Un des fondateurs de ChatGPT s’inquiète sur la suppression d’emploi: « Un grand nombre de perdants et de malheureux »

L’intelligence artificielle (IA) va-t-elle coûter des emplois ? Le débat prend de plus en plus d’ampleur. Pour un des fondateurs de DeepMind, il faudrait en tout cas s’attendre à de nombreuses suppressions de jobs. Il faudrait réfléchir à des solutions politiques, comme un revenu universel.

Dans l’actu : la mise en garde de Mustafa Suleyman, cofondateur de DeepMind (qu’il a quitté l’année dernière pour fonder sa propre entreprise, Inflection AI), une société pionnière de l’IA rachetée par Google en 2014. Il s’est exprimé ce mardi lors d’un forum autour de la technologie, le Bridge Forum, à San Francisco.

  • « Il est indéniable que de nombreuses tâches des cols blancs seront très différentes dans les cinq à dix prochaines années. Il y aura un grand nombre de perdants et ils seront très malheureux, très agités », prévoit-il, relayé par le Financial Times.
  • Une perte d’emplois que l’État devrait compenser avec un revenu de base, par exemple, plaide-t-il. « Cela nécessite une compensation matérielle. Il s’agit d’une mesure politique et économique dont nous devons commencer à parler sérieusement. »
    • Voilà un débat qui n’est pas nouveau. Le livre de l’économiste Jeremy Rifkin, La fin du travail, publié en 1995, aborde par exemple déjà cette question de revenu universel et de machines qui font le travail pour l’Homme. Mais avec le lancement de ChatGPT à la fin de l’année 2022, le débat prend encore plus d’ampleur.

Le contexte : de plus en plus de voix mettent en garde que l’IA va coûter des emplois.

  • Il y a une semaine, le « parrain de l’IA » Geoffrey Hinton a démissionné de Google pour faire part de ses inquiétudes quant au développement rapide de l’IA, ces derniers mois. Les risques : la suppression d’emplois et une utilisation à des fins malveillantes.
  • Début mai, le Forum économique mondial a publié une étude disant qu’ici à 2027, l’IA créerait 69 millions d’emplois et en détruirait 83 millions. Soit un déficit de 14 millions de jobs.
  • Un rapport de Goldman Sachs datant du mois de mars fait état d’une suppression de 300 millions d’emplois dans le monde.
  • Outre les emplois, les risques de l’IA (comme la désinformation, avec des deepfakes) inquiètent aussi les observateurs. Une lettre, signée par Elon Musk et Steve Wozniak, a par exemple demandé de mettre en pause le développement de systèmes d’IA plus performants que ce qui existe aujourd’hui. Le PDG de Google, Sundar Pichai, s’est ensuite engagé dans la même voie, disant que les risques et le manque de réglementation l’empêchaient de dormir la nuit.
    • Mais ces avis ne sont pas partagés par tout le monde. D’autres, comme Bill Gates et Mark Zuckerberg, voient surtout les bienfaits et le potentiel de l’IA.
    • Concernant la crainte pour les métiers, de nombreux observateurs, dont Microsoft et LinkedIn, soulignent l’argument que l’arrivée de l’IA est un peu comme l’arrivée du numérique. Oui, de nombreux postes et métiers ont disparu, mais de nombreux autres, qu’on n’imaginait pas forcément avant, ont été créés.

Le développement de l’IA

Le détail : « plus dynamique et plus personnalisé ».

  • Suleyman revient aussi sur le développement de l’IA. D’abord pour son passé. Il estime avoir été grillé par ChatGPT. Google DeepMind avait son propre bot, LaMDA. « Nous avions ChatGPT un an et demi avant ChatGPT. C’était frustrant, plus que frustrant de voir ChatGPT exploser », explique-t-il. Il ajoute que Google serait néanmoins en bonne voie pour dominer le marché émergent des outils d’IA.
  • Ensuite, pour le développement de l’IA à l’avenir. « La dernière décennie a été marquée par la classification et la définition, alors qu’aujourd’hui nous nous intéressons à l’interaction… La rigidité du format va disparaître et tout va devenir plus dynamique et personnalisé », estime-t-il. En somme, les bots devraient donc de plus en plus ressembler à l’être humain ; ce qui aussi a ses risques et ses bienfaits.
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