Sans s’excuser, Mark Zuckerberg s’explique enfin sur la responsabilité de Facebook dans l’affaire Cambridge Analytica

Les explications de Mark Zuckerberg sur l’affaire Cambridge Analytica étaient plus qu’attendues. C’est désormais chose faite, le patron de Facebook a posté un long communiqué sur son compte hier soir pour justifier le rôle de son réseau social dans ce scandale. S’il reconnaît avoir « fait des erreurs », il ne présente toutefois aucune excuse. Il va directement de l’avant en annonçant de grandes réformes à venir.

Depuis les révélations du week-end dernier, selon lesquelles Cambridge Analytica a utilisé à des fins politiques des données personnelles des utilisateurs de Facebook via une application de tests psychologiques, le principal intéressé était étrangement très silencieux. Mais ce mercredi tard dans la soirée, Mark Zuckerberg est enfin sorti de son silence en publiant un long communiqué sur son compte Facebook.

Le patron de Facebook débute son message par un bref rappel chronologique des événements. Après la naissance du réseau social en 2007, « un chercheur de l’Université de Cambridge, nommé Aleksandr Kogan, a créé en 2013 une application de quiz de personnalité. Celle-ci a été installée par environ 300.000 personnes, qui ont donc partagé leurs données ainsi que certaines données de leurs amis », écrit-il. Mais compte tenu de la manière dont Facebook fonctionnait à l’époque, « Kogan avait accès à des dizaines de millions de données de leurs amis ».

De gros changements déjà réalisés en 2014

En 2014, une première amélioration de Facebook a donc été réalisée pour empêcher des applications tierces d’accéder à autant de données. De cette façon, « les applications comme celle de Kogan ne pouvaient plus demander des données sur les amis d’une personne à moins que leurs amis aient autorisé également l’application ». De même, les développeurs devaient obtenir l’aval de Facebook avant de demander à accéder à ces données sensibles.

Mais un an plus tard, Mark Zuckerberg affirme avoir appris, grâce aux journalistes du Guardian, que Kogan partageait ses données avec Cambridge Analytica. Autrement dit, l’entreprise britannique spécialisée dans le recueil et l’analyse de données en ligne à laquelle Donald Trump a fait appel pendant sa campagne électorale. Comme « c’est contraire aux politiques de Facebook de partager des données sans le consentement des gens », le réseau social a « immédiatement banni l’application et exigé que Kogan et Cambridge Analytica certifient formellement avoir supprimé toutes les données illégalement collectées ». Ce que Mark Zuckerberg assure qu’ils ont fait.

« Un abus de confiance »

Ce qui nous amène au coeur de l’affaire qui fait trembler Facebook depuis quelques jours. « La semaine dernière, nous avons appris du Guardian, du New York Times et de Channel 4 que Cambridge Analytica n’avait peut-être pas supprimé les données comme elle l’avait certifié », poursuit le papa de Facebook, assurant donc qu’il n’était au courant de rien avant que le scandale éclate. Depuis, « Cambridge Analytica affirme avoir supprimé les données et a accepté qu’une firme que nous avons nous-même embauchée lui fasse passer un audit pour le confirmer ». Facebook précise également « travailler avec des organismes de règlementation pour enquêter sur ce qui s’est passé ».

« C’était un abus de confiance entre Kogan, Cambridge Analytica et Facebook », se défend Mark Zuckerberg. Mais il fait néanmoins un petit mea culpa: « c’était aussi un abus de confiance entre Facebook et les personnes qui partagent leurs données avec nous et qui s’attendent à ce que nous les protégions. Nous devons régler cela. »

Trois grosses réformes à venir

Pour « régler cela », le PDG de 33 ans annonce trois grandes réformes. Le premier sera un nettoyage en profondeur de toutes les applications qui utilisent Facebook, particulièrement celles qui ont accès à un grand nombre de données sur les utilisateurs. Pour cela, le réseau analysera de près les apps, effectuera « un audit complet » auprès de toutes celles qui présentent une activité suspecte et bannira celles qui refusent de se soumettre à cet audit. S’il s’avère que d’autres applications se servent des données des utilisateurs sans leur consentement, ceux-ci seront prévenus.

La deuxième grande réforme sera de limiter encore davantage l’accès aux données des développeurs, en les obligeant à « signer un contrat ». « Nous supprimerons l’accès des développeurs à vos données si vous n’avez pas utilisé leur application depuis 3 mois. Nous réduirons les données que vous fournissez à une application en vous connectant – à uniquement votre nom, votre photo de profil et votre adresse e-mail », annonce-t-il entre autres.

Enfin, la dernière grande réforme verra naître un petit changement sur ton fil d’actualité. Le mois prochain, tu disposeras d’un outil en haut de ton fil d’actualités qui t’indiquera les applications que tu as utilisées et qui te permettra de révoquer facilement les autorisations que tu as fournies à ces app concernant tes données personnelles.

« Nous avons fait des erreurs »

Sans s’excuser, Mark Zuckerberg reconnaît quand même avoir « aussi fait des erreurs » et assume la part de responsabilité de Facebook dans cette affaire. En attendant, des cabinets d’avocats américains ont déposé des plaintes et recours en nom collectif au nom de citoyens et d’actionnaires, et le Parlement européen va, lui aussi, ouvrir une enquête.

Les explications de Mark Zuckerberg risquent également de ne pas suffire à limiter l’ampleur de la campagne #deletefacebook, qui appelle le monde entier à supprimer son compte Facebook.

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