La Russie est depuis quelque temps accusée de mettre son grain de sel dans la campagne électorale française. Il n’y a jusque-là aucune preuve, mais les suspicions sont de plus en plus fortes. Le chef de la commission du Renseignement du Sénat américain, lui aussi, est persuadé que Moscou a le bras long aux États-Unis, mais aussi en Europe et particulièrement en France.
« Je pense qu’il est raisonnable de dire, d’après ce que tout le monde pense, que les Russes sont activement impliqués dans les élections françaises ». Voilà ce que le chef de la commission du Renseignement au Sénat américain, Richard Burr, a déclaré hier soir aux journalistes.
Alors que cette même commission est en train d’enquêter sur les liens entre le Kremlin et l’administration Trump, Burr est certain que Poutine et son gouvernement essayent également de perturber d’autres élections en Europe: en Allemagne, et surtout les présidentielles en France. Il est plutôt bien placé pour l’affirmer, puisqu’il a accès aux informations les plus hautement classées des services du renseignement américain.
Pour favoriser Marine Le Pen?
Mais comment la Russie ferait-elle pour influencer des élections étrangères? Pour Burr, Moscou agirait comme un « perturbateur de l’équilibre » entre les candidats et serait donc « capable de tourner le résultat final en faveur de l’un ou l’autre ».
Son avertissement tombe, étrangement, quelques jours à peine après la rencontre entre Marine Le Pen et Vladimir Poutine à Moscou. Officiellement, la candidate d’extrême droite à la présidentielle française, lui avait rendu visite pour « renforcer son statut international ».
Mais en février déjà, son rival Emmanuel Macron (le leader de son propre mouvement En Marche!) accusait la Russie d’avoir tenté de saboter sa campagne, en diffusant de fausses rumeurs dans les médias. Et bien sûr, aucune de celles-ci ne concernaient Marine Le Pen.
« Mieux informer le public sur ce que prépare la Russie »
De son côté, Vladimir Poutine nie, à n’en pas douter, toute ingérence dans les élections, que ce soit aux États-Unis ou en France. Mais Burr n’est pas du tout de cet avis, et il est pour lui temps de mettre au courant tout le monde sur ce que fait la Russie.
« L’audition de demain a spécifiquement cela en tête: mieux informer le public, non seulement dans notre pays mais aussi à travers le monde, sur ce que prépare la Russie (…) Nous estimons qu’il est de notre responsabilité de communiquer au reste du monde ce qu’il se passe, parce que nous faisons maintenant face à une diffamation de certains candidats », a-t-il conclu hier devant les journalistes américains.
Si cette ingérence russe est avérée, il est en tout cas grand temps d’agir, puisque les derniers sondages montrent que Marine Le Pen et Emmanuel Macron devraient être au coude-à-coude au deuxième tour de la présidentielle française…
