Une marche pour le climat plus tendue que d’habitude: un avant-goût?

Un nombre de manifestants en baisse, mais une détermination toujours intacte. Plusieurs milliers de personnes ont défilé ce dimanche, déçues par le non-vote de la loi Climat, mais toujours autant déterminées à secouer le monde politique. Une marche marquée par des dégradations. Preuve que la tension est montée d’un cran.

Pour cette 5e mobilisation organisée par le collectif citoyen Rise For Climate Belgium, ils étaient 7.000 à Liège et 8.000 à Bruxelles. Soit assez loin des 70.000 personnes qui ont défilé le 27 janvier dernier. À l’époque, les marcheurs avaient encore l’espoir de mettre la pression sur le monde politique. Mais la loi Climat, jugée comme symbolique par ses détracteurs, et paradoxalement contraignante, n’aboutira pas. En tout cas pas avant les élections et la redistribution des cartes.

Mais ce dimanche, la tension est montée d’un cran. L’oeuvre d’une septantaine de Gilets jaunes auteurs de « dégradations et d’agressions », selon la police. La manifestation a dû être stoppée pour procéder aux interpellations.

Pas écoutée, une partie des manifestants pour le climat pourrait être tentée par des actions plus musclées. On en a vu les prémices avec l’action Occupy For Climate, qui s’est achevée par une expulsion forcée jeudi dernier. Ce dimanche, les casseurs qui gravitent autour étaient plus nombreux.

« Tant que nous serons conciliants et gentils… »

Mais s’agit-il uniquement de Gilets jaunes?Vendredi, le Biais Vert, la page Facebook du présentateur RTBF Félicien Bogaerts, qui est liée à Mr Mondialisation (plus d’1.300.000 d’abonnés), a fait le bilan des actions suite à l’abandon de la loi Climat. Le post est un mélange de colère et de détermination:

« Quand on les fait chier, les pouvoirs politiques sont bien moins complaisants et ils nous envoient leur bras armé. S’ils réagissent ainsi, c’est que notre cible est bien atteinte. Mais qu’ils se détrompent : à l’inverse d’apaiser les tensions, la répression enhardit vivement notre détermination sans compromis. »

Avant de préciser un peu plus leurs intentions: « Ceci n’est pas la fin, ceci est juste une fin. Celle d’un premier épisode d’une longue série dont nous-mêmes déciderons du scénario… et de sa fin. Cette fois-ci nous déclarions avec force #WeAreDoneAskingNicely, sans doute la prochaine fois dirons-nous #WeAreDoneAsking car à l’injustice et au mépris répond la colère, la radicalisation, la témérité, l’auto-défense. Nous le disions, la lutte s’organise : les modes actions évoluent, le logiciel militant change. »

Et de conclure par une cinglante leçon: « Tant que nous serons conciliants et gentils, ils nous répondront par le mépris, tant que nous demeurons mignons, ils nous prendront pour des cons. Prenez ceci comme un outil de réflexion. »

Reste à déterminer ce « nous ». Une sorte de convergence des luttes, composée de « Gilets jaunes, de zadistes, de groupes anarchistes et anti-capitalistes » , ainsi que de quelques activistes qui souhaitent simplement hausser le ton face à l’inaction politique en faveur climat. Anuna De Wever, qui participait également à la marche, a elle voulu se distancier des casseurs: « C’est dommage que des casseurs viennent détruire des choses car nous avons toujours manifesté de manière propre et pacifique. Nous nous distancions totalement de ces actes. »

Difficile de savoir si cette tendance va se généraliser, si la tension va monter d’un cran et devenir plus fréquente. Les marches pour le climat ne nous ont pas habitué à ça. Mais notre voisin français nous montre qu’une certaine violence finit par payer.

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