L’envers du décor: deux ONG accusent Samsung d’utiliser des enfants en Asie pour fabriquer ses smartphones

Deux ONG françaises accusent Samsung de recourir à des enfants de moins de 16 ans dans les usines de ses sous-traitants. En plus de conditions de travail et d’hébergements abominables, les enfants manipuleraient des produits toxiques et potentiellement mortelles. 

Et si ton smartphone Samsung que tu utilises tous les jours était fabriqué par des enfants dans des conditions de travail abominables? Deux ONG françaises, Sherpa et ActionAid France – Peuples Solidaires, en sont, en tout cas, persuadées.

Elles accusent, une nouvelle fois, Samsung de recourir à des enfants, dans deux de ses usines en Corée du Sud et en Chine, pour fabriquer et assembler ses smartphones vendus, entre autres, en Europe. Pas directement, mais par l’intermédiaire de sous-traitants, particulièrement chez HEG (l’un de ses sous-traitants de titan).

Enfants de moins de 16 ans, horaires abusifs, produits toxiques et mortels…

À ce titre, les deux organisations annoncent sur leur site internet avoir déposé, ce jeudi, une plainte devant le Tribunal de Grande Instance de Paris contre la maison-mère située en Corée du Sud, Samsung Worldwide, ainsi que sa filiale française, Samsung Electronics France. Et ce, pour « pratiques commerciales trompeuses » et « violations des droits fondamentaux ».

Sherpa et Peuples Solidaires ont Samsung dans le viseur depuis 2012, date à laquelle les organismes de terrain ont entamé leurs premières investigations. Mais aujourd’hui, de nouveaux rapports provenant de l’ONG américaine China Labor Watch viennent étayer leur dossier.

Après s’être infiltrée dans les usines de HEG, China Labor Watch a repéré des violations graves des droits humains. Elle a, en effet, constaté « l’emploi d’enfants de moins de 16 ans, des horaires de travail abusifs, l’absence d’équipements appropriés aux risques encourus, des conditions de travail et d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine », indique Sherpa dans son communiqué posté sur son site internet. De même, « l’utilisation de benzène et de méthanol dans les usines auraient causé des maladies incurables chez plusieurs employés », poursuit l’ONG française.

Pas la première fois

Et ce n’est pas une grande première. Sherpa avait déjà déposé plainte en décembre 2015 contre Samsung, après une première plainte classée sans suite en 2013 et une autre fin 2014. Début 2016, Samsung était à nouveau pointé du doigt dans un rapport conjoint d’Amnesty International et Afrewatch. Les deux organisations s’alarmaient du travail de très jeunes enfants dans les mines de cobalt, composant qui se retrouverait ensuite dans les produits de géants automobiles et électroniques tels que Volkswagen, Daimler, Sony, Microsoft, Apple… et Samsung.

De son côté, Samsung nie les allégations et affirme, dans un communiqué de presse, pratiquer une « politique de tolérance zéro sur le travail des enfants aussi bien dans ses propres installations que chez ses fournisseurs ». Le géant sud-coréen assure respecter « scrupuleusement les réglementations et normes du travail au niveau local et international », tout en les imposant à ses fournisseurs sous-traitants. « Selon les informations disponibles publiquement, cette nouvelle accusation est fondée sur les mêmes motifs juridiques utilisés lors de deux précédentes actions en justice initiées par Sherpa en 2013 et 2016. Le rendu du jugement de ces dernières était tous deux en faveur de Samsung », se défend encore la marque.

Sur son site internet, Samsung cultive d’ailleurs une image responsable, éthique et respectueuse des droits de l’homme et du travailleur sur toute la chaîne de production. Elle se targue même de vouloir devenir « l’une des entreprises les plus éthiques au monde ».

À la justice de trancher une nouvelle fois.

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