoir trouvé une combine pour contourner cette taxe. Et ça ne va pas plaire aux Français.
La France ne voit pas d’un bon œil que les grandes entreprises numériques, toutes américaines, fassent du profit dans l’Hexagone sans payer un juste retour. Alors, Emmanuel Macron et son gouvernement désirent imposer une taxe aux GAFA, devenant le tout premier pays du monde à leur rendre la vie plus difficile. Le but étant d’endiguer l’évasion/optimisation fiscale de ces (très) grandes entreprises qui payent très peu d’impôts en France.
Cette taxe a été votée à la mi-juillet et elle ne fait pas l’unanimité. A commencer par les États-Unis bien sûr. Donald Trump n’a vraiment pas apprécié cette décision d’Emmanuel Macron qu’il a qualifiée de « stupide » tout en menaçant de taxer le vin français en guise de représailles. Il n’en aura sans doute pas besoin: ce vendredi, on apprend qu’Amazon a trouvé une manière de contourner cette fameuse taxe.
Tout le monde paie
Elle n’est pourtant pas énorme cette taxe à hauteur de 3%. Mais chez Amazon, on veille à maintenir le chiffre d’affaires et on craint surtout que cette taxe GAFA donne des idées à d’autres. La parade est donc toute trouvée: Amazon va répercuter cette taxe sur une partie de ses clients à savoir les vendeurs qui utilisent la plateforme pour vendre des produits.
Du coup, concrètement, dès le 1er octobre prochain, les frais de gestion des vendeurs s’alourdiront de 3%. Une décision qu’assume la plateforme mais qui explique ne pas avoir le choix: « Étant donné que nous opérons dans le secteur très concurrentiel et à faible marge du commerce de détail et que nous investissons massivement dans la création d’outils et de services destinés à nos clients et à nos vendeurs partenaires, nous ne sommes pas en mesure d’absorber une taxe supplémentaire assise sur le chiffre d’affaires et non sur les bénéfices. »
Plutôt comique quand on sait que le patron d’Amazon, Jeff Bezos, est l’homme le plus riche du monde et qu’on entreprise a réalisé un bénéfice de 3 milliards de dollars en 2018. C’est peu dire que cette contre-attaque d’Amazon fait jaser dans l’Hexagone. Une augmentation des coûts pour le vendeurs signifiera de facto une augmentation des prix pour le consommateur, c’est à dire vous et moi.
Hausse des prix
Du coup, on dirait bien que la France soit prise à son propre jeu. Car en voulant taxer les GAFA pour combattre leur évasion fiscale, ils finissent par réduire le pouvoir d’achat des français.
C’est ce que précise Amazon dans un communiqué: « Malheureusement, nous nous attendons à ce que nombre de ces entreprises soient en conséquence contraintes à répercuter cette taxe sur les consommateurs, ce qui entraînera une hausse des prix de leurs produits vendus en ligne. »
En tout cas, cette décision agace au ministère de l’Economie et des Finances car l’objectif de la taxe était bien faire payer plus d’impôts aux GAFA. Mais qu’importe, on se console en disant que désormais, Amazon sera moins compétitif. « Cette riposte rend Amazon moins compétitif, et tant mieux, car son monopole nous inquiète. Cela permettra peut-être à d’autres plateformes de récupérer certains de leurs clients » confie-t-on du côté du Ministère.
Amazon s’isole
Amazon devient le seul membre des GAFA à ne pas accepter la taxe française. Facebook par exemple, avait déclaré au Parisien qu’il paiera la taxe sans broncher. L’entreprise de Jeff Bezos fait donc cavalier seul et se plait à titiller les autorités françaises.
En mars dernier, la plateforme avait déjà refusé de signer une charte de bonne conduite avec les PME françaises. Cette charte visait à offrir une plus grande transparence envers leurs vendeurs tiers, c’est-à-dire les PME et TPE françaises qui sont obligées de vendre leurs produits sur Amazon ou d’autres plateformes pour accéder au public. Amazon et la France, c’est donc loin d’être une grande histoire d’amour et ça ne risque pas de s’arranger avec le temps.