Quand la Fnac expose le nouveau livre de Theo Francken « Continent Sans Frontières »… à côté de « Mein Kampf »

Theo Francken n’est pas content, son bouquin « Continent Sans Frontières », fraîchement paru, a été exposé à la Fnac entre une réédition de « Mein Kampf » et un ouvrage très critique sur la présidence de Donald Trump.

Ce vendredi 28 septembre, le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Theo Francken (N-VA), sortait son très attendu « Continent Zonder Grens », qu’il a écrit en collaboration avec son conseiller en communication Joren Vermeersch. Son bouquin, également paru en français sous le titre « Continent Sans Frontières », est une sorte de réquisitoire dans lequel il expose en long et en large sa vision de la politique migratoire, tout en mettant en garde contre l’orientation qu’a prise l’Europe sur ce dossier.

Mais pour promouvoir sa sortie, la Fnac a décidé de l’exposer sur un présentoir bien visible avec toutes les autres nouveautés du mois. Le souci, c’est que « Continent Sans Frontières » se retrouve juste à côté d’une réédition du fameux « Mein Kampf », rédigé par Adolf Hitler entre 1924 et 1925 alors qu’il était détenu à la prison de Landsberg, en Allemagne, à la suite du putsch de Munich. Ça la fout mal.

« Euh, est-ce que c’est normal ça? »

De l’autre côté, le bouquin de Theo Francken n’est pas mieux mis en avant par son voisin de gauche, qui est un livre acerbe sur Donald Trump et l’actuelle Maison-Blanche, écrit par le journaliste du Washington Post Bob Woodward et intitulé « Fear » (ou « Angst » en néerlandais). Ce qui n’a pas échappé au secrétaire d’État, qui a publié sur son compte Twitter ce dimanche une photo du présentoir, prise dans un des magasins Fnac de Flandre. « Euh, est-ce que c’est normal ça? », s’interroge-t-il sous le cliché, visiblement pas ravi.

Dans un autre tweet, il ajoute même en-dessous de la photo « misselijk », que l’on peut traduire en bon français par « répugnant », et revient sur le « framing » qu’il dénonce justement dans son livre. Le leader N-VA accuse ainsi les journalistes d’avoir créé un cadre médiatique (« framing » en anglais), présentant à la population les réfugiés comme des familles syriennes fuyant la guerre, alors qu’il s’agit avant tout d’Irakiens et d’Afghans arrivés en Europe pour des raisons économiques. « L’image peu commune de la jolie réfugiée syrienne portant un adorable bambin dans ses bras avait été élevée au rang de norme médiatique », écrit-il par exemple.

« Continent Sans Frontières », un coup de gueule sur la politique migratoire belge et européenne

Outre les journalistes et la presse, les politiques progressistes et l’Europe toute entière, dont les directives « obligent à adopter une législation laxiste dans le domaine migratoire », en prennent pour leur grade. « L’histoire de la crise migratoire européenne est une saga qui dépasse l’imagination. Elle est celle d’entêtements, d’opportunités manquées et d’une naïveté que frôle la caricature. Cela parce que l’Union européenne a toléré la migration illégale pendant toutes ces années et n’arrive toujours pas à formuler une réponse commune au problème, alors que les citoyens, de Lisbonne à Helsinki, appellent à la détermination », peut-on également lire.

Pour solutionner ce « problème », il faudrait, selon lui, que la Belgique et l’Europe prennent chacune exemple sur la politique de « tolérance zéro » à l’égard de l’immigration clandestine que pratique l’Australie. Voire s’inspirent carrément de la « realpolitik » que Poutine applique en Russie. « Je ne prône pas l’adoption d’un modèle diplomatique musclé se basant sur l’exemple de la Russie, mais j’estime que l’Europe peut tirer quelques enseignements de la politique étrangère de Moscou. À commencer par jouer de la carotte et du bâton », suggère-t-il ainsi. Dans tous les cas, on ne pourra « espérer progresser » que « si l’on est disposé à se salir les mains. »

Alors que le nationaliste flamand est actuellement très critiqué pour sa gestion des centres fermés et ses dernières propositions drastiques – telles que récemment le « bateau-prison« , pour stocker le surplus de migrants qui doivent être régularisés ou renvoyés – il invoque dans son livre la possibilité de bâtir « un mur sécuritaire triple » aux frontières de l’Europe. Cette muraille symbolique – constituée de forces armées européennes, de garde-côtes et marines européennes nationales, et enfin d’une « diplomatie audacieuse » pour créer « une périphérie d’États voisins » coopérant intensivement avec l’UE sur le plan politique, économique et migratoire – devra servir, selon lui, à faire de l’Europe un modèle de stabilité et de prospérité.

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