Suède, Estonie, Venezuela … voici les pays sur le point d’avoir une crypto-monnaie nationale

Qu’on le veuille ou non, l’usage des monnaies numériques devient de plus en plus courant et certains pays y voient un avantage plutôt qu’un inconvénient. Voici ces pays qui travaillent à la création d’une crypto-monnaie destinée à un usage national et contrôlée par les institutions du pays.

Le Venezuela et le Petro

Embourbé dans une guerre civile et une crise financière interminable depuis plusieurs long mois, le Venezuela a décidé de lancer le Petro. Ce « cryptoactif souverain soutenu par des actifs pétroliers et émis par l’État vénézuélien » est censé permettre au habitants d’échapper au blocus financier imposé par les États-Unis.

Les autorités vénézuéliennes ont donc mis en vente 38,4 millions de Petro mais la vente de ceux-ci rencontre un problème de taille: son achat se fait en dollars et non en bolivars, la monnaie nationale. Du coup, la crypto-monnaie basée sur les réserves de pétroles du pays et dont le nom est une sorte de pied de nez aux pétro-dollars ne profite ni au pays, ni aux Vénézuéliens.

PETRO

La Suède et l’e-krona

C’est en novembre 2016 que la Riksbank, la Banque nationale suédoise, a révélé travailler au lancement de sa propre monnaie numérique qui aurait pour nom « e-krona » (e-Couronne). Selon Stefan Ingves, gouverneur de la Riksbank, l’e-couronne devrait être couramment utilisée dans les trois à quatre ans. Mais, par sécurité, elle ne remplacerait pas totalement l’argent physique. En cas de coupure de courant générale, les monnaies numériques ne serviraient plus à rien, par exemple.

L’e-krona utiliserait la technologie Tangle (enchevêtrement en anglais) prévue pour réaliser des paiements avec des dispositifs embarqués qui acceptent la monnaie numérique IOTA. C’est une technologie plus légère et plus rapide que la blockchain et elle devrait faciliter les paiements via l’internet des choses (IoT).

IOTA

L’Estonie et l’estcoin

Plutôt balèze sur les questions numériques, ce petit pays qui se niche dans le giron de la Russie a lancé fin 2017 son e-token qui a pour nom: l’estcoin. Il n’est ici pas vraiment question de monnaie numérique à usage domestique mais d’une crypto-monnaie qui permettra aux entreprises d’assurer des levées de fonds.

Comme l’explique le directeur du programme e-Kaspar Korjus, l’objectif de cette création est « de profiter des avantages de la technologie blockchain, tout en offrant un cadre légal à celles-ci, afin de permettre aux startups qui s’installent en Estonie de se développer dans le respect des bonnes pratiques ». Ce n’est donc pas encore une alternative directe à l’Euro mais elle aura des conséquences dans le monde local des affaires.

estcoin

La Suisse et l’e-franc

Ça peut paraître surprenant sachant que les monnaies numériques sont décentralisées et souvent considérées comme l’élément qui va causer la perte des banques mais le ministre suisse de l’Economie Johann Schneider-Ammann a déclaré que la Suisse devait devenir une « cryptonation ». En un sens, c’est déjà le cas. Le pays des banques est le paradis européen des crypto-monnaies, comme l’explique Capital.

La Suisse abrite de nombreuses organisations qui travaillent au développement mondial de la blockchain, à l’instar de la Fondation Ethereum, et de nombreux commerces autorisent déjà les paiements en e-monnaie. Mais le pays veut aller plus loin. Dans une interview accordée au Financial Times, Romeo Lacher, le patron de la bourse suisse a sérieusement envisagé la création d’un franc en cryptomonnaie. Lacher estime qu’un e-franc contrôlé par la BNS, la Banque Nationale Suisse, serait un avantage indéniable pour le commerce local.

Fondation Ethereum

L’Iran et un genre de PETRO

Il semblerait que la banque centrale iranienne soit en train de développer une crypto-monnaie qui serait administrée par le gouvernement fédéral. L’information a été communiquée par le ministre des Technologies de l’information et de la communication, MJ Azari Jahromi, en personne sur Twitter après que ce dernier se soit entretenu avec le conseil d’administration de la banque nationale.

Il aurait ainsi évoqué l’existence des « monnaies numériques basées sur la [blockchain] » et il aurait été décidé « de mettre en œuvre la première monnaie numérique basée sur le cloud en utilisant les capacités des élites du pays ». À l’instar du Venezuela et de son PETRO, l’Iran créerait donc une monnaie basée sur ses importantes réserves de pétrole.

La Turquie et le Turkcoin

Selon cet article du Al-Monitor, le vice-président du Parti du Mouvement nationaliste (MHP), Ahmet Kenan Tanrikulu, a demandé la création d’une cryptomonnaie nationale contrôlée par l’État turque qui aurait pour nom le Turkcoin. « Le monde avance vers un nouveau système numérique: la Turquie devrait créer son propre système numérique et sa propre monnaie avant qu’il ne soit trop tard », a confié Tanrikulu au journal du Moyen-Orient.

Le Turkcoin pourrait avoir une utilité pour le tourisme autant que pour le commerce. « De nombreuses entreprises acceptent le paiement avec des crypto-monnaies, et le nombre de clients utilisant ces devises augmente rapidement », a ajouté le ministre. « S’opposer à ces devises n’a aucun sens. C’est une question nationale qui nécessite un consensus national. »

Chine, Singapour, Hong-Kong et Corée du Sud?

On entend souvent parler de Pékin, de Séoul, de Hong-kong ou de Singapour lorsqu’il est question de cryptomonnaies. Pourtant, ces pays n’envisagent pas de créer leur monnaie nationale même s’ils les utilisent énormément.

Bien que, d’une certaines manières, ces états soient permissifs et en avance sur la question des e-coins – Séoul est l’un des plus importants marchés mondiaux de Bitcoin ou d’Ethereum – ce sont également les premiers à vouloir réguler l’usage de ces monnaies virtuelles.

En début d’année, les dirigeants sud-coréens ont annoncé de grandes mesures contre les plateformes d’échanges des crypto, ce qui a sérieusement chamboulé les bourses asiatiques. Singapour a même un temps parlé d’une interdiction complète avant de revenir à une économie plus tolérante. Ces velléités de cadenasser les monnaies virtuelles se sont d’ailleurs propagées à l’Union européenne et aux États-Unis.

Alors, tend-on vers une usage généralisé des monnaies numériques nationales ou, pire/mieux encore, comme le prédisait Jack Dorsey, fondateur de Twitter, vers un monde où plus qu’une seule monnaie n’est d’usage: le Bitcoin? Les mois qui viennent risque d’être fort intéressants.

epa
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