Red Dead Redemption 2 a déjà quelques exploits à son actif. Il a réussi à mettre la presse spécialisée à ses pieds en obtenant des notes sorties de nulle part comme ce 21/20 attribué par JeuxActu. Mais il a fait encore plus fort: passionner le joueur en lui faisant faire des activités qu’il pourrait très bien faire chez lui sans manette à la main. Dans bien des aspects, RDR2 est révolutionnaire, mais il oublie parfois qu’il est un jeu vidéo.
Dès l’histoire de Red Dead Redemption 2 lancée, on comprend directement dans quoi on est tombé. On se retrouve au sein d’une bande très soudée menée par un leader charismatique: Dutch van der Linde. Malheureusement, cette troupe de hors la loi est mal en point, et il va falloir la remettre sur les rails, direction la richesse, la gloire, la violence et l’aventure. Le tout en incarnant Arthur Morgan, une brute au grand coeur, très loyale et attachée à sa bande de truands.
On fait donc la connaissance de tous les membres de la bande par le biais de missions, un peu barbantes il faut le dire, en plein milieu d’une montagne touchée par une terrible tempête. Ces quelques missions nous permettent de nous rendre compte des plus grandes qualités du nouveau blockbuster de Rockstar: son scénario, ses personnages et son ambiance.
Le terme « blockbuster » n’a pas été choisi au hasard. Car, à bien des égards, Red Dead Redemption 2 se rapproche plus d’un film que d’un jeu vidéo. Les personnages sont traités et écrits à la perfection, ce qui permet de directement créer de l’empathie avec eux et rentrer dans cet univers de western. La mise en scène des cinématiques et des missions est à couper le souffle tandis que les doublages sont eux aussi délicieux. C’est simple, les dialogues du jeu fondent dans la bouche comme des petits chicons caramélisés.
Je viens de finir Red Dead Redemption 2. Un des meilleur jeu que j’ai fais c’est 5 dernière année.
— 444 (@soinlovesorry) 30 octobre 2018
Légendaire.
La prod et la mise en scène de Red Dead Redemption II c'est quand même dément et très au-dessus de la majeure partie des autres AAA+. :O
— mistermv (@mvcaster) 29 octobre 2018
Une immersion jamais vue
Qu’on se le dise, même si le premier chapitre du jeu peut s’avérer un peu long et barbant, une fois qu’on rentre réellement dans le vif du sujet, Red Dead Redemption 2 propose une expérience hors du commun. Jamais un jeu n’aura autant excellé dans la contemplation. À dos de cheval, on ne peut s’empêcher de s’arrêter pour admirer le paysage, observer les nombreux animaux vivre leur vie paisible… avant de se prendre une flèche entre les deux yeux. Bah oui, on a des bouches à nourrir.
Même chose dans les villes, ces environnements sont même parfois plus impressionnants encore. En effet, la première ville que l’on visite, même si elle est très modeste, est tout simplement bluffante par son animation et la vie qu’elle regorge. Les gens se promènent le long des boutiques, ils observent le bétail, discutent, certains vomissent l’alcool qu’ils ont ingurgité au saloon tandis que deux ivrognes se battent dans une ruelle. On pourrait rester observer tout ça des heures durant en étant constamment surpris.
Mais le principe d’un jeu vidéo est d’être un acteur du jeu auquel au joue, non? Pas de soucis, Red Dead Redemption 2 propose tout un tas d’activités à faire: poker, chasse, vol de chariots de marchandises, jouer les chasseurs de prime ou encore récupérer les dettes des créanciers de la bande. Et bien sûr, toutes les missions qui font avancer le scénario. On se surprend souvent à profiter de petits détails insignifiants comme boire un verre au saloon, faire une partie de poker ou donner le bain à son cheval et c’est sans doute la plus belle réussite de Rockstar, sans compter le scénario prenant. Réaliser toutes ces activités dans un univers aussi riche et vivant est un véritable plaisir, voire même plus satisfaisant qu’en les faisant dans la vie réelle. Pourtant, il y a quelque chose qui cloche.
Red Dead Redemption 2 est enfin là, mon dieu quelle claque.. après 22h de jeu et quelques missions principales je suis admiratif du travail de Rockstar Games, l’ambiance, le scénario, l’immersion, les graphismes, tout t’y es ! Merci @RockstarGames vous êtes des génies. pic.twitter.com/yJMJqfy5PP
— Karl (@Karlcmn) 29 octobre 2018
Back to the futur
Mais voilà, même si Rockstar est parvenu à nous immerger parfaitement dans son western, il y a quelques défauts qui viennent gâcher notre vie dans ce Far West en pleine mutation sociale. Ses défauts, on les découvre dès la première mission du jeu. C’est simple, 10 ans séparent GTA IV de Red Dead Redemption 2. Pourtant, les contrôles du personnage n’ont pas changé. Arthur Morgan traîne ses kilos en trop dans les vastes étendues américaines et on contrôle notre héros comme un 15 tonnes rempli de marchandises.
On ne peut s’empêcher de comparer RDR2 à Zelda: Breath of the Wild, sorti en 2017, car on parle de deux chefs d’oeuvre d’open world. Et force est de constater que Link est bien plus maniable dans Zelda BOTW qu’Arthur Morgan dans RDR2, il n’y a pas photo. On peut carrément parler de contrôles archaïques concernant le jeu de Rockstar, et c’est bien dommage. Une maniabilité revue aurait permis de donner encore plus de plaisir au joueur et de l’immerger encore plus dans ce monde si bien travaillé et inspiré. Car dans des situations délicates comme de grosses fusillades, le jeu peut rapidement devenir frustrant à cause de la maniabilité compliquée d’Arthur.
Aussi, on a parfois l’impression de jouer à une simulation de balade à cheval tant la map est gigantesque et que les quêtes annexes ont tendance à prendre Arthur Morgan pour un employé de FedEx. Se déplacer d’un point A à un point B peut rapidement prendre plusieurs dizaines de minutes car on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Et puis, il faudra sans doute faire une pause pour brosser ton cheval et le nourrir pour qu’il ne s’épuise pas trop vite. L’ennui et la solitude guettent le joueur à chaque instant, mais heureusement on finit par les oublier grâce à la richesse de l’univers et des décors ainsi qu’à la liberté dont on dispose.
— William Audureau (@Willvs) 29 octobre 2018
Autre défaut de Red Dead Redemption 2 : la lourdeur des déplacements et mouvement. #RedDeadRedemption2
— FLOY (@DjFloy) 26 octobre 2018
Personne n’est parfait
En parcourant les dizaines de critiques des médias sur le jeu, on se rend compte que le terme « révolutionnaire » est au centre de tous les tests. Alors, oui, jamais un open world n’avait été aussi complet, beau, profond, détaillé et immersif. Mais en termes de gameplay pur, Red Dead Redemption 2 n’innove pas assez là où un Zelda Breath of the Wild a su combler tous les joueurs. On retrouve en effet des mécaniques vues et revues, certes extrêmement bien utilisées, mais pas assez innovantes pour être qualifiées de révolutionnaires.
En termes de mise en scène, d’écriture et d’immersion, il est certain que Red Dead Redemption 2 n’a pas d’égal. Mais à cause de sa maniabilité archaïque, ses combats répétitifs et son aspect simulation de balade à cheval, on ne peut pas vraiment dire que ce film vidéoludique soit vraiment parfait. On se rend compte de ça quand on compare les notes données par les médias à celles attribuées par les joueurs.
Comme l’explique Le Monde, le jeu a récolté 45 notes maximales sur 78 critiques référencées du côté des médias. Le site JeuxActu a même décidé d’attribuer la note de 21/20. Par contre, les joueurs sont bien plus sévères. Sur le site Metacritic, le jeu n’obtient qu’une moyenne de 7,5/10 sur PS4 et 6,8/10 sur Xbox One. Pour chaque console, on retrouve 1/4 d’évaluations négatives, parfois de mauvaise foi, mais tout de même.
En conclusion, Red Dead Redemption 2 n’est en aucun cas un jeu parfait, mais au final personne n’est parfait. Il n’en reste pas moins un jeu exceptionnel qui offre une expérience unique à l’image d’un Django Unchained pour citer un western récent. On aurait sans doute voulu un peu moins de film et plus de jeu vidéo.
C’est tout de même un jeu un peu curieux, qui s’apprécie davantage comme un vieux bourbon au fond d’un fauteuil usé que comme un jeu vidéo traditionnel. Il est rarement amusant. Mais quelle évasion.
— William Audureau (@Willvs) 29 octobre 2018