Même déconnecté ou en navigation privée, Google dirige tes clics, affirme DuckDuckGo

Quand tu utilises un moteur de recherche Google et que tu souhaites avoir des résultats de recherche qui ne soient pas dépendants de ton historique de navigation, tu dois te déconnecter ou passer en navigation privée. En théorie. Car une étude de DuckDuckGo révèle que ça ne change pas grand chose et que tes résultats seront toujours personnalisés.

Google collecte nos données pour faciliter l’usage de tout un tas de services et la recherche d’information dans son moteur arrive en tête de ces services. Si tu lances une requête dans son interface, les réponses seront adaptées à ton profil, formé grâce à tes géolocalisations, tes intérêts culturels, tes connaissances scientifiques… bref, tout un tas de données accumulées au fil du temps qui ont finir par te créer une identité parallèle numérique.

Cette identité forme ce que certains appellent une bulle filtrante, la « filter bubble » en anglais. C’est une sorte de sphère informationnelle formée par nos recherches qui, étant dépendante de nos centres d’intérêts, finit par nous maintenir toujours au sein de cette bulle et nous empêche de découvrir de nouvelles choses. En ce sens, la filter bubble est à l’opposé de l’idéologie originelle d’internet qui imaginait un monde de connaissances ouvert, à la portée de tous, et non un monde cloisonné. Pour échapper à cette bulle, il existe différentes méthodes. Mais les plus courantes ne fonctionnent pas, affirme DuckDuckGo.

Google influence ton clic

Les techniques grand public pour s’extraire de la bulle filtrante consistent à se déconnecter – soit faire une recherche sur Google sans être logué avec son compte Gmail – ou à ouvrir une fenêtre de navigation privée. Mais dans les deux cas, ces procédés ne sont pas suffisants, révèle l’étude réalisée par DuckDuckGo, « la société de protection de la vie privée sur Internet qui vous permet de prendre le contrôle de vos informations, sans aucun compromis ».

DuckDuckGo, qui est surtout un moteur de recherche, se targue d’offrir à ses utilisateurs la possibilité de faire des recherches sur le web sans utiliser leurs données. Son étude peut, à première vue, passer pour une glorification de ses propres services. Mais elle vaut réellement la peine de se pencher dessus. DuckDuckGo a demandé à 87 personnes, déconnectées, situées à des endroits différents et en navigation privée de taper le même mot dans leur barre de recherche. Et quasiment chaque participant a obtenu une réponse différente.

DuckDuckGo

Résultats personnalisés

Durant cette étude, la plupart des participants ont obtenu des résultats uniques, qui ne se justifiaient pas par des variables d’emplacement, d’heure ou d’autres données. Sur la première page des résultats de recherche, Google présentait des liens pour certains participants, mais pas pour d’autres. Les résultats dans les vidéos variaient aussi.

« Le mode de navigation privée et la déconnexion de Google offrent très peu de protection contre les bulles de filtre. Ces tactiques ne fournissent tout simplement pas l’anonymat attendu par la plupart des gens. En fait, il est tout simplement impossible d’utiliser la recherche Google et d’éviter sa bulle de filtre », en conclut DuckDuckGo.

Le danger de la « filter bubble »

Le problème de la bulle de filtre se révèle lorsqu’elle a trait a des thématiques importantes, comme la vaccination, l’immigration ou encore le contrôle des armes à feu. Plutôt que d’offrir des opinions contraires ou plus nuancées, la bulle de filtre va mettre en avant des articles qui corroborent les convictions de l’utilisateur. Si celui-ci est adepte des théories du complot ou est convaincu que l’immigration représente le plus gros danger actuel, ses résultats de recherches seront des articles ou des vidéos qui conforteront ces croyances.

À la longue, ce sont donc les algorithmes et les formules mathématiques, plus que nos propres jugements, qui finissent par orienter la façon dont nous nous informons. Ce qui peut susciter des biais cognitifs, voir peser dans la balance quand il s’agit d’aller voter. Certains estiment d’ailleurs que cette bulle filtrante – présente également sur Facebook – aurait suffisamment cloisonné les électeurs américains en 2016 que pour favoriser la victoire de Donald Trump ou le choix du Brexit. Mais pas Google.

DuckDuckGo

Google réfute l’étude

« Au fil des années, un mythe est apparu: Google Search personnalise tellement que pour une même requête, différentes personnes peuvent obtenir des résultats très différents les uns des autres. Ce n’est pas le cas. Les résultats peuvent différer, mais généralement pour des raisons non personnalisées », a réagi sur Twitter Danny Sullivan, qui gère le compte Google Search Liaison. Ce compte fournit des indications sur la façon dont fonctionne le moteur de recherche de Google.

Sullivan a ajouté dans une série de tweets que la personnalisation n’est pas si importante que ça et qu’il existe différents moyens d’empêcher Google d’utiliser tes données. « Toute personne ne souhaitant pas la personnalisation à l’aide d’une activité basée sur un compte peut la désactiver à l’aide du paramètre Activité Web et applications« . Pour lui, cette bulle a surtout un aspect accommodant. Il donne l’exemple du mot « football », qui n’a pas la même signification selon que tu es américain ou anglais.

En un sens, la « Google bubble » a du bon car elle apporte une rapidité et un confort indéniables. Mais d’un autre côté, elle charrie un nombre important d’inconvénients qui peuvent à terme retomber sur l’utilisateur. C’est la raison pour laquelle certains se tournent vers des moteurs de recherche comme DuckDuckGo, Qwant ou même Firefox. Un choix qui pourrait avoir plus de poids qu’il n’y paraît à première vue.

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