Plus de 5 millions de personnes ont signé la pétition contre l’article 13 de l’UE

Le mouvement #SaveTheInternet a pris une ampleur incroyable. Plus de 5 millions de personnes ont déjà signé une pétition demandant au Parlement européen de revoir ses textes sur le droit d’auteur sur Internet. Ils estiment que la nouvelle législation européenne pourrait tuer l’Internet tel qu’on le connaît aujourd’hui.

La bataille pour le nouvel Internet européen est loin d’être finie. Avec les « pro-filtre » et les défenseurs acharnés du droit d’auteur d’un côté face aux partisans d’un Internet plus libre, dont l’idéologie est récupérée par les GAFA. Un amendement aux textes de lois proposés par le Parlement européen a déjà été voté en septembre suite à une forte pression mais cet amendement n’a pas convaincu.

Les membres du Parlement européen ont à nouveau voté en janvier. Leur vote concerne l’adoption des articles 11 et 13 de la directive sur le copyright. Le mouvement #SaveTheInternet espèrait faire plier les eurodéputés qui ont débattu sur cette loi. L’une des mesures initiée pour faire pression sur les politiques est cette pétition qui a déjà récolté plus de 5 millions de signatures. Mais le vote final aura lieu le 26 mars prochain.

Filtre Upload

« Il est important pour nous tous que les parlementaires votent contre le filtre Upload et contre la loi sur la protection de la performance. Autrement beaucoup de contenus (sujets) serons filtrés a priori, la liberté d’expression sera restreinte et la façon actuelle de communiquer les uns avec les autres ne sera plus possible », peut-on lire sur la page de la pétition. Selon les opposants à l’article 13, ce dernier pourrait mener à « une dictature algorithmique » ainsi qu’à une « censure généralisée ».

Le filtre Upload – ou machine à censurer, selon la députée Pirate Julia Reda – est cet algorithme que les gestionnaires de portails comme Google ou Facebook devront installer pour filtrer les chargements en ligne de contenus dont l’utilisateur ne possède pas les droits d’auteurs. En d’autre termes, si tu upload une vidéo de toi qui reprends un morceau de Metallica sur ton mur, cette vidéo sera supprimée automatiquement par le filtre Upload. C’est un peu comme si le Content ID de YouTube était automatisé et devenait extrêmement strict.

change.org

Mobilisation des YouTubeurs

Cette nouvelle réglementation a soulevé de nombreuses craintes chez les YouTubeurs. Ces derniers craignent de voir la culture Meme disparaître, une culture référentielle essentiellement basée sur la réutilisation d’images, de vidéos et de musiques connus. « Internet est en danger », « Est-ce la fin d’Internet? », « Sauvons les memes », sont quelques des titres des dizaines de vidéos produites pour appeler à se mobiliser contre les articles 11 et 13.

Si ces lois passent, les utilisateurs auront accès à moins de contenus et pourront plus difficilement partager leurs contenus, peut-on lire sur le site SaveYourInternet.eu. « Si les plateformes deviennent directement responsables du contenu téléchargé par l’utilisateur, elles supprimeront le contenu de manière arbitraire en fonction de leurs termes et conditions ». À terme, poursuivent-ils, seuls les créateurs avec de gros moyens financiers pourront survivre, ce qui risque de nettement appauvrir l’offre disponible sur le web.

Les grosses pointures s’en mêlent

Pourtant, même les gros porte-monnaies craignent cette loi. Le premier à faire pression pour motiver les troupes à se battre contre cette directive sur le droit d’auteur est… Google, lui-même. Mails aux créateurs, notifications sur la page d’accueil de Google, tweets, site anti-article 13… le géant du web fait tout pour que cette loi soit modifiée et sa campagne de com a réussi puisque des dizaines de YouTubeurs se sont mobilisés contre l’article 13. Mais les motivations de Google sont principalement pécuniaires. Si la directive passe, le géant sera obligé de passer des accords de licence avec chaque ayant droit d’un contenu. Et cette procédure sera longue, complexe et coûteuse.

La directive va-t-elle faire de l’Union européenne une enclave du web appauvrie ou justement un espace où régnera le respect du travail accompli? Pour Tim Berners-Lee, l’un des fondateurs du web et grand militant pour un Internet libre, cette législation est un danger. « L’article 13 constitue une étape sans précédent dans la transformation d’Internet, passant d’une plateforme ouverte de partage et d’innovation à un outil de surveillance et de contrôle automatisés de ses utilisateurs », écrivait-il dans une lettre cosignée par des dizaines d’autres sommités du web.

Les conséquences de cette bataille juridique seront connues en janvier.

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