La lutte contre le harcèlement de rue continue. La commune de Saint-Nicolas a décidé d’agir et d’utiliser la manière forte: adresser une amende de 350€ à quiconque sifflera ou insultera une femme en rue. C’est une initiative de la N-VA mais le système est déjà plus ou moins appliqué dans d’autres villes belges comme Malines et Bruxelles.
Sanctionner au combattre le harcèlement de rue n’est pas une tâche facile. Si une femme qui se sent harcelée va porter plainte à la police, cela sera doute classé sans suite puisqu’il est difficile de retrouver les auteurs des faits. Et même si on les retrouve, les procédures sont trop lourdes et ils sont finalement libérés. Du coup la commune de Saint-Nicolas, sous l’impulsion d’élus N-VA, ont décidé de mettre en place un nouveau système bien plus efficace.
Dans les faits, si une femme se sent harcelée ou insultée, elle peut directement interpeller les forces de l’ordre pour signaler un comportement limite. Si la victime dispose de témoins, c’est encore mieux. L’agent mettra tout en oeuvre pour discuter avec la victime et les « harceleurs« . Le dialogue sera privilégié dans un premier temps et si cela ne donne rien, une amende de 350 euros pourra être adressée. Cette mesure entrera en vigueur dès le 1er janvier prochain à Saint-Nicolas mais des systèmes similaires sont déjà en place dans quelques rares communes.
Loi rapide
Derrière cette mesure, on retrouve le bourgmestre de Saint-Nicolas Veerle De Beule (N-VA) et un autre échevin, Lieven Dehandschutter (N-VA). « En incluant ces comportements dans les sanctions administratives municipale (SAC), nous pouvons immédiatement confronter les harceleurs aux faits et aux conséquences de ceux-ci. Une forme de loi rapide, en quelque sorte » explique Veerle De Beule, l’homme derrière le concept, pour nos confrères de Het Laatste Nieuws.
« Dans la rue il n’y a pas de barrière, on peut toujours discuter et s’expliquer. Mais quand il s’agit d’insultes et de harcèlement, c’est différent. Nous conseillons donc aux victimes d’en parler immédiatement à un agent de police » notifie Liven Dehandschutter. En plus de Saint-Nicolas, on sanctionne le harcèlement à Malines depuis février dernier. En tout, 24 plaintes ont pu être traitées et cela fonctionne plutôt pas mal. « Le but n’est pas de multiplier les amendes mais de rappeler les gens à l’ordre pour que ce genre de comportement ne se reproduise pas. Si la victime et l’auteur acceptent la médiation, l’amende n’est pas toujours nécessaire » précise Werner Van Herle, un agent de prévention.
Dans la commune de Boom également on tente au maximum de sanctionner ce genre de comportement. L’un des conseillers communaux socialiste, Abdel El-Hajoutti, parle de dissuasion pour les harceleurs: « Dans l’esprit de #MeToo, nous ne pouvons pas laisser ce genre de comportement impuni. » À Bruxelles comme à Malines, les comportements douteux ont été inclus dans les règlements de police depuis plusieurs années.
Jusqu'à 350 euros d'amende pour le harcèlement de rue à Saint-Nicolas dès le 1er janvier. https://t.co/YYSTdvvs52
— Hugo Poliart (@HugoPoliart) 27 décembre 2017
Pas seulement de la répression
À ce sujet, la professeure en criminologie Anne Groenen de l’Université Catholique Leuven-Limburg a déjà réagi, toujours dans les colonnes de Het Laatste Nieuws. Même si elle salue l’initiative, elle met en garde de ne pas uniquement utiliser la répression mais de mettre en place des campagnes de sensibilisation. « Avec des amendes, vous ne permettez pas qu’un respect mutuel s’installe dans la société. La politique doit pouvoir permettre que des témoins osent intervenir en cas de harcèlement public. » En conclusion, même si cela ne vas régler le problème du jour au lendemain, les choses sont en train de changer et forcé de constater qu’il est difficile de trouver des défauts à ces nouvelles amendes.