Retour case prison pour Kaaris et Booba: ils devront patienter jusqu’au 6 septembre pour leur procès

Booba et Kaaris comparaissaient devant le juge ce vendredi soir. Pas pour le procès proprement dit, mais sur les modalités d’un procès à venir dans plus d’un mois. Les deux rappeurs risquent gros: jusqu’à 7 ans de prison et 100.000 euros d’amende.

C’est un (pré) procès pas comme les autres qui s’est tenu à Créteil dans la 12e chambre correctionnelle, spécialement conçue pour les grandes occasions. Il est 21h30, les fans des deux camps sont déjà là depuis des heures pour avoir les meilleures places. Des vitres séparent les deux box des accusés. À gauche « la bande à Kaaris », quatre personnes en tout. À droite, la « bande à Booba », sept gars plutôt balaises, comme vus sur les vidéos. Derrière, les familles et amis. Chacun portant sur lui la marque de l’artiste. Obligé.

Le président du tribunal s’avance, l’air confiant. Il en a connu d’autres. Son objectif du jour n’est pas de juger les 11 hommes accusés d’avoir provoqué une bagarre à l’aéroport d’Orly, en pleine heure de pointe, mais bien de définir les modalités d’un procès qui s’annonce compliqué. Chaque clan plaidant la légitime défense.

Trois plaintes

Côté partie civile, Air France a déposé plainte pour « trouble à l’ordre public avec préjudice d’image et financier », ainsi que « mise en danger de la vie d’autrui ». Une autre plainte a été déposée pour le retard de vols ayant entraîné des coûts de 8.500 euros. Quant au gérant de la boutique duty-free, qui a également déposé plainte, il a fait constater quelque 54.000 euros de dégâts.

Il y a presque autant d’avocat que d’accusés. Les deux rappeurs ont décidé de mettre les moyens pour assurer leur défense. Avec l’aide d’Universal qui, plutôt cocasse, a des intérêts chez les deux artistes. Les deux principaux concernés la jouent profil bas. Booba commence à parler: « Ce qui est arrivé est inexcusable, impardonnable », mais que « l’abcès est crevé » entre lui et Kaaris, promet-il. Le Duc de Boulogne se dit prêt à participer à hauteur de 50% au remboursement des dommages et intérêts. Il jure également que s’il avait su que lui et Kaaris allaient prendre le même vol, il « aurait changé ses plans ».

Les avocats de leur côté tentent de calmer le jeu. Ils expliquent à la Cour les spécificités du rap game, tout en faisant passer les accusés pour des brebis: « Des pères de famille… Vous avez un chauffeur de taxi, un cuisinier diabétique de chez Disney, un éducateur dans un centre pour handicapés… »

Très vite, le président de la cour annonce qu’il va reporter le procès au « 6 septembre ». Le tout est de savoir ce qu’il va faire des deux artistes et de leurs amis d’ici cette date. Liberté conditionnelle ou détention provisoire? En libérer l’un des deux est inenvisageable. Les libérer tous les deux leur permettrait d’ajouter de l’huile sur le feu jusqu’au procès. Le président a rappelé sa crainte sur de potentielles nouvelles altercations. Le procureur plaide pour la mise en détention.

« Déçu »

Pour les avocats, c’est la déception: « Allez-vous mettre en prison de futurs innocents? », s’insurge Me Lebras. « Il n’y aurait qu’une seule façon de sortir libre d’ici, ce serait d’avoir un ami policier, un casque, et un quelconque passe-droit », en faisant référence à l’affaire Benalla. « Je suis déçu, Monsieur le Président, je suis déçu », répète un autre.

Vers deux heures du matin, le couperet tombe: les deux hommes ainsi que leurs camarades resteront un mois de plus en prison, Kaaris et ses amis à Fresnes, Booba et les siens à Fleury-Mérogis. On entend des cris de colère dans la salle et un début de mouvement de foule. « Faites évacuer la salle », ordonne le président. Rendez-vous le 6 septembre prochain pour « The » procès, comme l’a appelé le président de la Cour en début de séance, plutôt amusée.

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