85.000 euros pour analyser l’ADN des crottes de chien: le bourgmestre de Ciney renonce finalement à ce projet

Dès 2018, la ville de Ciney voulait pourchasser les propriétaires qui ne ramassent pas les crottes de leurs chiens sur la voie publique. Comment? En analysant l’ADN des cacas trouvés. Sauf que la somme prévue pour mettre en place la mesure a fait bondir tant l’opposition que les riverains. Sous la pression, le bourgmestre a finalement renoncé à son projet.

Trop, c’est trop. Le bourgmestre de Ciney, Jean-Marie Cheffert (MR), a tenté de déclarer la guerre aux propriétaires de chiens qui ne ramassent pas la crotte de leurs toutous sur la chaussée. Après avoir défendu et voté son projet devant le conseil communal ce lundi soir, il n’a finalement pas résisté à la pression médiatique et politique. 36 heures plus tard, il a fait savoir dans la presse locale qu’il mettait fin à son projet.

« Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. J’ai vu les commentaires sur les réseaux sociaux. Je me dis qu’il y a peut-être des choses justes dans ce que les gens pensent. Et puis j’ai sans doute mal communiqué. Ce n’est pas 85.000 euros de dépenses prévues pour ce projet, mais une somme budgétée dans le cadre d’un dossier qui allait à la subsidiation. On aurait ainsi pu valoriser le traitement payé pour nos agents constatateurs à la ville de Ciney », se défend-il ainsi ce mercredi à Ma Télé.

Dans d’autres villes européennes

Il faut dire que son projet avait de quoi soulever de vives polémiques. Concrètement, le texte prévoyait que tous les maîtres canins soient obligés de faire enregistrer leur chien à la commune, auprès du service État civil. En cas de crotte retrouvée sur le trottoir, une analyse ADN devait être réalisée sur le caca afin d’identifier le chien et son maître, sur base de la liste dont disposera alors la commune. Coût estimé de la mesure? 85.000 euros, sur les 19 millions d’euros que compte le budget annuel de la commune. Outch.

Si une analyse ADN ne coûte qu’environ 20 euros, cette somme énorme se justifiait aussi par le personnel nécessaire pour l’effectuer, mais aussi pour constater l’infraction. Une fois le propriétaire négligeant identifié, la note était plutôt salée: il aurait dû débourser 40 euros pour les frais d’analyse et encore 100 euros d’amende.

Mais si cette politique anti-crottes peut sembler un peu extrême, elle existe pourtant bien dans d’autres villes d’Europe, comme à Dresde en Allemagne, à Tarragone dans le nord-est de l’Espagne, et chez nous à Seraing en région liégeoise.

« On ne sait pas trop s’il faut en rire ou en pleurer »

Bien évidemment, ce projet était loin de plaire à tout le monde, à commencer par l’opposition. « On a ici un bourgmestre qui part en croisade contre les crottes de chiens! En voilà un magnifique combat pour l’avenir de notre belle commune, on ne sait trop s’il faut en rire ou en pleurer », s’insurgeait à La DH François Bouchat, chef de file Ecolo au conseil communal de Ciney. « Vous vous rendez compte? 85.000 euros pour identifier l’ADN des crottes de chien! Tous les Cinaciens à qui j’ai parlé de cette décision sont sidérés. C’est hallucinant d’être à ce point en décalage par rapport aux attentes des citoyens », déplorait-il encore.

Interrogés par le quotidien, le PS, le cdH et Ecolo étaient tous sur la même longueur d’onde: ce projet ne tient pas la route. Premièrement parce qu’il aurait fallu au moins un an à la commune pour constituer cette liste des chiens et de leurs maîtres. Deuxièmement parce que la mesure aurait été mise en place en 2018, pile poil l’année des élections communales. Mauvais timing, donc. Et troisièmement parce qu’il y a autre chose à faire avec 85.000 euros.

C’est clair que cette coquette somme pour résoudre un problème mineur de société avait de quoi surprendre. Les propriétaires de chiens peuvent donc souffler.

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